Jena, la lutte des anti-nazis | Renseignements, criminalité, tableau des autorités
vendredi 18 novembre 2011 à 18:24 - permalien #1034
Sa fille Katharina est aujourd'hui membre du groupe parlementaire die Linke au parlement du Land. La découverte des crimes du trio de Zwickau l'a choquée, mais elle n'est pas surprise et assure « avoir toujours pensé qu'ils étaient capables de tuer ». Elle avait voulu porter plainte avec son père contre l'un d'entre eux, Uwe.M. Les policiers leur ont dit qu'ils étaient également responsables de la violence.
Christophe Ellinghaus, syndicaliste, participe lui aussi depuis des années à la mobilisation contre les néos-nazis. Les gens ont été sensibilisés par notre action contre la violence de l'extrême droite, souligne-t-il. Jena est un symbole de ce qu'ignorer les nazis est sans isu . Ce n'est sans doute pas par hasard s'ils étaient partie se cacher à Zwickau et n'étaient pas restés à Jena». Les jeunes néos-nazis ont été chassés du centre ville et du club de jeunes et restent aujourd'hui dans leur quartier périphérique.
« Aussi terrible que soient les événements, ils offrent une chance de changement dans notre société, afin qu'il devienne clair que c'est l'extrémisme de droite qui est dangereux, et pas ceux qui le combattent ». Le pasteur König est accusé d'incitation à la violence.
Le manque de coopération des autorités chargées de l'ordre et de la sécurité a permis aux trois terroristes de Thuringe de rester pendant treize ans impunis, note le Berliner Zeitung, qui fait un tableau des différentes autorités concernées.
*L'office fédéral de la protection de la constitution, Bundesamt für Verfassungschutz, est chargé de l'observation des personnes, organisations extrémistes, qui menacent l'ordre public. Une notion extensive qui peut aller des députés du parti die Linke aux mosquées, en passant par l'extrême-gauche, les groupes radicaux autonomes et l'extrême droite. L'office emploie 2500 personnes chargées de recenser tous les renseignements possibles, des publications légales, de la presse à Internet.
Elles surveillent également toutes les personnes suspectes, et peuvent avec l'autorisation des autorités judiciaires perquisitionner leurs domiciles ou les placer sous écoute téléphonique. Il s'agit d'abord de recueillir des informations, non des indices pour entamer des poursuites. L'office entretient par ailleurs des relations étroites avec des « hommes de confiance « V-man » présents au sein des groupes et partis sous surveillance, et rémunérés grassement pour donner les informations qui intéressent les autorités.
C'est l'activité de ces V.man qui est mise en cause par nombre de critiques aujourd'hui. Leurs liens avec les services de renseignements peuvent en effet leur permettre de connaître les intentions des autorités. Et de protéger ainsi certains membres de leurs organisations. Le trio meurtrier pourrait avoir profité d'un tel appui lors de sa disparition et de son entrée dans la clandestinité. Depuis le 11 septembre l'office fédéral se concentre sur l'observation des islamistes.
*Les offices de protection de la constitution des 16 Länder sont indépendants du service fédéral, fédéralisme oblige. Ils sont pour moitié des organismes autonomes, pour moitié rattachés aux ministères de l'intérieur des Länder ou ils exercent leurs activités. Ils doivent normalement transmettre leurs informations les plus importantes aux services fédéraux. Ils sont censé également informer la police des délits des personnes ou organismes dont ils ont la surveillance, qui peuvent entraîner des poursuites.
*La police criminelle fédérale (BKA) qui siège à Wiesbaden centralise les activités des seize services criminels des Länder (LKA). Ses 3000 enquêteurs ont obtenu après une réforme contestée des compétences étendues dans la lutte contre le terrorisme . En ce qui concerne l'extrémisme de droite ou de gauche, par contre, le BKA ne peut intervenir qu'à partir du moment ou le parquet fédéral de Karlsruhe ouvre une enquête.
*Le procureur fédéral peut décider de se saisir de toute affaire en fonction de sa gravité et des menaces qu'elle implique pour la république fédérale. Ses services emploient 200 personnes dont une moitié de juriste.
Mais selon les cas la poursuite de l'enquête peut être confiée au BKA ou rester aux mains des autorités criminelles ou de toute autre autorité des Länder. En ce qui concerne les neufs crimes du trio meurtrier, les autorités des Länder concernées ont refusé de déléguer la responsabilité de l'enquête au BKA, jusqu'ici.
*Les services criminels des Länder enquêtent à la demande des autorités judiciaires dans le cadre du Land ou elles sont investies de l'autorité. Il s'agit la plupart du temps de criminalité organisée, de trafic de drogue ou de personnes.
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