SPD-Merkel, le premier pas

 Un "mini-congrès" sous tension s'est tenu vendredi 27 septembre au siège du SPD à Berlin.
Il visait seulement à obtenir le feu vert des délégués pour répondre à l'invitation de la chancelière à une première rencontre, à propos de la constitution d'une éventuelle grande coalition gouvernementale. Faute de majorité au Bundestag, la CDU d'Angela Merkel et la CSU bavaroise, sont en quête de partenaire.  angelavision.jpg
Peer Steinbrück le candidat chancelier malheureux du SPD, ré-élu au Bundestag, a confirmé qu'il ne briguerait pas de nouvelles responsabilité au sein du parti ou d'un éventuel gouvernement de coalition. Il sera néanmoins partie-prenante de la délégation du SPD qui rencontrera l'Union CDU/CSU.
Les sociaux-démocrates sont divisés de la base au sommet, à l'égard de ces futures négociations. L'expérience de la grande coalition 2005-2009 leur a laissé le souvenir d'une défaite électorale cuisante en conclusion, avec 23,6 % des voix lors des élections fédérales de 2009, le pire des scores de l'après guerre. "Nous ne voulons pas être les garants de la majorité, pour la mise en œuvre d'une mauvaise politique". C'est l'un des nombreux avis de membres du SPD qui figure sur la page Facebook qui vient d'être créée « la base des sociaux-démocrates contre une grande coalition ».
Nombre de poids lourds du parti dans les Länder affichent également leur scepticisme. « Le SPD est évidemment prêt à ouvrir des discussions avec l'Union CDU/CSU, explique Hannelore Kraft, présidente du Land de Rhénanie du nord-Westphalie. Mais le résultat est absolument ouvert dans un sens comme dans l'autre. Nous nous orienterons sur le contenu. »
Une réserve qui tient aux prochaines élections communales dans le premier Land allemand en 2014, le SPD ne veut pas fragiliser ses chances en participant à un gouvernement Merkel-bis.
Face à cette situation délicate, le président du parti, Sigmar Gabriel, a choisi la prudence. L'ouverture de négociations, devrait suivre le premier contact avec la chancelière décidé hier soir. Elles devront être là encore approuvées tout d'abord par un mini-congrès du parti. Et si ces négociations éventuelles aboutissaient, les 470 000 adhérents du parti auront le dernier mot. Ils décideraient par un référendum, de la constitution ou non d'une grande coalition. C'est une première dans l'histoire du SPD.
La réponse dépendra évidemment du programme négocié entre les deux blocs, démocrates-chrétiens et sociaux-démocrates et des postes ministériels qui seraient offerts par la CDU/CSU au SPD. Celui ci place la barre très haut et veut avec ses 25,7 % des suffrages, parler à égalité avec l'Union, qui pèse 41,5 %. Le SPD revendiquerait notamment le poste de ministre des finances, que détient actueIlemment Wolfgang Schäuble. Il exigerait la mise en œuvre du salaire minimum horaire de 8,50 euros pour tous, une politique familiale qui donne la priorité aux équipements collectifs au lieu de la primes à l'éducation des enfants à la maison chère à la CSU, une hausse des impôts permettant la relance des investissements et la rénovation des infrastructures, un frein à la hausse des loyers, une réduction du coût du tournant énergétique pour les petits budgets.
L'Europe sera également au menu, le SPD tenant à donner de l'air au pays du sud, asphyxiés, selon lui, par la politique unilatérale de la chancelière.
La consultation des militants pourrait être organisée avant le congrès du SPD du 14 novembre à Leipzig qui aura finalement le dernier mot. On est donc encore loin de la constitution d'un nouveau gouvernement. Le Bundestag tiendra le 22 octobre sa réunion constituante. Le cabinet Merkel actuel, avec ses cinq ministres libéraux éliminés du Bundestag sera toujours en poste.
Si l'on craint au sein du SPD les conséquences futures d'une coalition avec Merkel, certains redoutent au sein de la démocratie-chrétienne qu'une nouvelle grande coalition ne tienne pas quatre ans, jusqu'en 2017. Après deux ans de gouvernement et de confrontation au sein du Bundestag ou l'opposition dispose d'une petite majorité, le SPD pourrait rompre l'alliance et faire élire un chancelier avec l'appui des verts et de die Linke. Ce serait une revanche tardive du renversement du chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, par Helmut Kohl, en octobre 1982, à la suite du retournement des libéraux, abandonnant les sociaux-démocrates pour s'allier avec la CDU/CSU.
Si les sociaux démocrates se sont engagés en effet à ne pas gouverner avec die Linke au lendemain des élections du 22 septembre, qu'adviendra-t-il dans les années à venir?
Renoncer définitivement à toute alliance à sa gauche condamnerait le PS à demeurer le partenaire junior de la démocratie-chrétienne. Incapable de conduire une alternative politique et d'accéder ainsi à la chancellerie. Die Linke a déjà proposé au SPD de faire adopter au nouveau Bundestag, le salaire minimum pour tous que revendiquent les trois partis d'opposition. Une initiative en ce sens avait déjà été prise par le Bundesrat ou le SPD, les Verts, et die Linke ont la majorité. Mais le gouvernement Merkel l'avait rejetée. La chancelière disposait à l'époque d'une majorité avec les libéraux du FDP. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Le SPD n'a pas répondu pour l"instant aux avances de die Linke.

Michel Verrier

Author: Michel Verrier

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