le dérapage d'Abbas laisse Scholz sans voix
Publié le jeudi 18 août 2022, 18:00 - modifié le 19/08/22 - Mémoire - Lien permanent
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Mahmoud Abbas, chef de l’OLP, reçu pour la première fois à Berlin par le chancelier Scholz a provoqué un scandale lors de leur conférence de presse commune, en comparant les « 50 massacres commis par Israël contre les palestiniens à 50 Holocaustes ». Le chancelier Scholz n’a pas réagit immédiatement à la comparaison provocatrice du leader palestinien. Abbas a réussi à la fois à perdre le crédit qu’il pouvait tirer de sa visite en Allemagne et à mettre le chancelier allemand en difficulté, essuyant une volée de critiques, des médias notamment.
« Nous avons un crétin en communication comme chancelier, commente le quotidien berlinois Berliner Zeitung. » Olaf Scholz n’a même pas estimé indispensable de contredire aussitôt les « stupidités exorbitantes » d’Abbas, utilisant contre Israël le meurtre de six millions de juifs dont l’Allemagne seule est responsable. Scholz n’a pas exprimé « la moindre colère spontanée » face à tel détournement de la question clé de la politique allemande, s’insurge le quotidien berlinois.
En Allemagne existe en effet un « onzième» commandement, commente de son côté son concurrent, der Tagesspiegel : « Tu ne dois pas comparer », c’est à dire comparer quelque crime ce soit avec le crime singulier de l’Allemagne nazie, l’Holocauste. Ce qui revient à le banaliser.
« Mahmoud Abbas est-il toujours sain d’esprit », s’interroge quant à lui le Tageszeitung, quotidien proche des Verts. Selon qui, Abbas aurait du savoir qu’une telle comparaison était très mal venue en Allemagne. Il a d’ailleurs rapidement fait machine arrière, « relativisant son propos ».
Le Tageszeitung précise cependant qu’Abbas répondait furieux à la question d’un journaliste lui demandant s’il regrettait l’attentat des jeux olympiques de Münich en 1972. A l’époque le leader palestinien était trésorier de l’OLP et il fut soupçonné d’avoir financé l’attentat. « On peut comprendre son irritation » poursuit donc le quotidien. D’autant que depuis 17 ans qu’il est président, Abbas a mainte fois condamné officiellement le terrorisme, et investi les services de sécurité palestiniens dans la lutte contre les attentats main dans la main avec l’armée israélienne poursuit le Taz. « Sa comparaison avec l’Holocauste était malhabile et dommageable pour les palestiniens". Il ne sera pas ré-invité de sitôt à une visite d’état, conclu le Tageszeitung. Pour ne pas parler d'une visite de Scholz en Palestine.
Du côté du chancelier, Steffen Hebestreit, porte parole du gouvernement a tenté de prendre la responsabilité de la faute sur son dos. La réaction tardive de Scholz aux propos d’Abbas proviendrait de sa conclusion intempestive de de la conférence de presse, empêchant ainsi le chancelier de répondre directement aux propos d’Abbas.
Scholz serait « écœuré et révulsé par les propos de monsieur Abbas », selon Hebestreit, rapporte Spiegel on line. Car la relativisation de l’Holocauste et de ses plus de six millions de morts est totalement inacceptable, et tenir ces propos sur le sol allemand inexcusable.
« Jusqu’à présent le onzième commandement valait avant tout pour les Allemands », rappelle l’éditorialiste du Tagesspeigel. Punir chaque manquement était de tradition. Qu’Helmut Kohl (CDU) fasse référence à Goebbels à propos des discours de Gorbatchev, Herta Däubler-Gmelin (SPD) à Hitler à propos de Georg W.Bush, ou qu’Alexander Gauland (AFD) compare le Troisième reich à une « merde d’oiseau ».
Joschka Fischer (Verts), ministre des affaires étrangères, se vit également reprocher d’avoir invoqué Auschwitz pour justifier l’intervention au Kosovo, et comparé Slobodan Milosevic à Adolf Hitler. Rudolf Scharping (SPD), ministre de la défense fut critiqué pour avoir consciemment évoqué des « camps de concentration ». Plus récemment Jana aus Kassel a été fustigée pour s’être comparée à Sophie Sholl, héroïne de la résistance au nazisme, lors d’un rassemblement « Querdenker » (anti-conformiste). Le port d’étoile jaune avec la mention « non-vacciné », a été interdit, comme l’affiche de l’association de protection des animaux Petra et ses photos de prisonniers des camps de concentration à côté de boeufs, « squelettes vivants ».
Abbas s'est ajouté à la liste.