Pour Kiev, Berlin en fait toujours trop peu
Publié le vendredi 13 mai 2022, 14:39 - modifié le 13/05/22 - Allemagne-Ukraine - Lien permanent
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Lors d’une conférence de presse commune à Berlin le 12 mai, le ministre de l’économie allemand Robert Habeck (Verts) a salué Dmytro Kuleba, ministre des affaires étrangères ukrainien à sa façon de ces mots : « Bienvenu au ministère de l’économie, de la protection du climat et du soutien à l’Ukraine » ! Une formule de politesse inaccoutumée, « à la Habeck » souligne l’hebdomadaire der Spiegel on line.
Kuleba en a profité pour appeler les entreprises allemandes à quitter la Russie afin de cesser d’entretenir la machine de guerre du Kremlin. Il les a incité au contraire à poursuivre leurs activités en Ukraine. Les relations Allemagne-Ukraine ont un avenir certain, selon lui, surtout si son pays obtient cet été le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
Dans un interview au quotidien die Welt, Kuleba s’est montré toujours plus exigeant à l’égard de Berlin. Il revendique la livraison d’armes et d’avions de combat occidentaux modernes, aux normes de l’Otan, et ne veut plus voir se poursuivre la livraison à l’Ukraine d’armes de l’ex-bloc soviétique. Les Tanks T70, ou les chasseurs SU 25... Car « si cette guerre se poursuit, insiste-til, les derniers stocks d’armes de fabrication soviétique seront bientôt épuisés dans les pays qui sont disposés à nous les livrer »…
L’Allemagne s’appuie sur ces livraison d’armes par les pays de l’ex-bloc soviétique, tels que la Tchéquie, la Pologne, pour éviter de livrer directement ce type d’armement soulignent ses critiques. Elle offre en retour de compenser celles-ci en livrant aux pays donateurs des armements modernes aux norme de l’Otan (voir .. . Berlin souligne que les militaires ukrainiens ont besoin de se servir des armements qui leur sont livrées immédiatement. Ce qu’ils peuvent faire avec des armements fabriqués en Russie, qui équipaient déjà leur armée et non avec les armes modernes de l’Otan.
Un argument qui ne satisfait plus Kiew. visiblement. Kuleba a d’ailleurs critiqué de nouveau les « hésitations de l’Allemagne » en ce qui concerne la livraison d’armes lourdes à Kiev. Il souligne que les Gepards, panzer équipé de canons anti-aériens, proposés par Berlin n’ont pas été réclamés du tout par l’Ukraine. Il semble plutôt selon lui que le gouvernement fédéral lui a fait cadeaunt d’armements dont il n’a plus besoin.
Il indique également que les Gepards ont été été livrés sans munition -les obus fabriqués par la Suisse dépendent de l’accord du gouvernement confédéral. « Décider tout d’abord de nous donner des armes que nous n’avons pas demandé pour constater ensuite que l’équipement militaire ne peut pas fonctionner, pose quelques questions ».
La livraison de sept obusiers allemands modernes n’est pas satisfaisante non plus pour le ministre des affaires étrangères ukrainien. Au même moment un tout petit pays membre de l’UE lui annonçait également la livraison de sept armes lourdes du même type. L’Allemagne ne respecte pas les proportions que lui assurent sa place de première économie de l’UE, assène Kuleba.
Le ministre des affaires étrangères ukrainien a cependant décidé de tirer un trait sur la politique pro-russe du SPD, le parti du chancelier Scholz, au cours des dernières décennies. Cible des critiques aujourd’hui.
« Les relations entre la Russie et l’Allemagne d’avant la guerre et le rôle des sociaux démocrates, sont de l’histoire,maintenant ,» résumait Dmytro Kuleba au sortir de sa rencontre à Berlin avec le président du SPD, Lars Klingbail, et le chef du groupe parlementaire du SPD au Bundestag Rolf Mützenich. Il a souligné qu’avec Olaf Scholz un chancelier social-démocrate avait accompli le tournant à l’égard de la Russie en ce qui concerne la politique énergétique et les livraisons d’armes allemandes.
Je sais que ce sont des décisions difficiles à prendre a-t-il insisté.
Mais le fait que le chancelier ait agit ainsi avec le soutien de son parti est pour lui une démonstration de force : » vous êtes assez fort pour reconnaître que la politique précédente a échoué et que vous avez besoin d’une nouvelle. »