Sommet européen, victoire partielle aux points pour Angela Merkel


Le bilan du sommet de Bruxelles est plutôt positif pour la chancelière alors que les critiques à l'égard de l'accord de Deauville avec Nicolas Sarkozy avaient été sévères (voir la revue de presse du 19 octobre). Les Allemands sont-ils donc encore une fois les dindons de la farce...
qui doivent toujours payer pour l'Europe, s'interroge le Frankfurter Algemeine Zeitung. A première vue le résultat du sommet de Bruxelles peut le laisser penser. Un parachute de secours pour l'euro a bien été mis sur les rails, mais la chancelière n'a pas réussi à faire passer sa demande de retirer le droit des votes des pays membres de la zone euro qui ne s'attaquent pas avec assez d'énergie à la réduction de leur déficit et ne respectent pas durablement les critères du pacte de stabilité.
La réalité est plus compliquée. Lorsque la crise de l'euro a éclaté personne ne voulait entendre parler de réforme, de changement des règles du jeu. Angela Merkel a su venir à bout de ces résistances afin que de nouvelles garanties, des sanctions plus dures soient adoptées pour protéger l'euro. Un nouveau « corset politico-financier » qui fera souffrir certains. Que vaut ce compromis et quel en seront les coûts pour chacun, on saura ça dans quelques années. Il faut reconnaître que les solutions qui ont la préférence des Allemands, le refus de tout aide aux pays déficitaires, voire la sortie de la zone euro n'ont même pas été évoquées. Cela signifierait sans doute la fin de l'Union. Or quel qu'en soit le prix, l'avantage qu'en tire l'Allemagne aujourd'hui est supérieur aux inconvénients qu'elle doit assumer.
Merkel cultive une illusion. Une compensation financière entre les pays de l'Union menace en fait l'Allemagne , estime die Welt. L'UE balance désormais entre le pacte de stabilité et une Union de transferts financiers.
En fin de compte c'est le président français, Nicolas Sarkozy, qui peut se frotter les mains. L'Union européenne va constituer un fond de stabilité permanent, « pour nos amis grecs et irlandais » Et le premier contributeur sera l'Allemagne. Une perspective rejetée jusqu'ici par la chancelière, qui assurait au début de l'année que le sauvetage dramatique de la Grèce resterait l'exception. Mais elle a changé de position.
Bien que la réalité démontre l'inverse, le gouvernement tente à nouveau de maintenir l'illusion selon laquelle il serait possible de contraindre la zone euro à intégrer la culture de la stabilité allemande, sans que l'Allemagne et les principaux donateurs soient contraints de soutenir les pays les plus faibles plus que de coutume. Les critiques en cours à Paris sur l'Allemagne qui exporte trop et ne consomme pas assez donnent la tonalité. A l'avenir ce sont les pays les plus compétitifs qui sont menacés de contribuer pour ceux qui ne le sont pas.
Angela Merkel a imposé ses vues pour la troisième fois cette année à l'UE estime Spiegel on line. Les autres chefs de gouvernement ont du accepter ses exigences de modification du traité de Lisbonne. Mais la chancelière n'a encore rien gagné en réalité, nombre d'intrigues peuvent encore faire échouer ses plans.
Le président français Nicolas Sarkozy faisait grise mine pendant le sommet poursuit l'hebdomadaire. Il était dans l'ombre des Allemands, rabaissé au rang de promoteur de leur plan. Il s'en est tenu cependant visiblement aux engagement pris avec Merkel la semaine dernière à Deauville, plaidant auprès de ses collègues pour la mise en place d'un mécanisme durable de prévention des crises pour l'Eurozone.
Victoire d'étape pour la chancelière estime Focus. Le sommet de l'UE s'est conclu par un renforcement du pacte de stabilité et par des modifications restreintes du traité de Lisbonne. Un mécanisme de crise devrait voir le jour en 2013 lorsque le parachute de sauvegarde de l'euro mis en place lors de la crise grecque sera arrivé à son terme. Mais la décision ne sera prise, contrairement aux demandes de Merkel, qu'en décembre.
La participation des créditeurs privés aux futur fond de sauvetage sera examinée également au prochain sommet. «On peut dire que l'euro sort renforcé, assure la chancelière ». « Le pacte de stabilité a de nouvelles canines de plus estime le ministre président luxembourgeois Jean-Claude Juncker. » Les sanctions contre les pays déficitaires seront quasi automatiques.
Combattre et gagner avec Sarkozy, c'est en quelque sorte la leçon qu'il faut tirer de ce sommet pour le Frankfurter Rundschau.
La chancelière parle d'un « saut quantique » pour la stabilité de l'euro. L'accord de Deauville avec le président français n'a-t-il pas déclenché quelques rebuffades ? Il a surpris nombre de partenaires. Les mises en garde de Juncker, le président luxembourgeois doivent être prises en compte, même s'il reconnaît aussi que l'initiative franco-allemande a été positive. Le communiqué final traduit le sentiment des 25 pays membres. La mise en place d'un mécanisme de protection de l'euro est devenue un objectif commun.
Il n'en va pas de même du second point de l'accord franco-allemand, le retrait des droits de votes des pays qui ne respectent pas ouvertement les critères du pacte de stabilité, qui a été écarté avec acharnement. Papandreou le premier ministre grec a souligné qu'il ne « voulait pas être traité en citoyen de seconde classe ».
Merkel maintient sa revendication, mais pour Junker il n'en est déjà plus question.


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