Stuttgart 21, échec et promesses d'une médiation
mercredi 1 décembre 2010 à 16:47 - permalien #761
En attendant, les affrontements entre partisans et adversaires et les manifestations dans les rues de la capitale du Bad Würtemberg vont se poursuivre. Le contre-projet des adversaires de Stuttgart 21, l'amélioration de la gare en surface reste pour eux la solution d'avenir. La médiation de Geißler arrivait trop tard. Elle est néanmoins positive. « Un tel échange n'avait encore jamais eu lieu dans la politique allemande. La force et le sérieux des arguments échangés, la rhétorique brillante, allaient de pair avec le respect des contradicteurs ».
Si les politiques veulent en tirer les leçons, la participation à l'avenir des citoyens aux décisions de cette importance doit être re-définie. La médiation entre partisans et adversaires du projet, et les échanges et confrontations sur les plans techniques, et financiers, auraient dû avoir lieu d'entrée de jeu. Les coûts respectifs des deux projets, gare souterraine ou gare en surface aménagée auraient dû être évalués au départ et la possibilité d'intervention des habitants touchés par l'aménagement urbain qui bouleversera les environs être garantie. La compagnie des chemins de fer, la municipalité et la région ont au contraire réglé tout cela derrière entre eux, à huit-clos.
Le médiateur Geißler n'a rien apporté de très neuf, estime le Tageszeitung. Les améliorations qu'il propose auront pour effet d'augmenter encore le coût du projet déjà dénoncé par ses adversaires. La confrontation va se poursuivre jusqu'aux élections du Land, le 27 mars prochain .
Mais la médiation a déjà démontré la maturité des habitants de Stuttgart, la sagacité des questions posées et des arguments avancés, a prouvé qu'ils ne sont pas seulement capables de protester dans la rue. La leçon du conflit de Stuttgart, devra être tirée. « Les citoyens doivent être associés de beaucoup plus près aux décisions qui les concernent. Qu'il s'agisse de l'aménagement de la ville ou d'autres choix économiques et budgétaires ». Ce qui est déjà appliqué dans d'autres pays comme ce fut le cas de l'aménagement de Porto Alegre au cours de ces 20 dernières années -dans une ville deux fois plus importante que Stuttgart-, ne doit plus être ignoré en Allemagne.
Personne, même Geißler, « ne peut rattraper en neuf séances de médiation et une centaine d'heures, les erreurs accumulées pendant vingt ans, souligne le Süddeutsche Zeitung. » Mais cette expérience devrait révolutionner la planification des grands projets d'avenir. On ne peut dire si le projet Stuttgart 21 sera un succès, mais la médiation est une contribution de taille à la démocratie politique. Elle a ramené les adversaires en guerre a échanger leurs arguments, fixant l'attention des citoyens avec une intensité telle que certains ont passé des heures devant leur télé pour la première fois, afin de suivre les débats.
« La démocratie peut être passionnante. Les politiques devront désormais s'adresser autrement à leurs concitoyens. La démocratie signifie qu'on les écoute et qu'on leur prête attention, même quant il n'y a pas d'élections en vue. La démocratie est plus qu'une caisse -que l'on appelle « urne », comme dans un cimetière- dans laquelle les électeurs déposent leur bulletin de vote de temps en temps. »
Merkel a choisi de prendre parti pour Stuttgart 21 -alors qu'elle n'y était pas contrainte- pour « prendre une assurance sur l'avenir », estime quant à lui le Frankfurter Rundschau. La CDU du Bad-Würtemberg ne pourra pas lui reprocher son manque de soutien, si elle perd les élections du Land l'an prochain. C'est une des plus importantes région de la démocratie chrétienne qui ne lui fera donc pas défaut dans d'éventuelles tentatives de « renversement » au sein de la CDU. L'année prochaine sera pleine d'embûches pour la chancelière en effet, avec six élections régionales risquées qui risquent de se traduire par des défaites et d'ébranler son pouvoir. Sa prise de position surprenante en septembre pour le projet de gare souterraine était par ailleurs un signal donnant le nouveau ton de la chancelière, et consacrant les Verts comme son premier adversaire politique.
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