La sortie de l'atome rapproche les Verts de la CDU | Merkel cède à Paris ou fait semblant seulement?
samedi 18 juin 2011 à 18:39 - permalien #913
Mieux, la voie vers un gouvernement noir-vert est ouverte, commente le quotidien berlinois dans son édition papier, mais elle pourrait finir en impasse pour les deux partis. « A première vue tout semble plaider pour une telle alliance. Ce serait un peu les retrouvailles de la famille, de Kiesinger et Dutschke, le dernier chapitre d'un roman familial, après la fracture de 1968 ». Noir-vert serait le dernier pas de la re-socialisation des anciens alternatifs estiment certains responsables de la démocratie-chrétienne.
Les Verts eux se conçoivent comme les agents de la rupture de l'Union chrétienne avec le racisme latent, la discrimination des minorités, la famille patriarcale, le vieux nationalisme allemand... »Dans nombre de grandes villes, les verts pragmatiques et les chrétiens libéraux fréquentent les même milieux et envoient leurs enfants dans les même écoles ».
Mais les gros obstacles à une alliance se trouvent dans les programmes sociaux des deux partis, dans le domaine de la santé, des impôts. Les Verts veulent une sécurité sociale citoyenne, une imposition conséquente des revenus les plus élevés, la fin des avantages fiscaux réservés aux couples mariés. Les démocrates chrétiens à peu près le contraire.
« Les « noirs » suivent la logique « de droite » selon laquelle l'effort doit être rémunéré, tandis que les verts, dans leur image au moins, sont attachés à une image de justice sociale « de gauche ». » La CDU alliée aux Verts à Hambourg a subi de lourdes pertes parmi ses électeurs en faisant des concessions aux Verts. Elle est plus fragile qu'elle ne le paraît.
Merkel a modernisé le parti en le mettant en phase avec les mentalités d'aujourd'hui, en même temps l'érosion de la CDU se poursuit et ses pertes s'accumulent dans ses bastions, catholiques et conservateurs. Un déclin structurel qui ressemble à celui du SPD. Un gouvernement noir-vert pratiquerait sans doute une politique de modernisation industrielle écologique. Mais la CDU serait ferme sur la politique fiscale, la santé, la sécurité intérieur, la politique migratoire, le refus d'entrée de la Turquie dans l'Union...
Alors que les Verts ne peuvent pas se permettre de brader ainsi leur image, avec l'Union chrétienne en plus. Une alliance noir-vert au pouvoir à Berlin est donc possible, mais ce serait une coalition perpétuellement sous tension.
*« Merkel a cédé à Paris ». Sarkozy a imposé son point de vue à Berlin sur l'aide à la Grèce, les banques seront épargnées, commente le Frankfurter Rundschau. La chancelière va de nouveau faire face à la grogne au sein de ses propres rangs. L'Allemagne a flanché de nouveau devant la France estime le Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'aide à la Grèce sera adopté bien que les créditeurs privés ne soient appelés à contribuer que sur la base du volontariat.
On ne compte plus le nombre de décisions énergiques que Merkel a successivement abandonnées. Les lignes directrices du « nouveau plan d'aide à la Grèce » pourraient être adoptées dés les prochaines semaines, souligne le Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition papier), mais le gouvernement Papandréou sera-t-il encore debout. Paris et Berlin se sont rapprochés à la vitesse d'un éclair, tout le problème est de savoir combien de temps cela durera encore lorsque l'on abordera les questions précises, une à une.
Angela Merkel doit conduire l'Europe mais il faut que personne ne le remarque, même pas Sarkozy, explique le Tagesspiegel. Plus l'aide accordée aux pays de la zone euro comme la Grèce est élevée plus les Allemands, les premiers contributeurs, grognent. Et plus le gouvernement doit donc donner l'impression que les contribuables ne sont pas plus appelés à contribuer que les banquiers.
L'économie allemande est au mieux, le chômage très réduit, l'Allemagne n'a jamais été si forte en Europe, les USA souhaiteraient qu'elle la dirige, mais le gouvernement ne peut pas se le permettre. Les réactions à l'épidémie de la bactérie Ehec montre à quelle vitesse le sentiment anti-allemand peut renaître.
Et avec Sarkozy, la chancelière n'a pas un partenaire idéal dans le couple franco- allemand, à l'inverse de ses prédécesseurs. Elle doit donc diriger sans qu'on s'en aperçoive. La participation des banquiers au plan d'aide à la Grèce était l'essentiel, se casser la tête sur le fait qu'elle soit volontaire ou non aurait été du luxe.
Voilà pourquoi Sarkozy et Merkel se sont finalement entendus.
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