Le président allemand mis en quarantaine par Zelensky
Publié le vendredi 15 avril 2022, 17:06 - Allemagne-Ukraine - Lien permanent
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Le refus de Kiew d’accueillir le président allemand Franck-Walter Steinmeier « irrite » Berlin selon les termes du chancelier Olaf Scholz. Steinmeier devait rendre visite à Zelensky en compagnie des présidents polonais, lituaniens, estoniens, et lettons.
Selon les fuites du quotidien Bild Zeitung, il aurait été décommandé par Zelensky en raison de sa politique passée trop favorable à la Russie et à Poutine, en particulier dans le domaine de l’énergie et de la mis en place des gazoducs Northstream 1 et 2.
Une information démentie par un conseiller de l’entourage du président Zelensky, Serhiy Leschtschenko, selon le quotidien Berliner Zeitung .
Le quotidien berlinois cite également le maire de Kiew, Wladimir Klitschko, qui a souhaité sur Twitter, que Steinmeier confirme sa visite à Kiew. Car il s’est excusé de sa politique passée à l’égard du Kremlin, et il important selon Klitschko de renforcer le lien entre l’Allemagne et l’Ukraine. Berlin reste le « partenaire numéro un », selon le maire de Kiew, et constitue avec l’Ukraine et l’UE un front uni contre Poutine. Klitschko espère donc que la visite de Steinmeier a seulement été repoussée.
Le conseiller de Zelenski, Olexeij Arestowytsch, confirmait au contraire mercredi 13 sur la chaîne de télévision ARD que la visite de Steinmeier avait bien été annulée. Même s’il disait ne pas en connaître les raisons. Il assurait que le président ukrainien attendait par contre la visite du chancelier Scholz afin qu’il prenne des décisions immédiates concernant notamment la livraison d’armes.
Mais Scholz temporise, car « il aurait été bon que le président allemand soit reçu à Kiew ». Il n’envisage pas pour l’instant de répondre à l’invitation du président Zelensky, qu’il a rencontré peu avant le début de la guerre, et avec lequel il s’entretient depuis très régulièrement.
« Nous livrons des armes, nous en avons livrées et nous en livrerons encore », assure le chancelier qui ajoute que l’Allemagne n’agit pas seule, mais en coopération avec ses partenaires européens et transatlantique ».
Scholz ne peut évidemment pas se rendre à Kiew alors que la venue de Steinmeier y a été annulée. Wolgang Büchner, porte parole du gouvernement précise : « Le président fédéral allemand représente la République fédérale. » En annulant son invitation c’est l’Allemagne qui a été écartée. Il rappelle que Steinmeier s’est prononcé clairement solidaire de l’Ukraine, exigeant de Poutine, dés sa réélection le 12 février qu’il « cesse de l’étrangler ».
Pour Friedrich Merz, président de la CDU, principal parti de l’opposition au Bundestag, l’annulation de la visite du président allemand constitue un « affront diplomatique ». Le vice président du parti libéral (FDP), Wolfgang Kubicki, critique également avec virulence l'erreur de Zelensky qui devrait "revenir sur terre".
Mais c’est probablement la politique passée de Steinmeier en faveur de Gazprom’ et des échanges commerciaux et industriels avec la Russie, que Kiew lui fait payer aujourd’hui. Steinmeier fut un défenseur acharné des livraisons de gaz russe et des gazoducs Northstream 1 et 2 via la mer Baltique, lorsqu’il était le bras droit de l’ex chancelier Schröder et le ministre des affaires étrangères d’Angela Merkel.
Les gazoducs sous marins évitent le passage terrestre par l’Ukraine, la Pologne, qui s’estiment ainsi avoir été spoliées par Berlin des rentes de passage du gaz sibérien sur leur territoire. Au profit de Moscou et de Berlin. L’Ukraine, comme la Pologne au sein de l’UE n’avaient cessé de pourfendre cette politique d’entente gazière de Berlin avec Moscou ces dernières années.
L’Allemagne pensait ainsi s’être mise à l’abri des conflits entre la Russie et ses pays voisins en ce qui concerne la livraison du gaz. C’est tout le contraire qui se produit aujourd’hui. Face à l’agression russe le réseau Northstream lui vaut l’accusation d’être dépendante de Moscou et d’alimenter chaque jour en devise la machine de guerre russe contre l’Ukraine.
Une entente d’autant plus critiquée après la nomination de Gerhard Schröder au conseil d’administration de Gazprom’, deux mois après sa défaite aux élections fédérales face à Angela Merkel. Mais l’ex chancelier avait su faire nommer son ex bras droit Steinmeier au poste de ministre des affaires étrangères de la grande coalition rassemblant le SPD et la CDU sous la houlette de la nouvelle chancelière.Cette dernière poursuivi d’ailleurs la politique d’entente avec Moscou de son prédécesseur. Elle donnera le feu vert, en dépit des critiques, au gazoduc Northstream II, aujourd’hui « gelé » par le gouvernement Scholz.
Steinmeier aux affaires étrangères approfondit encore la politique de Schröder vis à vis de la Russie en adoptant le slogan du « rapprochement par l’intégration » , qui prit le relais du « changement par le rapprochement » des pères de l’Ostpolitik, Willy Brands et Egon Bahr. La politique de l’énergie devenait le centre d’une coopération renouvelée avec le Kremlin.
Il a reconnu depuis son erreur. « Nous avons échoué dans la construction de « maison commune de l’Europe » dont la Russie serait partie prenante. Nous avons échoué dans la perspective d’intégrer la Russie dans un système de sécurité commun. » Tant que Poutine sera à la tête de la Russie un retour au statu quo d’avant la guerre sera impossible selon lui.
Un aveu qui ne suffit pas au président Zelensky ?
Le président ukrainien a mis également l’ex-chancelière Angela Merkel sous pression afin qu’elle revienne sur sa politique à l’égard de Moscou. Sans succès pour l’instant. Merkel a seulement condamné pour l’instant l’invasion russe comme un « atteinte éclatante » aux droits des peuples. Zelensky l’a invité à venir se rendre compte à Boucha des crimes de la Russie en compagnie de Nicolas Sarkozy. L’un et l’autre avaient mis leur veto à l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan en 2008, à Bucarest, contre le président des USA George.W Bush.