Pourquoi le SPD ne peut-il pas exclure Schröder

Ses adversaires et ses critiques accusent pourtant Shröder depuis longtemps d’être devenu un lobbyiste, un homme de main du Kremlin en affaire. Président du conseil de surveillance de Northstream AG, le réseau de distribution du gaz russe,  depuis 16 ans, Il fait figure d’intermédiaire de Gazprom’  en Allemagne auprès des autorités, du parlement à la chancellerie.

Il aurait contribué à l’adhésion d’Angela Merkel au projet Northstream  1 et 2, permettant l’alimentation de l’industrie et des foyers allemands par le gaz russe, en alliance avec les numéros un de la chimie, de la mécanique et de l’énergie, Basf et Siemens.

Un profil intenable après l’invasion de l’Ukraine, à l’heure ou l’Allemagne est contrainte de revoir intégralement sa politique à l’est, héritière de l’Ostpolitik de Willy Brandt. Et alors qu’elle doit fournir des armes à l’Ukraine pour résister à l’invasion de l’armée du Kremlin. 

Mais la commission des conflits du SPD de Hannovre estime que l’ex chancelier ne s’est pas rendu coupable d’infraction aux statuts du parti, rapporte der Tagespiegel. Entre autre parce que son attitude n’a en aucun cas contribué à renforcer Poutine dans ses desseins guerriers et que son activité au sein des conseils d’administration n’aurait pas eu d’influence sur l’activité des groupes d’énergie.

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Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine l’ex-chancelier a certes renoncé à son mandat de président du conseil d’administration  de la société pétrolière russe Rosneft, ainsi qu’au mandat d’administrateur de Gazprom’ qui lui était promis. Cela n’a pas suffit évidemment pour effacer son image d’homme de main de Poutine, aux yeux de ses adversaires au sein du SPD et de la majorité des Allemands.
Les 17 instances du SPD qui prônent son exclusion insistent sur le fait que Schröder n’a pas pris suffisamment ses distances à l’égard de la fédération de Russie, coupable d’agression contre l’Ukraine en violation du droit des peuples. « Alors que cela était particulièrement impératif en raison des sa relation amicale avec Poutine et de ses mandats au sein des instances de direction des entreprises énergétiques et gazières directement ou indirectement propriétés de la fédération de Russie ».

Un membre du SPD ne peut réclamer ou soutenir une agression militaire. Schröder a d’ailleurs assuré au lendemain de l’invasion russe que « la défense des intérêts russes ne justifiaient pas le recours à la force militaire. » Il a souligné également que la Russie menait bien une guerre contre l’Ukraine.
Mais Schröder a souligné en même temps qu’il ne renoncerait en rien à ses possibilités de dialogue avec Poutine. Assurant que ce dernier était favorable à une solution négociée du conflit. Les pourparlers ayant échoués jusqu’ici du fait de l’Ukraine.  Il avançait le 10 mars trois points indispensables au pourparlers entre les deux pays :- la reconnaissance de la Crimée russe ;- la neutralité de l’Ukraine ;- le respect des accords de Minsk et un statut d’autonomie renforcée pour le Donbass.

Autant d’exigences rejetées par Kiev qui estime que le kremlin ne veut pas négocier mais s’approprier l’Ukraine.

Schröder, 78 ans, est membre du SPD depuis 1963. Ministre président du Land de Basse-Saxe (Hanovre), élu chancelier d’Allemagne en ....à la tête d’un gouvernement des sociaux démocrates et des Verts, il est l’auteur notamment des mesures d’austérité réduisant les avantages sociaux des salariés en ce qui concerne les salaires, les indemnités chômages, les aides aux logements, notamment, qui ont coûté au SPD une bonne part de son électorat populaire.

Ses différents mandats au sein des groupes liés à Gazprom, l’empire gazier russe, lui rapporteraient environ 800 000 euros par an, s’ajoutant à ses avantages (retraite, bureau  à Berlin et indemnités fédérales).
Membre du SPD de Hanovre (Ostasadt/Zoo), ses liens avec Poutine  et Gazprom’ lui ont déjà valu de perdre nombre de titre de membre honoraire d’associations diverses. Il n’est plus citoyen d’honneur de Hanovre et à l’inverse des ex-chanceliers rues et places porteront rarement son nom. Son statut d’ex-chancelier devrait lui être retiré par le parlement -mesure contre laquelle Schröder veut s’opposer en justice. Ses partisans au sein du SPD ont pris leurs  distances à son égard. Qu’il s’agisse de Sigmar Gabriel son successeur à la tête du Land et ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel ou de Lars Klingbeil, co-président du SPD. Pour ne pas parler d’ Olaf Scholz.

Le quotidien berlinois Berliner Zeitung commente sans  égard la décision de la  commission des conflits du SPD. « Travailler pour le groupe étatique d’un pouvoir révisionniste qui finance de ses revenus une guerre d’agression destinée à détruire une nation est compatible avec l’appartenance  au SPD. » A partit du moment ou les statuts, le respect des résolutions du parti et le vote en sa faveur ne sont pas transgressés. Schröder est peut être dans ce cas. Il n’en reste pas moins qu’il porte tord à son parti en se laissant corrompre par Moscou. Si les statuts du SPD ne sanctionnent pas un tel comportement « le parti social démocrate devrait se demander s’ils ne doivent pas être révisés. »

Michel Verrier

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