Les questions du procès d'Ulli Hoeneß, président du Bayern

Le parquet de Münich ne fera pas appel, Uli Hoeneß non plus, le président du FC Bayern fera donc les 3,5 ans de prison auquel il vient d'être condamné pour avoir détourné 28,5 millions d'euros (sic!) pendant des lustres sur un compte en Suisse, échappant au fisc allemand...
hoeness.jpgIl assure bien sur « regretter amèrement l'erreur commise ». Et se plie à la décision du tribunal pour racheter sa faute.

Certains estiment cette précipitation suspecte d'ailleurs.

« Plus je réfléchis à manière dont s'est terminé le procès Hoeneß et plus je ne peux m'empêcher de penser que nous avons été menés par le bout du nez», commente un avocat dans Spiegel on line. Les procédures ont été très différentes de celles qui ont court habituellement en pareils cas. Tour a été bouclé en quatre jours. « Et que le parquet ne fasse pas plus appel que Uli Hoeneß me renforce dans mon malaise ». Un procès baclé pour éviter des questions trop gênantes ?

Hoeneß était un homme de référence pour l'Allemagne. Un symbole de la réussite, devenu président d'une entreprise modèle, le mythique FC Bayern ', après avoir été un as du foot originaire d'un milieu modeste.

Il aurait accumulé ses réserves financières en Suisse selon lui, parce qu'il était « malade » en quelque sorte, intoxiqué par la manie de la spéculation boursière. Il a déclaré au départ 3,5 millions de détournement fiscal, après avoir entamé lui même une procédure d'auto-dénonciation auprès du fisc. Ses remords tardifs tenaient avant tout à la crainte d'être découvert. Comme nombre d'autre délinquants inquiets de ce que leurs comptes soient dévoilés par les achats « illégaux » de CD de données des banques suisses, dans les Länder dirigés par les sociaux démocrates.

Au cours du procès le montant a été presque décuplé après enquête des autorités jusqu'à être évalué à 28,5 millions d'euros...Mais on a l'impression que les juges n'ont même pas cherché à savoir si les chiffres citées par l'experte fiscale après enquête expresse ne seraient pas encore plus important après vérification complète, s'étonne Spiegel on line. A-t-on contrôlé l'intégralité des documents ? Aucune question précise n'a été posée sur la façon dont Hoeneß s'est procuré ses énormes disponibilités financières. Le tribunal et le parquet ont même renoncé à l'audition des banquiers suisses, impliqués dans l'affaire.

Hoeneß assure avoir commencé à spéculer avec l'aide de Robert-Louis Dreyfus, ancien président d'Adidas aujourd'hui décédé qui lui aurait procuré le capital de départ, 5 millions de Dmarks et 15 millions de caution (soit environ 10 millions d'euros).

Mais plusieurs observateurs mettent cette version en cause. « Nombre de questions sur l'origine des sommes détournées n'ont pu être éclaircies par l'enquête, estime Halina Wawzyniak porte parole du parti die Linke pour les questions de justice ».

Hoeneß n'a pas répondu clairement aux questions lors de son procès, concernant les sommes qui sont apparues dans ses comptes. Des soupçons de corruption se sont fait jour dans le passé à propos notamment des droits de re-transmission des match de foot ou de la mise en avant d'Adidas, par le FC-Bayern. « On peut même estimer que le compte en question ait servi au paiement de dessous de tables, voire au lavage d'argent sale , estime Spiegel on line.

La chute de Hoeneß est dure pour ceux qui en avaient fait une idole au dessus de tout soupçon, comme le fit l'hebdomadaire der Spiegel qui titre son numéro de cette semaine avec humour (noir) « Game over » . Mais, tempère le site Spiegel on line, « respect », malgré tout... « Un Uli Hoeneß qui accepte sa défaite, reconnaît ses fautes, et en tire les conséquences -en acceptant la prison- serait quelqu'un qui mérite une seconde chance. »

Sa chute est en quelque sorte pour le sport ce que fut celle de Kohl pour la politique, lors des révélations quant au financement de son parti, la CDU, par des fonds occultes abrités en Suisse, dont le chancelier de la réunification a toujours refusé de révéler l'identité.

Hoeneß est en bonne compagnie. Avec Alice Schwarzer, Theo Sommer, ou le trésorier de la CDU et son compte au Bahamas. Ils ne seraient d'ailleurs que le sommet de l'Iceberg des délinquants fiscaux qui ont fini par se dénoncer au fisc eux mêmes par crainte d'être grillés par les CD suisses...

Michel Verrier

Author: Michel Verrier

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