Kachelman, un procès pour viol transformé en tribunal des moeurs
mercredi 1 juin 2011 à 15:54 - permalien #898
La quotidien souligne l'ambiance bizarre qui régnait au tribunal, lors de jugement. Les curieux, journalistes et photographes se pressant devant le bâtiment dés cinq heures du matin. L'assistance applaudissant à tout rompre la libération de Kachelmann, comme jamais. Nombre de femmes en corsages colorés, criant victoire, se tombant dans les bras, et se retrouvant ensuite au foyer autour d'un verre de Sekt pour arroser la sentence, tandis que le défenseur de Kachelmann vitupérait contre les juges, et que les deux journalistes spécialistes de la justice des hebdomadaires die Zeit et der Spiegel, deux femmes, exposaient leur point de vue à la nation devant les caméras de télévision.
Pour Kachelmann c'est en fait un « acquittement de seconde classe », souligne le Frankfurter Rundschau, il ne signifie pas que le tribunal est convaincu que les accusations de la plaignante sont fausses, mais les doutes des juges ne leur permettent pas non plus de les déclarer fondées.
Les organisations de défense contre le viol critiquent le jugement. « Nombre de victimes pourront être dissuadées de porter plainte, souligne le porte parole de « Weißen Rings », dans le Frankfurter Rundschau. « Il n'existe aucun signe évident, indiquant à la société que le viol n'est toléré en aucune façon et Le procès Kachelmann renforce encore ce sentiment, estime « Femmes en détresse » de Francfort ». Le spécialiste de la météo « a menti et a trahi sa compagne ». Il lui faisait croire comme aux autres relations féminines qu'il entretenait en parallèle, qu'elle était la seule » et abusait ainsi de sa naïveté.
Kachelmann n'en est pas moins « libre ». « Le code pénal ne comporte pas de peines pour de tels actes de manipulations et de violence. »
« Mais surtout c'est toute une nation qui siégeait au tribunal de la vie amoureuse d'un homme. Les médias ont pris parti -avec leurs propres enquêtes, témoins, plaidoyers pour ou contre l'accusé. L'opinion a pu se sentir abusée par Kachelmann.
L'image de celui qui passait pour le gendre modèle, s'est dissoute au fil de l'exposé des détails de la vie sexuelle de Kachelmann, souligne le quotidien de Francfort, libéral de gauche (lire sur mon BerlinBlog).
« En prenant la plume dans le Bild-Zeitung, Alice Schwarzer, féministe, directrice de la revue Emma, a donné le pire exemple de la transformation du procès en tribunal des moeurs. Partant de l'accusation de viol elle voulait faire condamner le machisme de Kachelmann, dévoilant l'esprit petit-bourgeois sous la robe féministe. Comment l'accusé a traité ses compagnes peut sembler antipathique, méprisable, repoussant mais cela n'est pas du ressort de la journaliste ou du juridique. Ceux qui doutent de l'innocence de Kachelmann, doivent d'ailleurs saluer son acquittement faute de preuve.»
Sabine Rückert, reporter de « die Zeit », spécialiste de la justice, défendait au contraire Kachelmann comme l'un de ses meilleurs avocats, dans les colonnes de l'hebdomadaire. « Elle conseillera même à la défense de s'entourer de défenseurs plus professionnels, rappelle le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Jusqu'à ce que l'avocat Johan Schwenn prenne en main la défense de Kachelmann. Sabine Rückert a justement mis à jour une erreur judiciaire avec Schwenn en 2002, reposant sur de fausses accusations de viol, et écrit un livre à ce propos : »injustice au nom du peuple ».
Schwenn s'attaquera lui aux médias « adverses », de « Bunte » à « Focus » qui publiaient les interviews d'ex-compagnes de Kachelmann, témoins de l'accusation, moyennant des cachets allant de 5000 à 50 000 euros. Il voulait faire perquisitionner les rédactions des deux hebdomadaires et faire interroger Schwarzer en tant que témoin par le tribunal.
Gisela Friedrichsen, reporter de l'hebdomadaire "der Spiegel", spécialiste de la justice, accusera de son côté Alice Schwarzer de ne rien connaître des procès sur lesquels elle se prononce et d'avoir malgré tout une opinion tranchée à chaque fois. Celle-ci commentera aussitôt le jugement du tribunal en visant Jörg Kachelmann en ces termes : « ce n'est pas un acquittement dont il a lieu d'être fier. Le juge a souligné que les soupçons demeurent. »
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