Le nouveau pacte d'Angela Merkel au feu de la critique
dimanche 6 février 2011 à 19:14 - permalien #802
Angela Merkel veut rendre l'Europe un peu plus allemande estime die Welt. En douze mois les pays de l'Union devront adopter des freins à la dette à l'allemande, uniformiser l'âge de la retraite, et l'impôt sur les sociétés. Ce qui était parfaitement inimaginable jusqu'ici.
L'objectif est clair, il ne s'agit pas d'un gouvernement mais d'une politique économique commune qui n'accorde plus aux institutions européennes la commission et le parlement qu'un rôle secondaire. Ce seront les chefs d'état qui décideront.
« Mais l'enthousiasme est mince en dehors de l'Allemagne pour les propositions de Merkel. Nombre de pays ne sont pas prêts à copier le modèle économique allemand. Les pays qui dégagent un surplus permanent dans leur bilan du commerce extérieur doivent aussi corriger leurs erreurs, souligne un diplomate européen. » Le plan Merkel enfin n'est qu'un des revers de la médaille. L'autre est beaucoup moins rose pour les Allemands. Il s'agit d'augmenter et de rendre permanent le fonds de stabilité de l'euro. Une perspective à laquelle s'opposent les alliés libéraux de la chancelière, qui revendiquent la pérennité de la maîtrise par l'état national de son budget et de son endettement.
Il y a encore quelques semaines, on déclenchait les rires en assurant qu'il fallait « un gouvernement économique de la zone euro, note le Tagesspiegel. Ou bien on était soumis au feu des critiques, comme le fut Wolfgang Schäuble, qui défendant cette perspective. » Helmut Schmidt et Helmut Kohl qui considéraient le couple franco-allemand comme le moteur de l'Europe peuvent se réjouir, la chancelière reprend leur héritage.
Le pacte de compétitivité proposé par Paris et Berlin, est un pas en avant, un plan audacieux et il donne une vision à l'Europe. La résistance prévisible au sein de l'Union s'effacera, ou bien Paris et Berlin l'appliqueront à leur seul profit. l'Europe aura le choix. La globalisation rend indispensable l'évolution des institutions gouvernementales.
Si l'Europe ne veut pas la subir, mais la maîtriser elle doit coordonner ses forces. Il n'y a pas d'avenir national. Son attitude pendant la crise de l'Euro a valu à Angela Merkel le surnom de « madame non », elle devra maintenant faire la preuve de la sincérité de sa nouvelle proposition le gouvernement économique de l'Union , souligne le Financial Times Deutschland . C'est une bonne chose que les pays de la zone euro coordonnent mieux à l'avenir leur politique budgétaire, fiscale, salariale. Cela permettra de réduire les inégalités entre eux.
Les objectifs proposés sont par ailleurs ceux ou l'Allemagne est la plus forte, ce qui permettra à la chancelière de faire passer sa politique au sein de sa coalition, et d'amadouer ses électeurs, hostiles à de nouvelles aides financières au pays en difficulté de la zone euro. Qu'elle arrive à faire admettre son plan par les 17 pays de la zone euro est plus douteux.
Il lui faudrait une énergie dont elle n'a pas fait preuve jusqu'ici, en ce qui concerne la création de la taxe sur les transactions financières par exemple. Elle devra également admettre que dans les domaines ou l'Allemagne est au dessous de la moyenne, la formation par exemple, c'est elle qui devra s'inspirer de l'exemple des pays qui font référence. Elle devra enfin savoir convaincre ses compatriotes quand les effets d'annonce seront remplacés par des mesures concrètes, douloureuses pour tous. Faute de quoi sa nouvelle politique restera de l'ordre du symbole.
Le nouveau pacte de compétitivité est un pacte de la déraison pour le Frankurter Rundschau. « L'Europe n'a pas besoin d'être plus allemande, elle a besoin de plus de travail commun et collectif. Les travers du modèle allemand ne s'effacent pas parce que l'Allemagne se réjouit de sa croissance retrouvée, et s'émerveille de la situation de l'emploi.
Ce modèle basé sur les bénéfices permanents du commerce extérieur n'est pas un modèle de développement durable, exportable. Il fonctionne sur l'égoïsme national qui submerge les pays voisins de ses produits et exporte son chômage intérieur.
Ce ne sont pas les succès de l'industrie allemande sur le marché mondial qui sont en cause, mais sa façon de vivre au dépend des autres. » Ce qui peut marcher pour un pays, ne pourrait que conduire à l'échec et au désastre si tous les autres l'imitent. La commission européenne a clairement analysé ce problème et propose des solutions pour le résoudre. Merkel et son ministre de l'industrie, le libéral Brüderle, les ont rejeté brutalement. Sa volonté de sortir la politique économique des frontières nationales est juste, mais cela ne peut pas se faire contre les voeux des partenaires de l'Union.
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