Les Eurobonds à la une
lundi 15 août 2011 à 15:29 - permalien #952
Mais l'argument massue est « vrai et faux à la fois ».
« l'Europe est une union de transfert depuis des décennies. Le gouvernement allemand lui verse chaque année des milliards qui servent aussi à financer des autoroutes en Espagne et à soutenir les paysans grecs, réplique l'hebdomadaire. » La solidarité est un principe de base de l'Union européenne.
Vu l'acuité de la crise aujourd'hui, l'heure n'est plus aux tergiversations. L'éclatement de la zone euro, ferait exploser une bonne part du système financier international. L'Allemagne pourrait toujours se parer du titre de « grande Suisse », mais un nouveau D-mark considérablement réévalué pourrait mettre en cause dans le pire des cas des millions d'emplois. « Ceux qui soulignent le coût élevé des Eurobonds feraient donc bien d'y songer. »
Si les turbulences des marchés financiers mettent l'Italie et l'Espagne dans l'embarras, le "fond de stabilisation de l'euro" renforcé, défini au dernier sommet de l'Union (voir ma revue de presse du 22 juillet), et que doit encore ratifier le Bundestag, coûtera finalement plus cher à l'Allemagne que les euro-obligations et la hausse des taux d'intérêts des emprunts fédéraux sur les marchés.
Un argument qui est avancé également depuis des semaines par les Verts. Le parti écologiste -comme les sociaux démocrates- est favorable à la création d'euro-obligations pour stabiliser l'euro. Une proposition qui ne freine en rien ses succès dans les élections et son ascension dans les sondages d'ailleurs. Le SPD et les Verts distancent aujourd'hui de plus de 10 points la coalition gouvernementale. La chancelière, la CDU et ses alliés du parti libéral, adversaire acharnés des Eurobonds, accumulent débâcles après débâcles.
Le président du FDP, Philipp Rösler, estime ainsi qu'ils institueraient une charge des taux d'intérêts égale pour tous, ce qui « sanctionnerait les états dont les finances sont en bon ordre et nous ne pouvons donc pas y être favorables, ni pour l'Allemagne, ni pour les autres états méritants », rapporte die Welt. Le FDP voterait contre la création d'Eurobonds au Bundestag, même si la chancelière ou le groupe parlementaire démocrate-chrétien y étaient favorables. « Avec nous, pas d'euro-obligations, assène Frank Schäffler, expert financier du FDP au Bundestag. »
Une politique qui ne séduit visiblement pas ses électeurs, et n'empêchera pas le FDP de rater la barre des 5% minimum aux élections du 4 septembre dans le Land de Mecklembourg ou du 18 septembre à Berlin, selon les sondages.
A l'inverse, Anton Boerner, le président de l'association des exportateurs allemands (BGA) est l'un des premiers dirigeants de l'économie allemande a tirer la sonette d'alarme et à militer pour la création d'obligations communes à la zone euro, rapporte le quotidien économique Handelsblatt. Il est décisif selon lui de « montrer aux marchés que nous prenons toutes les mesures urgentes nécessaires et cela signifie : des Eurobonds avec la signature de l'Allemagne ». Boerner invite Merkel et Sarkozy à en préparer la création lors de leur rencontre ce mardi.
« Eux seuls peuvent y parvenir ». Sans ces "Eurobonds", que Berlin refuse jusqu'ici, la crise de la dette en Europe peut déboucher sur une dépression mondiale. »Les Eurobonds devraient être liés à de strictes conditions telles que l'introduction de "règles d'or" budgétaires dans les constitutions de tous les pays de la zone euro, selon lui. Ces emprunts communs devraient être lancés rapidement « sans limitation de volume ». Un langage qui devrait faire réfléchir Rösler, ministre de l'économie, d'autant que le président de l'association des exportateurs fait à priori parti de l'électorat potentiel du FDP.
Plus prudent que son collègue et allié, le ministre des finances Wolfgang schäuble, démocrate chrétien, a confié à l'hebdomadaire der Spiegel : « j'exclue les Eurobonds aussi longtemps que les états-membres de l'Union décident de leur propre politique financière, car nous avons besoin des différences de taux d'intérêts sur les marchés pour disposer des sanctions et incitations nécessaires afin de contraindre chacun à suivre une politique de stabilité financière. » Ce qui laisse une porte-ouverte aux euro-obligations
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