"Le tournant écologique victime de son propre succès"
vendredi 12 octobre 2012 à 15:57 - permalien #1241
En attendant, le consommateur, ménage ou entreprise, paye la facture et grogne « contre la tendance dans laquelle cette politique l'a emporté : tout devient plus cher et l'énergie par dessus tout. Le courant en particulier, note le Tagesspiegel. » La contribution au tournant pour les énergies renouvelables -incluse dans le prix du courant- va croître de 3,6 à 5,3 cent par kw/h. Lorsqu'elle a été introduite par les Verts en 2000 elle s'élevait seulement à 0,2 cent Angela Merkel, l'initiatrice du tournant après la catastrophe de Fukushima avait promis qu'elle resterait constante, à 3,6 cent, et s'était lourdement trompé parce qu'elle sous-estimait le succès des énergies renouvelables.
La raison de la hausse des prix de l'énergie est simple, il y a toujours plus de courant écolo, sa part tend vers les 30 %. Mais le courant vert étant plus cher que le courant conventionnel à la bourse, la contribution EEG est là pour équilibrer la différence. Elle restera en vigueur jusqu'à ce que le prix du courant éolien ou solaire soit équivalent sur le marché à celui des centrales au charbon, au gaz ou des centrales nucléaires. « Jusque là les investissements dans les énergies renouvelables seront aussi risquées qu'un compte d'épargne, mais beaucoup plus profitable. Le débit est garanti comme le prix. La demande ne joue aucun rôle. Cela relève plutôt de l'économie planifiée que de l'économie de marché ».
« Le ministre démocrate chrétien Peter Altmeier veut maintenant porter de 35 à 40 % l'objectif des énergies renouvelables d'ici 2020, note le Frankfurter Rundschau (édition papier). Tout en maintenant la perspective de 80 % à l'horizon 2050. » Mais il veut limiter les subventions de l'état pour l'éolien et la bio-masse comme cela a été déjà fait pour le solaire -ce qui a rendu les installations solaires moins profitables pour leurs propriétaires et fait chuter la demande d'appareillages. Car les subventions ont entraîné une croissance abrupte des installations solaires et de leur production faisant exploser les prix.
Le ministre espère mettre en œuvre une réforme consensuelle.
Il est douteux que cela soit possible avant les élections fédérales de 2013. Même si la pression publique s'accroît en même temps que les prix. On estime actuellement la hausse globale de 50 à 60 euros par ménage et par an.
« Le tournant énergétique est victime de son propre succès, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le succès des énergies renouvelables transforme le courant en produit de luxe dont les petits budgets doivent rationner leur consommation. Aujourd'hui n'importe quel producteur de courant écolo peut multiplier ses installations à loisir. Il sera considérablement dédommagé par les subventions étatiques et se protège lui même contre la hausse du prix du courant, en produisant lui même pour sa propre consommation. »
Mais les coûts sociaux du tournant énergétique seront d'autant plus évidentes que le prix de l'électricité s'accroît. Car tous les consommateurs payent pour cela sous un supplément sur leur note d'électricité -le coût total des subventions atteindrait 20 milliards d'euros.
Après le vaudeville du solaire, c'est l'éolien qui menace de jouer le même tour. La construction de parcs d'éoliennes en mer, et leur liaison difficile avec le réseau de distribution prend également les consommateurs en otage. Les plans des Länder du nord, dépassent les objectifs fédéraux. Le Schleswig-Holstein par exemple, envisage de produire l'équivalent de trois fois ses besoins et ne possède ni le réseau, ni les consommateurs pour cela -il faudrait 10 à 15 ans pour que les Länder s'accordent sur leurs perspectives de développement des énergies renouvelables.
Les énormes variations de production du courant vert -en surplus quand le soleil brille et en manque quand le vent ne souffle plus- rendent par ailleurs la vie difficile aux principaux producteurs et distributeurs sur les réseaux et agacent les voisins de l'Allemagne qui doivent intégrer ces variations. Seules les centrales classiques peuvent y pallier. Mais les subventions étatiques pour le courant vert rendent le commerce de gros du courant « ordinaire » de moins en moins attractif comme la construction de nouvelles centrales « classiques ». Les politiques veulent donc contraindre les distributeurs à les exploiter, même à perte. Une sorte de « mécanisme des capacités de production », qui évoque le « mécanisme de stabilité de l'eur ». Dans les deux cas la politique met le marché hors services.
« L'Allemagne n'a-t-elle donc rien appris de ses expériences les plus pénibles avec l'économie planifiée. »
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