Allemagne-Grèce cacophonie sur le 3è plan
Publié le vendredi 14 août 2015, 19:07 - modifié le 14/08/15 - Europe - Lien permanent
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Le "Grexit" menace si les négociations échouent. Tsipras le sait. La grande majorité des électeurs ne lui pardonnerait pas. « Il est donc prêt à jeter toutes ses promesses électorales par dessus bord, poursuit le quotidien berlinois. Mais on peut douter qu’il mette en œuvre les réformes, contre-partie du nouveau plan d’aide. Il décrit lui même celui-ci comme un mauvais accord qui lui a été imposé. Ce plan ne passera d’ailleurs au parlement d’Athènes qu’avec l’aide de l’opposition, son propre parti est à la veille d’une scission. Tsipras joue avec la perspective de nouvelles élections ce qui serait le contraire de ce que la Grèce nécessite actuellement, la stabilité et la continuité. »
« Ce plan d’aide n’en est pas un c’est un plan d’épargne », commente le Süddeutsche Zeitung (12/08/15). La Grèce doit tailler dans ses dépenses, dans les retraites et vendre ses biens. « Nombre d’obligations auxquelles doit se plier Athènes pour obtenir de nouveau milliards de crédits sont justifiées et urgentes. Mais elle ne réaliserons en rien une seule chose, la croissance ». Or ce dont la Grèce a besoin poursuit le quotidien de Münich n’est pas une plan d’épargne mais un programme de réformes qui indique une claire perspective de croissance. Avec un surcroît d’épargne les objectifs budgétaires ambitieux des créditeurs ne seront pas atteints.
« Athènes a besoin de réformes de structures, d’une administration de ses finances efficace, et d’autorité fiscale indépendante et d’un assurance chômage moderne. Et pourtant qu’impose-t-on à la Grèce sous la pression de ses partenaires européens? L’augmentation de la TVA. La meilleur façon d’éliminer tout germe de croissance ».
Tout dépend des investissements futurs en Grèce. « Mais qui s’y aventurera avec un gouvernement dégradé au rang de receveur d’ordre? Qui va risquer son argent alors que la menace du Grexit est une option toujours sur la table? Qui fera confiance à un pays dont la dette est insoutenable? Qui veut réellement maintenir la Grèce dans la zone euro doit réellement l’aider. Et l’effacement de la dette fait partie du lot. C’est la seule façon de permettre la croissance. »
Mais l’effacement de la dette est encore un «interdit» à Berlin. Merkel a promis à ses électeurs que le sauvetage de la Grèce ne leur coûterait pas un cent. Schäuble prétend de son côté qu’un effacement de la dette est interdit par les traités au sein de l’Eurozone -d’ou sa solution le «Grexit». L’Allemagne se retrouve donc en quelque sorte dans une impasse. Merkel, Schäuble et les députés de l’Union chrétienne exigent la participation du FMI au futur plan de sauvetage -certains députés en font la condition de leur vote au Bundestag. Le FMI quant à lui ne veut pas s’engager dans une nouveau crédit astronomique de plus de 80 milliards si la dette de la Grèce n’est pas substantiellement réduite. Faute de quoi il juge celle-ci insupportable et mettant en cause la viabilité même du 3è plan.
Mais Berlin ne peut imposer ses quatre volontés au FMI, comme à Bruxelles. Merkel trouvera-t-elle une solution de dernière minute, lui permettant de faire voter le plan d’aide au Bundestag, même sans la participation du FMI à celui-ci? Jusqu’à la réunion de l’Eurogroupe de ce vendredi le gouvernement allemand ne semblait pas sur la même longueur d’onde. Merkel gardait le silence selon sa tactique de gouvernement préféré. Schäuble faisait connaître un commentaire critique radical de l’accord signé à Athènes entre le gouvernement grec et les «institutions» laissant présager un blocage de Berlin lors de la réunion de l’Eurogroupe.
Le vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) s’insurgeant de son côté contre l’attitude de Schäuble ne représentant pas selon lui la politique du gouvernement, et se félicitant du texte signé à Athènes.
Le texte du ministère des finances, s’il n’est pas la position du gouvernement allemand et de la chancelière, est en tout cas abondamment diffusé et commenté dans la presse comme la position de Berlin. «L’Allemagne s’isole encore avec ses critiques radicales de points de l’accord», note le Süddeutsche Zeitung, quotidien de Münich.
Celles-ci visent d'abord la soutenabilité de la dette. Le ministère des finances allemand (BMF) demande au FMI s’il pose les mêmes conditions que le mécanisme de stabilité de l’euro -dirigé par l’Allemand Klaus Regling- et à quel niveau il serait prêt à participer au 3è plan de sauvetage. La directrice du FMI, Christine Lagarde aurait assuré que les 16 milliards d’aide de la tranche d’aide précédente restaient disponibles.
Le BMF s’inquiète également de la rapidité avec laquelle le fonds de privatisation -une idée de Schäuble- réalisera les premières privatisations et estime insuffisante la «Task-Force» évoquée dans le texte d’Athènes qui doit en faire la liste. Les objectifs d’équilibre budgétaire avant paiement de la dette ne sont que partiellement remplis selon Berlin, d’autant que les ratios ont été considérablement allégés par rapport aux exigences précédentes des créditeurs.
Le planning d’échéances auxquelles seront vérifiées l’application des réformes du marché du travail et des prestations sociales n’est pas complet non plus. Alors que celles-ci conditionnnent le versement des aides à Athènes. Les compensations pour les réductions de retraite jugées inconstitutionnelles par la cours d’Athènes et qui devront être remboursées à leurs titulaires ne sont pas définies -on notera au passage le sérieux des réformes exigées par les « institutions », dont Athènes est obligé ensuite de dédommager les victimes...
Toutes ces critiques servent à justifier une attitude attentiste de l’Allemagne qui consisterait à refuser le bénéfice du 3è plan d’aide à Athènes et de verser les fonds nécessaires par tranches, après vérification de l’avancée et de la réalisation du plan de réformes. Un calcul qui ne ferait que prolonger l’incertitude sur la stabilité d’Athènes au sein de la zone euro, laissant ouverte la solution du Grexit, chère à Schäuble.