Le président allemand mis en quarantaine par Zelensky

Le refus de Kiew d’accueillir le président allemand Franck-Walter Steinmeier « irrite » Berlin selon les termes du chancelier Olaf Scholz. Steinmeier  devait rendre visite à Zelensky en compagnie des présidents polonais, lituaniens, estoniens, et lettons.

Selon les fuites du quotidien Bild Zeitung, il aurait été décommandé par Zelensky en raison de sa politique passée trop favorable à la Russie et à Poutine, en particulier dans le domaine de l’énergie et de la mis en place des gazoducs Northstream 1 et 2.
Une information démentie par un conseiller de l’entourage du président Zelensky, Serhiy Leschtschenko, selon le quotidien Berliner Zeitung   .

Le quotidien berlinois  cite également le maire de Kiew, Wladimir Klitschko, qui a souhaité sur Twitter, que Steinmeier confirme sa visite à Kiew.  Car il s’est excusé de sa politique passée à l’égard du Kremlin, et il  important selon Klitschko de renforcer le lien entre l’Allemagne et l’Ukraine. Berlin reste le « partenaire numéro un », selon le maire de Kiew, et constitue avec l’Ukraine et l’UE un front uni contre Poutine. Klitschko espère donc que la visite de Steinmeier  a seulement été repoussée.

steinmeier.png
Le président Steinmeier, Berliner Zeitung 13 avril 2022

Le conseiller de Zelenski, Olexeij Arestowytsch, confirmait au contraire mercredi 13 sur la chaîne de télévision ARD que la visite de Steinmeier avait bien été annulée. Même s’il disait ne pas en connaître les raisons. Il assurait que le président ukrainien attendait par contre la visite du chancelier Scholz afin qu’il prenne des décisions immédiates concernant notamment la livraison d’armes.

Mais Scholz temporise, car « il aurait été bon que le président allemand soit reçu à Kiew ». Il n’envisage pas pour l’instant de répondre à l’invitation du président Zelensky, qu’il a rencontré peu avant le début de la guerre, et avec lequel il s’entretient depuis très régulièrement.
« Nous livrons des armes, nous en avons livrées et nous en livrerons encore », assure le chancelier qui ajoute que l’Allemagne n’agit pas seule, mais en coopération avec ses partenaires européens et transatlantique ».

Scholz ne peut évidemment pas se rendre à Kiew alors que la venue de Steinmeier y a été annulée. Wolgang Büchner, porte parole du gouvernement précise : « Le président fédéral allemand représente la République fédérale. » En annulant son invitation c’est l’Allemagne qui a été écartée. Il rappelle que Steinmeier s’est prononcé clairement solidaire de l’Ukraine, exigeant  de Poutine, dés sa réélection le  12 février qu’il « cesse de l’étrangler ». 

Pour  Friedrich Merz, président de la CDU, principal parti de l’opposition au Bundestag, l’annulation  de la visite du président allemand constitue un « affront diplomatique ». Le vice président du parti libéral (FDP), Wolfgang Kubicki, critique également avec virulence l'erreur de Zelensky qui devrait "revenir sur terre".

Mais c’est probablement la politique passée de Steinmeier en faveur de Gazprom’ et des échanges commerciaux et industriels avec la Russie, que Kiew lui fait payer aujourd’hui. Steinmeier fut un défenseur acharné des livraisons de gaz russe et des gazoducs Northstream 1 et 2 via la mer Baltique, lorsqu’il était le bras droit de l’ex chancelier Schröder et le ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel.

Les gazoducs sous marins évitent le passage terrestre par l’Ukraine, la Pologne, qui s’estiment ainsi avoir été spoliées par Berlin des rentes de passage du gaz sibérien sur leur territoire. Au profit de Moscou et de Berlin. L’Ukraine, comme la Pologne au sein de l’UE n’avaient cessé de pourfendre cette politique d’entente gazière de Berlin avec Moscou ces dernières années.
L’Allemagne pensait ainsi s’être mise à l’abri des conflits entre la Russie et ses pays voisins en ce qui concerne la livraison du gaz. C’est tout le contraire qui se produit aujourd’hui. Face à l’agression russe le réseau Northstream lui vaut l’accusation d’être dépendante de Moscou et d’alimenter chaque jour en devise la machine de guerre russe contre l’Ukraine.  

Une entente d’autant plus critiquée après la nomination de Gerhard Schröder au conseil d’administration de Gazprom’, deux mois après sa défaite aux élections fédérales face à Angela Merkel. Mais l’ex chancelier avait su faire nommer son ex bras droit Steinmeier au poste de ministre des affaires étrangères de la grande coalition rassemblant le SPD et la CDU sous la houlette de la nouvelle chancelière.Cette dernière poursuivi d’ailleurs la politique d’entente avec Moscou de son prédécesseur. Elle donnera le feu vert, en dépit des critiques, au gazoduc Northstream II, aujourd’hui « gelé » par le gouvernement Scholz.

Steinmeier aux affaires étrangères approfondit encore la politique de Schröder vis à vis de la Russie en adoptant le slogan du « rapprochement par l’intégration » , qui prit le relais du « changement par le rapprochement » des pères de l’Ostpolitik, Willy Brands et Egon Bahr. La politique de l’énergie devenait le centre d’une coopération renouvelée avec le Kremlin.
Il a reconnu depuis son erreur. « Nous avons échoué dans la construction de « maison commune de l’Europe » dont la Russie serait partie prenante. Nous avons échoué dans la perspective d’intégrer la Russie dans un système de sécurité commun. » Tant que Poutine sera à la tête de la Russie un retour au statu quo d’avant la guerre sera impossible selon lui.

Un aveu qui ne suffit pas au président Zelensky ?

Le président ukrainien a mis également l’ex-chancelière Angela Merkel sous pression afin qu’elle revienne sur sa politique à l’égard de Moscou. Sans succès pour l’instant. Merkel a seulement condamné pour l’instant l’invasion russe comme un « atteinte éclatante » aux droits des peuples. Zelensky l’a invité à venir se rendre compte à Boucha des crimes de la Russie en compagnie de Nicolas Sarkozy. L’un et l’autre avaient mis leur veto à l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan en 2008, à Bucarest, contre le président des USA George.W Bush.
 

 

Michel Verrier

Author: Michel Verrier

Restez au courant de l'actualité et abonnez-vous au Flux RSS de cette catégorie

Commentaires (0)

Soyez le premier à réagir sur cet article

Ajouter un commentaire Fil des commentaires de ce billet

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Aucune annexe



À voir également

wintershall Gazprom.png

Basf Gazprom les liaisons dangereuses

Selon l’hebdomadaire der Spiegel et la chaîne de télévision ZDF, Basf-Win tershall poursuivrait la livraison de gaz condensat permettant à  Gazprom’ de produire  le combustible nécessaire aux jets russes bombardant l’Ukraine.

Lire la suite

leopard-zwei.jpg

Conflit sur les Panzers pour l’Ukraine au Bundestag

L’Allemagne ne livre pas à l’Ukraine les chars d’assaut et les armes lourdes dont elle a besoin face à l’armée russe. C’est l’union chrétienne, CDU/CSU qui a mis ainsi en accusation le gouvernement du chancelier Scholz jeudi 22 septembre au Bundestag.

Lire la suite