Christian Wulff toujours | Sarkozy en retard d'un train | Les plaisirs du "smirting"


Au lendemain de son interview sur les deux chaines publiques de télévision ARD et ZDF, le président Christian Wulff fait toujours la une des quotidiens aujourd'hui. « Prend-il sérieusement la transparence au sérieux, titre le quotidien populaire berlinois BZ (édition papier) ». Il avait promis de faire toute la clarté dans son interview...et se retrouve à nouveau face aux critiques. Ses avocats publient sur le net les détails de son crédit contesté de 500000 euros, mais la polémique rebondit sur le contenu de son message téléphonique sur le répondeur du rédacteur en chef de Bild Zeitung, dont il refuse par contre la publication.
« Au fond nous le savions déjà depuis longtemps, le costume de président de la république est trop grand pour Christian Wulff, explique très crûment dans les colonnes du quotidien Norbert Bolz, professeur en communications. D'ou ses maladresses. Jusqu'à présent Wulff avait le statut d'une célébrité dans les médias, qu'il doit d'ailleurs « uniquement à la beauté de sa femme. On peut se demander ce qu'il deviendrait sans elle alors que son aura est nulle ».
Dans son interview il a tenté de se présenter comme la victime d'une campagne de presse, c'est exactement le contraire de ce qu'il aurait du faire. La tactique du salami qu'il utilise pour répondre par petit bout aux questions que posent les médias ne fait qu'entraîner de nouvelles questions. « En choisissant de s'adresser uniquement à deux journalistes des chaînes publiques au lieu de tenir une conférence de presse il s'est dressé l'ensemble des médias contre lui.
A-t-il réellement menacé ou pas la rédaction du Bild Zeitung, toute la question est là. En refusant la publication du message qu'il a laissé sur le répondeur de Kai Dieckmann, il a grillé sa dernière chance de restaurer sa crédibilité ». Il n'y a pas de doute, Wulff veut sauver son poste et souligne qu'il n'a rien fait d'illégal. « Il n'a pas compris combien la présidence de la république est une question de dignité dans laquelle la légalité seule ne donne pas la mesure. »
Commentaire très dur également à l'autre bout de la planète quotidienne, l'éditeur du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Franck Schirrmacher, titre son éditorial « la fiction ».. « Il est particulièrement énervant de devoir mettre entre parenthèse à peu près tout ce que la vie nous a appris simplement pour accorder foi à l'histoire que raconte le président de la république dans son interview. Un ministre peut toujours convaincre par les actes, le président fédéral lui n'a que la parole pour convaincre. « Il est la voix de l'état ».
Et l'interview du président a été fatal parce que tout faux prémisse rend la suite fausse également. Le président a fait usage pour sa propre justification de termes tels que les droits de l'homme, l'amitié, la liberté de la presse d'une manière profondément déplacée.
« Que le chef de l'état en cette époque de « tout économique» ne sache plus faire la différence entre l'amitié et les relations d'affaires, qu'il insiste sur le désintéressement amical lorsque cela l'arrange, et se présente en même temps comme un placement intéressant pour ces mêmes amis, afin de justifier leur prêt en démontrant qu'il n'est en aucun cas un arrangement, tout cela est contradictoire, faux, et abuse de notions de l'identité sociale dont l'usage politique et économique était jusqu'ici resté à l'abri des liens dignes des parrains siciliens. »
L'affaire Wulff est « symptomatique de cette époque post-démocratique dans laquelle les mondes politiques et des affaires s'arrangent et renvoient l'idéal démocratique des citoyens conscients à l'arrière plan comme l'époque postindustrielle a marginalisé les travailleurs traditionnels. » Colin Crouch qui a décrit cette évolution plus que tout autre, explique qu'une information lui a ouvert les yeux : le ministre du commerce de de l'industrie Peter Mandelson, avait obtenu un crédit tout à fait à part sur le marché pour acquérir sa maison personnelle !

*Sarkozy réalise avec un train de retard que son pays n' aucune chance s'il ne renforce pas les compétitivité de ses entreprises, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitungédition d'hier. Il envisage de réduire les contributions sociales élevées versées par les employeurs et de combler le trou en augmentant l'impôt sur la consommation. La résistance est forte et la hausse de la TVA peut sembler être une menace pour la consommation privée, qui soutient la conjoncture. Mais la direction est la bonne.
L'état plonge profondément dans la poche des entrepreneurs qui ne paient pas seulement la moitié des cotisations sociales -comme en Allemagne- mais les deux tiers, et doivent verser de plus des contributions pour le logement social ou les transports publics. Mais Sarkozy réagit trop tard, à quelques mois des présidentielles. Et il pas pris le problème à la racine, la France consacre 56% de son PIB aux prestations publiques, 6% de plus que la moyenne européenne et 10% de plus que l'Allemagne.

*« interdiction de fumer....connaissez vous le mot "smirting", une contraction de smocking et flirting....qui décrit une des conséquences de l'interdiction de fumer, note le Tagesspiegel berlinois (édition papier). Le flirt est conforté par la cigarette que l'on doit griller dehors, à la porte des bâtiments ou l'interdiction de fumer est de rigueur. Les exilés temporaires frigorifiés sur le trottoir se réchauffent les uns les autres d'un regard. Puis ils rentrent dans l'immeuble et boivent un verre ensemble. N'est-ce pas un plus qui améliore la vie quotidienne ? Plus sérieusement, poursuit le quotidien....l'interdiction de fumer a fait ses preuves.
C'est agréable de ne plus avoir les yeux qui piquent au café et de ne plus en sortir avec les vêtements qui sentent la cigarette.
A l'inverse des prédictions d'aubergistes larmoyants aucun n'a du fermer boutique et le chiffre d'affaire n'a pas chuté brutalement. Quelques cafés se sont dotés d'une pièce fumeur, ou se sont transformés en clubs de fumeurs, réservés aux accrocs de la cigarette -et interdits aux mineurs- mais la plupart des cafés restaurants ont respecté l'interdiction de fumer. Nous ne sommes pas à Singapour mais à Berlin et il n'y a pas eu besoin d'imposer la loi sans pitié. Des contrôleurs dressent quelques contraventions, seulement. Seul anicroche, on sent plus l'haleine alcoolisée du partenaire de flirt...



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