Berlin, la police évacue le squat "Liebig 14" |
jeudi 3 février 2011 à 19:10 - permalien #800
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L’évacuation par la police casquée, scies et haches à la main, du squat "Liebig 14" dans lequel les occupants s’étaient barricadés, fait la une des quotidiens berlinois. C’est du «Protestfolklore», raille l’éditorialiste du Berliner Morgenpost, Hajo Schumacher. Un retour à la préhistoire des maisons occupées.
Que la violence institutionnelle joue le jeu avec pathos et le plus de trivialité possible, n’arrange rien.
Il faut accorder une pensée aux policiers qui se sont sans doute demandés sous leur casque si un tel étalage avait lieu d’être pour briser la résistance de quelques jeunes égomaniaques. Alors que quelques caisses de bières auraient suffit et coûté beaucoup moins cher.
Ils se réclament d'un combat de société, et il est vrai que les hausses de loyer et la « Gentrifizierung », la conquête des quartiers populaires par les revenus aisés, est un problème à Berlin. Mais «Liebig 14 » n’était en rien une réponse à la hauteur. « C’est simplement un club des touristes de l’aventure qui voulait jouer hors saison, les affrontements traditionnels du 1er mai berlinois. » Les progrès démocratiques reposent toujours au contraire sur le renoncement à la violence, le compromis et le sérieux des objectifs et arguments.
« Combats au Caire », « 2500 policiers évacuent une maison occupée à Berlin », les deux titres se côtoient en une du Tageszeitung. 2500 policiers pour 25 occupants. L'état contre le chaos. Les activistes de gauche s'imaginent force de résistance. Les fanatiques de la sécurité s'enflamment contre la subversion et les promoteurs immobiliers jouent les victimes.
L'évacuation a un autre sens pour tous ceux qui ne sont pas propriétaires de leurs appartements au centre ville. Elle démontre que même une contrat de location -comme les locataires de Liebig 14 en avait un- ne protège personne quand les prix ne cessent de croître.
« Il y a vingt ans, après la chute du mur, nombre de jeunes ont occupé les maisons vides à l'est de Berlin afin d'expérimenter de nouvelles formes d'habitat. La police vient de faire place nette. Sans qu'il y ait place pour quelque projet alternatif, sortant des sentiers battus. »
Nombre de maires berlinois sont tombés pour des questions immobilières, qu'il s'agisse de scandales ou d'évacuations, rappelle le Tagesspiegel. Mais le maire actuel Klaus Wovereit (SPD) et ses alliés du parti die Linke ont les épaules larges. « Le ministre de l'intérieur social-démocrate n'a rien à envier à un ministre démocrate chrétien de la CDU, tandis que die Linke s'efforce d'être dans les bonnes grâces des squatters et de leurs sympathisants. » Les Verts quant à eux regrettent l'évacuation et la mise en cause d'une « diversité culturelle décisive pour la vie des quartiers ». Ils n'en considèrent pas moins que l'intervention policière a été « légale » et « politiquement transparente ». Ils ont changé. Il y a vingt ans le parti écologiste avait mis fin à la coalition avec les sociaux démocrates qui gouvernait Berlin, à la suite de l'évacuation par la police des squatters de la Mainzer straße, sans leur accord.
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