Sigmar Gabriel, SPD, futur vice-chancelier ?
Publié le vendredi 18 octobre 2013, 11:29 - modifié le 22/11/17 - Gouvernement - Lien permanent
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Sigmar Gabriel, président du SPD, sera le prochain vice-chancelier allemand si les négociations envisagées hier avec l'Union CDU/CSU et Angela Merkel sont couronnées de succès. Après une troisième consultation avec les délégations de l'Union démocrate chrétienne, CDU/CSU, et un tête à tête à trois avec Angela Merkel présidente de la CDU et Horst Seehofer, président de la CSU bavaroise, la délégation du SPD a estimé "sensé" , à l'unanimité, d'ouvrir les négociations pour une nouvelle grande coalition.
Gabriel devra faire avaliser cette décision dimanche par un mini-congrès du SPD. Et si les négociations sont concluantes -elles dureront probablement jusqu'à fin novembre au moins- la direction du SPD devra encore obtenir l'assentiment du parti, avant de mettre en pratique l'accord entre les trois partis, lors d'un référendum auprès de ses 470000 adhérents.
Une procédure inhabituelle qui lui permet de ne pas se couper de la base du SPD, méfiante aujourd'hui. Une assurance aussi à l'égard des démocrates chrétiens qui doivent du coup tenir compte de ce que ces négociations se déroulent sous la surveillance de la base du parti social-démocrate.
L'annonce par le président de la CSU, Horst Seehofer, dés mardi, qu'il accepterait le salaire minimum fédéral de 8,50 euros revendiqué par le SPD indique qu'il a bien saisi le problème. Il donnait ainsi à la direction du SPD une bonne raison d'accepter l'ouverture de négociations pour la grande coalition, alors que cette revendication avait été rejetée encore semble-t-il par les démocrates chrétiens, lors des négociations avec les Verts qui ont échoué lundi ( voir le billet "Pas d'accord entre la CDU/CSU et les Verts" ).
Mais Seehofer a précisé, en même temps qu'un tel salaire minimum devrait être adapté aux exigences du maintien de l'emploi, ce qui laisse toutes les marges de manoeuvre pour négocier toutes les exceptions posibles à son application.
Sigmar Gabriel, 54 ans a été élu en novembre 2009 à la présidence du parti social-démocrate avec 94,2% des voix, en tirant à sa façon les leçons de l'époque Schröder, au lendemain de la débâcle électorale enregistrée par les sociaux-démocrates après les quatre ans de la grande coalition constituée en 2005 avec Merkel, à la suite de la défaite électorale de l'ex chancelier-Schröder. Il "héritait" alors d'un parti démoralisé, dévitalisé, et dont les organismes de base, dans les villes et circonscriptions avaient éte désertées par les adhérents après huit ans de règne de la direction Schröder-Müntefering (Franz Müntefering président du SPD sous Schröder sera ministre du travail et "père" de la retraite à 67 ans dans la grande coalition SPD CDU/CSU de 2005 à 2009).
Le nouveau président du SPD avait également réglé son compte devant les congressistes au mythique "nouveau centre" cher à l'ex-chancelier, dont la conquête avait conduit le SPD, selon lui, à rogner les angles de son programme social, au profit des fameuses réformes du marché du travail, Harz IV, perdant alors une bonne part de son électorat salarié. Une politique qui provoqua "une seconde scission dans nos rangs", après celle des verts, soulignait-il. Gabriel donnait ainsi un coup de barre à gauche pour redonner du souffle à son parti, sans condamner pour autant les réformes du marché du travail à la Schröder dont il estimait seulement nécessaire de corriger les excès. Une politique qui n'a guère eu de succès jusqu'à présent, si l'on en juge du score du SPD, qui a recueilli 25,7% des suffrages aux dernières élections
Gabriel vient de Basse-Saxe, le Land dont Gerard Schröder était ministre président avant d'être élu chancelier. Et Sigmar Gabriel prit justement sa succession en 1999 à Hannovre, à la chancellerie et enregistra une débâcle électorale dés 2003, face au démocrate-chrétien Christian Wulff. Il faisait, entre autres, les frais du désenchantement de la politique de Schröder et des Verts.
On ne donnait pas cher alors de son avenir au SPD, dont il fut nommé délégué à la "culture pop", ce qui lui valut le surnom de "Siggi Pop" -en référence au chanteur Iggy Pop. Il fit également face à des soupçons d'utilisation à des fins personnelles de son poste au conseil d'administration de VW -ou il siégea en tant que représentant du Land.
Gabriel remonta la pente à partir de 2005 après avoir été nommé ministre de l'environnement dans la grande coalition d'Angela Merkel. Un poste qu'il occupa avec d'autant plus d'intérêt qu'il est député de la circonscription de Salzgitter-Wolfenbuttel ou se trouve le site de stockage de déchets nucléaires d'Asse II. Le nouveau ministre contribua alors à mettre fin à la gestion scandaleuse du site, transformant l'ancienne mine de sel en marmite infernale. Asse II devrait finalement être vidé des déchets qui y ont été entreposés depuis des décennies et qui menacent la région avoisinante, en raison des infiltrations et de l'impossibilité à terme de pénétrer dans les galeries de la mine qui s'effondrent.
Originaire de Goslar, petite ville de la région, Gabriel dit avoir hérité de son enfance une "colère indomptable". Né dans une famille très modeste, il fut confié après le divorce de ses parents, alors qu'il avait trois ans, à son père, un incorrigible "nazi" qui n'avait remis en rien ses idées en cause au lendemain de la défaite du IIIè Reich, révéla-t-il dans un interview à l'hebdomadaire die Zeit en 2012 -son père est décédé à cette époque. Il endura jusqu'à dix ans, punitions, corrections et vexations, avant d'être récupéré et sauvé, selon lui, par sa mère, qu'il vénère.
"Nouveau papa", Sigmar Gabriel prit en avril 2012, un congé parental de quelques mois lors de la naissance de sa fille, Marie. Puis il épousa sa compagne, dentiste, dont il avait fait connaissance en 2008 à Halle aux urgences, lors d'une rage de dent.