Avril 2023 point final pour le nucléaire?
Publié le mercredi 19 octobre 2022, 16:59 - Energies - Lien permanent
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Les centrales nucléaires allemandes devaient être arrêtées définitivement fin décembre. Les trois centrales Isar 2, Neckarwestheim 2 et Emsland resteront au contraire branchées jusqu’en avril 2023, afin de parer à toute situation d’urgence cet hiver. Même si des coupures sont peu vraisemblables selon Winfried Kretschmann, ministre président vert du Land de Bade Würtemberg, qui veut rassurer les ménages et les entreprises : « on en arrivera pas là », les réserves de gaz sont pleines.
La prolongation d’exploitation de trois centrales ne signifie en rien la relance de l’énergie nucléaire, dont la chancelière Angela Merkel a décrété la fin, au lendemain de la catastrophe de Fukushima. Les réacteurs ne seront pas réapprovisionnés en combustible, comme cela aurait dû être le cas si leur exploitation avait du se poursuivre au delà de 2023. Une revendication que partagent les libéraux membre du gouvernement (FDP) et l’opposition CDU/CSU.
Le chancelier Scholz a fait preuve d’autorité avant tout pour mettre fin ce lundi 17 octobre à la cacophonie à ce propos entre les Verts d’un côté et le FDP de l’autre, au sein de la coalition gouvernementale.
« Les petites chamailleries entre les verts et le FDP à propos de la durée de prolongation des centrales nucléaires sont risibles, » https://www.tagesspiegel.de/meinung/streit-um-atomkraft-die-ampel-muss-radikal-pragmatisch-werden-8762179.html commente le quotidien berlinois Tagesspiegel. D’autant que les temps sont difficiles et exigent «un pragmatisme radical » loin des préjugés idéologiques des partis qui se préoccupent d’abord de rassurer leurs électeurs. Les tabous n’ont pas lieu d’être en vue de ne pas menacer la paix dans la coalition gouvernementale. Le bien être du pays passe devant celui des partis, souligne le quotidien berlinois.
Le « Machtwort », acte d’autorité, du chancelier Scholz est tout de même une couleuvre que doivent avaler les Verts qui tenaient leur congrès le du 14 au 16 octobre et avaient donné le feu vert à la prolongation des centrales d’Isar et de Neckarwestheim seulement, dans le sud de l’Allemagne. Mais « je peux vivre avec cette décision » assure le ministre de l’économie Robert Habeck, le groupe parlementaire vert au Bundestag n’y fera pas obstacle, en dépit des critiques de la gauche du parti, estimant avoir été bernée par le chanelier.
La décision de garder également en activité la troisième centrale d’Emsland, au nord, en Basse-Saxe, ne fait pas l’affaire non plus du SPD qui vient de remporter les élections dans le Land (33,4%) et a entamé les négociations avec les Verts (14,5%) pour constituer un nouveau gouvernement autour du ministre président Stephan Weil (SPD).
La CDU qui gouvernait le Land jusqu’alors avec les sociaux démocrates, au sein de la grande coalition, a encaissé une défaite notable au dernières élections avec 28,1% des suffrages (-5,5% en comparaison des résultats de 2017), et le FDP n’a pas réussi à passer la barre des 5%, perdant sa représentation au Landtag. Les partisans du nucléaire n’ont donc pas le vent en poupe.
Le ministre de l’environnement actuel de Basse Saxe, Olaf Lies (SPD) a réagi en déclarant « inutile » la décision du chancelier Scholz. Le nord de l’Allemagne n’a pas besoin de ressource supplémentaire en électricité et la centrale d’Emsland n’a plus de réserve de combustible. Sa contribution serait donc inexistante, selon lui. Stephan Weil se félicite de son côté de ce qu’aucun nouveau combustible barre nculéaire, ne sera commandé. Les responsables des Verts en Basse Saxe, condamnent également la décision du chancelier Scholz, « inutile et erronée ». Ce qui ne devrait pas troubler cependant la recherche d’un accord avec le SPD de Basse Saxe pour constituer le nouveau gouvernement du Land. Le SPD du Land étant favorable à la fin d’exploitation de la centrale
Le SPD et les Verts s’appuient d’ailleurs sur les déclarations de RWE l’exploitant de la centrale selon qui les réserves d’énergie de la centrale seront épuisées en janvier. Les barres de combustibles ayant épuisé toute leur capacité seront bonne pour les Castor, les conteneurs de déchets.
Le quotidien libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung, estime cependant que la coalition gouvernementale danse sur les oeufs en ce qui concerne la politique de l’énergie et la place du nucléaire. Les divergences s’afficheront à nouveau l’an prochain si l’approvisionnement en ressources ne répond pas suffisamment aux besoins, et si les prix du marché de l’énergie repartent à la hausse. La question de la relance des centrales nucléaires au delà d’avril 2023 partagera à nouveau la coalition gouvernementale, les Verts et le FDP..
Mieux vaudrait avoir une politique énergétique à long terme et des réserves estime le quotidien, ce qui permettrait de réduire les prix et les émissions de CO2. L’éolien et le photovoltaïque n’étant pas suffisants l’Allemagne serait contrainte de s’appuyer sur le charbon et ensuite sur l’énergie nucléaire de la France. «C’est insensé».
En attendant le chancelier Scholz veut négocier avec le Land de Rhénanie du nord Westphalie la prolongation de l’activité des centrales à charbon jusqu’en 2024 et la sortie définitive de cette source d’énergie en 2030. Ce qui touchera particulièrement la région du Rhin. Il s’engage également à garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité en construisant de nouvelles centrales à gaz pouvant fonctionner avec de l’hydrogène.