Le drame du Drachme | Garmisch-Partenkirchen, don Camillo et Peppone | L'Allemagne se recompte
lundi 9 mai 2011 à 15:36 - permalien #875
Le sommet de sauvetage de l'euro dans un château luxembourgeois était tellement secret qu'aucun démenti d'Athènes ou de Bruxelles n'a pu en dissimuler la "force explosive" au moment ou les rumeurs se répandaient d'une sortie éventuelle de la Grèce de l'euro, commente le Frankfurter Allgemeine Zeitung . Les principaux pays de l'Union, la banque centrale européenne et la commission ont prié Athènes de tenir ses engagements sur la gestion de son budget et sa politique de réformes, faute de quoi la prochaine tranche de crédits de L'union et du FMI serait remise en question.
Mais  "un ministre des finances grec n'a pas besoin de brandir la menace de sortie de la zone euro face à de tels avertissements qui sonnent creux. De nouveaux crédits seront attribués pour couvrir les vieilles dettes, puisque les pays de l'Union rejettent aussi bien la ré-négociation de la dette grecque, que la sortie de la Grèce de l'euro" -ce qui veut dire que la Grèce ne devra pas faire faillite même si elle n'a plus les moyens de payer.
« Les spéculations sur la sortie d'Athènes de l'euro ont percées dans un médium allemand au mauvais moment, sur la base de scénarios du ministère des finances » -il s'agit du Spiegel que le Frankfurter Allgemeine évoque ici sans le nommer. "La banque centrale européenne a déjà décider d'alléger le paiement de la dette avec des taux réduits et un étalement de ses échéances -pourquoi cette même politique ne peut elle pas s'appliquer aux créditeurs privés également cela reste un secret de la BCE". Quant le FMI adoptera la même politique, on reconnaitra officiellement que la Grèce n'est pas sortie du gouffre.
*La consultation populaire qui vient de se dérouler dimanche à Garmisch Partenkirchen pour l'organisation des jeux Olympiques d'hiver de 2018 rappelle « Don Camillo et Peppone », pour le Berliner Zeitung. Garmisch et Partenkirchen fusionnèrent en 1935 à la demande des nationaux-socialistes pour répondre à la propagande d'Hitler en faveur des JO d'hiver. La station proche de Münich pourrait être choisie le 6 juillet par le comité olympique international, mais un groupe de vaillants opposants estime que le fardeau est trop lourd pour la petite vallée et avait obtenu l'organisation d'un référendum populaire sur la question. Le résultat a souligné combien les 26000 habitants de la station sont divisés, pratiquement à égalité, entre les modernistes et ceux qui craignent -non sans raison- la vente de leur terre natale et un héritage olympique de dettes et de forêts détruites. »
58% des 59,46% d'électeurs votants se sont prononcés en faveur de l'organisation des JO, et 50,59% seulement pour la poursuite de la campagne de candidature. Le vote n'avait que valeur indicative. « Mais une victoire si maigre en faveur des jeux a des allures de faillite pour le comité olympique qui a besoin d'un fort assentiment de la population de la région. Tandis qu'Annecy en France fait seulement figure d'outsider, Pyeongchang en Corée du sud, la ville favorite, se réjouit de la révolte des bavarois. »
*Le premier recensement depuis 1987 débute aujourd'hui. 8 millions d'Allemands, 10% de la population, ont été sélectionnés par l'office des statistiques sur la base d'un procédé mathématique. Ils devront répondre aux questions de 80000 recenseurs -payés 7,5 euros le questionnaire rempli. Les réponses sont obligatoires (amende minimum 250 euros pour les réfractaires). Les 17,5 millions de  propriétaires d'appartements ou maisons quant à eux, recevront directement des questionnaires.11000 personnes ont déposé recours contre le recensement auprès du tribunal constitutionnel...mais il n'y a pas de vague de contestation comme ce fut le cas pour le recensement de 1987. Pour les protestataires le contenu du questionnaire -qui va de la présence de douche et toilette dans le lieu de domicile, à la religion, le pays d'origine des parents, les raisons pour lesquelles vous ne travaillez pas- relève des données privées. Le recensement répond à une consigne européenne et s'appuiera sur les données statistiques des registres d'habitation des communes, de l'agence de l'emploi et des employeurs publics. Premier résultats fin 2012, les chiffres de la population sont aujourd'hui surévalués estiment les spécialistes.
« Mais pourquoi l'état doit-il savoir si j'ai une douche dans mon appartement, s'insurge Juli Zeh, écrivain et juriste qui donne la réplique dans le Tageszeitung à Gert C.Wagner chef de la commission de recensement. Elle s'inquiète notamment de ce que le questionnaire comprenne des questions telles que : « avez vous travaillé au moins une heure rémunérée cette semaine, et si ce n'est pas le cas pourquoi ? On vous demande également quelle est votre religion et quel est le pays d'origine de vos parents.
Gert C.Wagner aurait bien évité lui aussi la question sur la religion, simplement parce qu'il « était évident qu'elle déclencherait une controverse ». Il estime par contre que les données sur les familles originaires de l'immigration permettront enfin de « débattre rationnellement » de ces questions. Son interlocutrice est pessimiste au contraire au vu du débat qui agite l'Allemagne depuis la parution du livre de Thilo Sarrazin. Elle craint également que les données du recensement ne courent le risque d'être volées ou perdues. « Les données les plus sûres sont celles qui ne sont pas relevées, insiste-t-elle. Il s'agit pour elle d'une question fondamentale ».
« Évidemment en Allemagne tout relève toujours de questions de principes, riposte le chef de la commission de recensement. » « Je ne vois pas pourquoi il serait erroné d'être fidèle à ses principes, conclu Juli Zeh », qui aurait appelé au boycott du recensement, si elle avait eu un peu plus « d'énergie révolutionnaire ».
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