Revue de la presse allemande

Elle marquait pour les Verts la fin de la coalition obligée avec le SPD, et pour la CDU d'Angela Merkel un ancrage renforcé au centre, au dépend des conservateurs. Les nouveaux partenaires ont perdu depuis toute envie de la maintenir en vie, et la direction des Verts a pris l'initiative d'annoncer sa fin. « Ole von Beust préfère gagner aujourd'hui de l'argent dans le business que des félicitations pour sa manière de faire de la politique. Son successeur Christoph Althaus n'est favorable à l'alliance avec les Verts que du bout des lèvres. L'échec de la réforme scolaire initiée par les Verts, face à la résistance des électeurs a ôté ses derniers charmes pour les écologistes à leur alliance avec la CDU, » à Hambourg.
Puis la chancelière a claqué la porte au nez des Verts à Berlin en mettant fin à la « sortie de l'atome ». Le parti démocrate-chrétien retrouve ses marques dans l'affrontement droite gauche et la logique des camps. Le SPD est quant à lui empêtré dans ses contradictions. Sa direction condamne les thèses de Sarrazin, l'auteur du livre « l'Allemagne se liquide elle même », doit garder cependant la porte ouverte à ceux qui se reconnaissent dans son « scepticisme » quant à l'intégration des musulmans.
Les ténors de la CDU, Kristina Köhler, la ministre de la famille d'Angela Merkel, et Volker Bouvier, successeur de Roland Koch à la tête du Land de Hesse, affichent au contraire leur défiance à l'égard du « multi-culturel », ou de l'intégration de jeunes musulmans, dont la religion conforte la violence -alors que la ministre ne peut même pas appuyer ses affirmations sur les études réalisées pour son ministère.
« Dans ce panorama, une alliance des Verts avec la CDU est aussi vraisemblable que l'engagement de Berlusconi dans l'armée du salut. »
2008 semblait avoir ouvert une nouvelle époque de la politique allemande avec le « modèle de Hambourg », l'alliance entre le conservatisme et l'alternatif, dissolvait les vieilles frontières des coalitions des deux camps CDU/FDP et SPD/Verts, note le Berliner Zeitung.
« Aujourd'hui la CDU et les Verts sont les deux adversaires principaux de la politique fédérale, Angela Merkel cataloguait au récent congrès de la CDU l'alliance entre les deux partis de « fantasme ». Toutes les belles théories sur l'alliance noire-verte ou l'alliance Jamaïca en référence aux couleurs respectives de la CDU, des Verts et du FDP sont à l'eau. »
Les deux partis sont ils bien inspirés de rompre ainsi? Les électeurs sont pragmatiques aujourd'hui et ne se sentent pas attachés particulièrement à un vote, un parti. Vouloir reconstruire les barrières entre les deux camps ne permettra ni au SPD, ni à la CDU de refaire leurs forces, les sondages le démontrent. Et l'envolée des Verts pourrait bientôt tourner cours s'ils excluent toute nouvelle alliance avec la CDU. Angela Merkel et Renate Künast devraient se pencher sur les succès commerciaux des produits du cloître depuis vingt ans , l'elixir de vie Végétal par exemple, qui allie le respect de la nature avec le souci de réaffirmer les valeurs chrétiennes. Une gorgée apaise la peine et rend plus attentif aux voeux des concitoyens.
Une coalition noire-verte ne pouvait trouver meilleur terrain d'entente qu'à Hambourg, souligne le Tagesspiegel berlinois. C'était une coalition « à la Ole von Beust » qui était beaucoup plus proche des Verts que ne l'est son successeur Christoph Althaus. Mais même avec lui cela n'a pas vraiment fonctionné. Il lui manquait cette volonté de succès indispensable, comme le montre en particulier l'échec de la votation sur la réforme scolaire proposée par la coalition, qui se transforma en désastre.
Son départ a fini par convaincre les Verts que rester plus longtemps coalisés avec une démocratie chrétienne qui n'a plus le profil von Beust leur infligeait un peu plus de dégâts chaque jour.
 Angela Merkel mène d'abord l'offensive contre les Verts parce qu'elle constate comme le dit la Bible que les écologistes sont « chaire de la chaire » de la CDU. Il était temps de réagir, pour elle, avant que les Verts ne soient sur la voie du « parti populaire ». Merkel voit l'hégémonie de la CDU remise en cause au centre. Elle réagit sans égard.  Cela ne veut pas dire qu'en terme de politique de pouvoir toute coalition avec eux est exclue par la suite. Mais la question ne se posera que si la CDU gagne d'abord. Le climat politique sera chaud au printemps prochain -des élections auront lieu dans plusieurs Länder, dont le Bad Würtemberg- et pas seulement à Hambourg ou devront être convoquées des élections anticipées.
La CDU et les Verts n'avaient pas tant de choses en commun à Hambourg qu'ils l'affirmaient, et la politique de l'atome et le projet Stuttgart 21 sont deux thèmes qui suffisent à mettre fin à tout rêve noir-vert, souligne le Süddeutsche Zeitung. Dans le Bad Würtemberg, à Stuttgart, les pelleteuses et les canons à eau commandés par la CDU contre les manifestants ont glacé les relations avec les Verts, alors que tout semblait présager une alliance possible dans le Land. A Düsseldorf, en Rhénanie du nord, une telle perspective ne séduisait déjà plus les électeurs, lors des élections qui se sont conclues par une majorité relative des écologistes et du SPD, soutenue par le parti la Gauche. On songeait à mettre une alliance CDU/Verts sur pied dans le Schleswig-Holstein, mais tout le monde s'accorde sur place pour constater maintenant qu'il est déjà trop tard.
La magie noir-vert n'était qu'une illusion. Le chic écolo poussait l'épouse de l'entrepreneur de Winterhude à cocher la case "verts" sur le bulletin de vote. La politique d'une métropole conduite entre adultes ayant dépassé les conflits idéologiques obligeait à la conciliation permanente, ne débouchant finalement pratiquement sur rien. Cela finit toujours par épuiser les partenaires.