Crimes de la NSU, "Pourquoi"?
Publié le jeudi 03 octobre 2013, 11:31 - modifié le 13/10/13 - Néo-Nazis - Lien permanent
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«J’avais cinq enfants, il ne m’en reste que quatre», le témoignage d’ Halit Yozgat, le père d’Ismail, 21 ans, abattu en 2006 à Kassel par le duo nazi de la NSU (clandestinité national socialiste) , Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos, a touché l'assistance, mardi 1er octobre, dans la salle du tribunal de Münich ou est jugée Beate Zschäpe, la seule survivante du groupe clandestin qui tua 10 personnes -d’origine turque pour 8 d’entre elles-, sans être repérée par la police.
Halit Yozgat a découvert son fils baignant dans le sang derrière le comptoir du café Internet familial dont il avait pris la charge pendant que son père était allé faire une course. Deux jours plus tard la famille Yozgat l'enterrait en Turquie. Le père ne peut retenir ses larmes en évoquant la cérémonie et sa voix flanche, rapporte Spiegel on line. Puis il se tourne vers l’accusée: "Pourquoi avez vous tué mon fils? Que vous avait-il fait?"
Tandis que la famille séjournait en Turquie pendant dix jours, les rumeurs se répandaient en Allemagne selon lesquelles la police aurait trouvé 40 000 euros suspects chez Halit. "Pendant cinq ans et demi nous nous sommes cachés, poursuit le père. Tout le monde nous regardait avec hostilité, les Allemands comme les Turcs. Tous demandaient: pourquoi ont-ils tué ton fils à cause du Haschish, de l’héroïne, de la Mafia ?"
Toutes les familles turques -et grecque pour l'une des victimes- seront soumises à ces insinuations, ces accusations, d'avoir partie liée avec les milieux criminels, jusqu'à ce que le groupe nazi soit identifié par hasard, lors d'un hold-up raté. L'une des commissions spéciale d' enquête mise en place par la police pour éclaircir ces meurtres en série, portait le nom de "Bosphore". On évoquait dans les médias, reprenant les explications officielles qui avaient cour à l'époque, une hypothétique "Mafia du Kebab" dont les victimes auraient enfreint les règles.
Mercredi 2 octobre ce fut au tour de la mère d'Ismail de témoigner. Elle s' adressera directement à Beate Zschäpe. Ayse Yozgat s'exprime en turc. "Je me demande toujours, pourquoi est-ce arrivé". Elle demande à l'accusée d'expliquer les faits, car "elle ne doit pas endosser les crimes des autres." Zschäpe écoute, avec attention, semble-t-il, souligne le Süddeutsche Zeitung. Puis Ayse Yozgat conclu: "pensez toujours à moi le soir quand vous vous mettez au lit, pensez que moi je n'arrive pas à dormir." Depuis 7 ans.
Le tribunal a cherché à faire la lumière également au cours de ces deux jours sur la présence d'Andreas T. dit "Alex", sur les lieux du crime. Il travaillait à l'époque pour les services de renseignements des organismes de sécurité officiels, la "Verfassungsschutz". Andreas T. prétend ne pas avoir entendu les coups de feu et n'avoir pas vu les criminels. Il était en train de surfer sur un site de rencontres érotiques -une activité qu'il cachait à sa femme.
Avant de partir, ne voyant pas le tenancier du café, il serait parti en laissant une pièce sur le comptoir, affirme-t-il et n'aurait pas vu non plus le cadavre, étendu derrière -alors qu'il mesure 1,90 m, note le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Mais surtout Andreas T. s'est gardé de signaler sa présence dans le café internet lorsque l'assassinat est devenu publique. Il a été confondu ensuite par l'enquête policière qui a mis à jour l'identité des clients du café le jour du crime.
Andreas T. était chargé du contact avec des indicateurs au sein de l'extrême droite néo-nazie, notamment un nommé Benjamin, avec lequel il se serait longtemps entretenu au téléphone, le jour du crime.
Andreas T. jure de son innocence. Mais il est difficile pour les spécialistes de croire qu'un agent des services de renseignements peut ignorer ainsi un crime qui se déroule sous ses yeux. A moins que cela ne soit l'un des exemples de ce dilettantisme des services de sécurité qui explique pourquoi les nazis de la NSU ont pu vivre ainsi treize ans, dans la clandestinité, sans être inquiété.
Pour en savoir plus:
Le procès de la faillite des autorités policières.
L'étrange assassinat d'une policière par les nazis
Trois terroristes nazis impunis pendant 13 ans