"Hollande dépassé par les événements" |
jeudi 4 avril 2013 à 01:29 - permalien #1323
Si ce n'était que cela, un ex ministre des finances qui s'enrichit illégalement avec un compte off-shore ! Il ferait figure de mouton noir et le scandale s'évanouirait bientôt, commente le Frankfurter Rundschau, centre gauche. Mais Cahuzac a démissionné il y a deux semaines après avoir cyniquement mis son argent à l'abri à l'étranger tandis qu'il exigeait des sacrifices de ses concitoyens, sans scrupule, ruinant la confiance dans la politique et dans la crédibilité du président. Une fois de plus Hollande est dépassé par les événements et donne l'impression d'être désemparé, en plein milieu de la crise.
Critiqué à la fois de droite et de gauche, Hollande pratique une politique d'un pas en avant un pas en arrière, qu'il s'agisse de l'imposition des entreprises ou de la retraite. Résultat un politique incompréhensible. L'affaire Cahuzac lui retire le dernier argument pour se mettre en valeur, l'intégrité des socialistes. Reste l'espoir que la pression actuelle lui donne le courage du renouveau. Le président français n'a plus grand chose à perdre. Il a donc beaucoup à gagner.
Hollande a déjà dégringolé dans les sondages et avait tenté il y a quelques jours de reprendre la situation en main dans un interview télévisé, constate le Handelsblatt (édition papier). Mais cela n'a pas changé grand chose à son problème d'image et de manque de capacité de conviction. Cahuzac renforce encore cette impression, Hollande apparaît maintenant comme le président auquel on peut mentir pendant des mois.
« Cahuzac a menti et trahi, et son obstination à prétendre n'avoir jamais eu un compte en Suisse fait d'un banal détournement fiscal une affaire d'état, estime de son côté le Tageszeitung, proche des verts. Il a discrédité encore plus la politique aux yeux des électeurs déjà désabusés, et les populistes adeptes du tous pourris ne pouvaient espérer mieux. Il ne pouvait pas faire exploser une bombe puante plus énorme aux pieds de son président. »
Mais l'opposition de l'UMP raisonnerait à courte vue si elle s'imaginait tirer profit du scandale Cahuzac ou au moins détourner l'attention des enquêtes en cours contre l'ex-président Sarkozy. C'est la crédibilité de l'ensemble du système qui est en cause.
le site Spiegel on line se penche quant à lui sur la visite du candidat chancelier du SPD, Peer Steinbrück à Paris aujourd'hui et demain -une revanche contre Merkel et son soutient à Sarkozy-, ou il sera reçu par Hollande, qui « espère un changement de régime à Berlin, pour imposer d'autres priorités à la politique européenne ».
Principalement en ce qui concerne la lutte contre les conséquences de la crise de la dette sur le continent. Hollande est hostile à la politique d'épargne de Merkel, il préfère les Euro-Bonds et les programmes de croissance, même s'ils signifient de nouvelle dettes.
« Il forge une alliance avec les pays du Sud de l'Europe pour briser la supposée dominance allemande. Merkel réplique en cherchant un nouveau partenaire, et s'est alliée avec les euro-critiques britanniques lors du sommet européen pour le budget européen.
Paris considère Steinbrück comme un allié pour une politique moins centrée sur la consolidation du budget. Hollande a mis la chancelière sous pression avec l'aide du SPD lors de la négociation sur le pacte fiscale. Ils se sont alliés ensemble afin que que la stricte politique d'austérité soit élargie par une incitation à la croissance. »
Mais si Steinbrück critique la politique de la chancelière de management de crise de l'Euro parce qu'elle est trop unilatérale et fait de l'épargne une litanie. On a du se réjouir à Paris de le voir plaider pour la tolérance à l'égard des dépassements des 3 % de quelques centièmes par la France.
Hollande ne doit pas s'attendre cependant à trop de soutien de son visiteur allemand. Steinbrück sait bien lui aussi qu'un allègement de la politique d'épargne serait très peu populaire en Allemagne et qu'une trop grande proximité avec Hollande pourrait être un sérieux handicap dans sa campagne électorale.
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