Cologne Dresde, les ratées du mouvement xénophobe
Publié le jeudi 12 novembre 2015, 16:06 - Xénophobie, Racisme - Lien permanent
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Hogesa, le mouvement « Hooligans gegen Salafisten », né à Cologne, est beaucoup moins célèbre que Pegida , « Patriotischen Europaer gegen islamisierung des Abendlandes», ancré à Dresde en Saxe, dans l'ex RDA. Les deux mouvements anti-islamiste et xénophobes ont fété récemment leur première année d'existence. Le rassemblement de Dresde lundi 26 octobre était conséquent, comptant 10000 à 12000 personnes, sans atteindre pour autant la dimension à laquelle il était parvenu l'hiver dernier, avec jusqu'à 25000 participants -mais les anti-Pegida ont fait mieux à Dresde rappelons le à la même époque, avec 35000 personnes.
A Cologne pour Hogesa par contre le premier anniversaire fut une débâcle. Un rassemblement de 1000 nazis et hooligans, a fait face à 10000 contre-manifestants dimanche 25 octobre. Il y a un an Hogesa avait rassemblé 5000 manifestants à la même date. La manifestation avait dégénéré, 1500 policiers ne parvenant pas alors à contenir des hordes de radicaux d'extrême droite enivrés et de fans de foot « cogneurs » tandis qu'ils s'attaquaient aux journalistes et aux magasins.
Cette fois 4500 policiers contrôlaient chaque participant, empêchant toute consommation d'alcool et vérifiant qu'ils n'étaient pas armés avant qu'ils ne rejoignent leur troupe. Parqué sur une place à la périphérie de la capitale rhénane, Hogesa 2.0 est resté pratiquement isolé de la population et « a fait flop », selon le quotidien die Welt. « Nous sommes de retour, nous sommes le pouvoir » clamait néanmoins,Dominik Roeseler l'un des organisateurs du rassemblement un bras levé vers le ciel -ce qui était censé être un geste de triomphe. « On ne pouvait pourtant parler de victoire en rien, note l'hebdomadaire der Spiegel ». Nous avons rassemblés ici un petit groupe solide vitupérait certes un orateur. Mais le groupe était si petit qu'il fut même incapable pendant des heures de « rassembler un service d'ordre reconnu par la police, condition requise dés le début de la manifestation. »
Les manifestants veulent sauver Cologne du déclin des pays d'occident. Mais Cologne n'a visiblement pas envie de se faire sauver par ces gens là et Cologne ne plie pas face aux Hooligans adeptes de la violence et les néo-nazis », a proclamé la vice-maire Elfi Scho-Antwerpes, dont les propos son rapportés par le quotidien berlinois Tagesspiegel.« Cette ville nous appartient et c'est nous qui décidons ce qui s'y passe », insistait un orateur au rassemblement des contre-manifestants. La nouvelle maire de Cologne, Henriette Recker aurait certainement défilé dans les premiers rangs de la contre-manifestation, mais elle était encore à l'hôpital. Après avoir été grièvement blessée la semaine dernière à coup de poignard par un militant d'extrême droite Franck.S.
Le rassemblement d'Hogesa devait à l'origine rejoindre une manifestation appelée par Kögida, qui voudrait être le pendant de Pegida Dresde. Roeseler et le chef de Kögida sont membre tous les deux du parti d'extrême droite établi à Cologne Pro NRW (« Pour la Rhénanie du Nord Westphalie »). Mais Kögida annula finalement son initiative. Il n'y avait pas trace à Cologne de ces « citoyens en colère » qui ont fait la force de Pegida à Dresde. Cologne rassemblait un mélange d'hommes aux airs de gros durs aux lunettes et casquettes noires, T-Shirts d'Hogesa et vestes de casseurs. Extrémistes de droites, hooligans et Skinheads.
Mais les « citoyens en colère » saxons semblent également s'essouffler, la dernière manifestation de Pegida à Dresde le 9 novembre, jour anniversaire de la nuit de cristal de 1938 et de la chute du mur en 1989 rassemblait 7000 à 8000 personnes, contre 7000 contre manifestants rassemblés sous la bannière « Herz Statt Hetze » ou le cœur plutôt que la haine. A Dresde, le fief de Pegida, 60 % des habitants rejettent le mouvement xénophobe, selon une étude de l'Université technique, conduite à partir d'un échantillon représentatif cité par die Zeit on line. 41 % des sondés affichent une attitude positive à l'égard des réfugiés et se déclarent prêts à les accueillir. Un résultat qui contredit l'impression répandue parfois, selon laquelle la majorité des habitants de Dresde soutiendrait Pegida.
Plus de la moitié des sondés ne ressentent au contraire aucune menace contre leur culture, à l'inverse des pégidistes, et ils ne voient aucun problème à ce qu'un foyer d'asile s'établisse dans leur voisinage. Mais la moitié des sondés n'en revendique pas moins des lois plus sévères pour réglementer le droit d'asile, un quart d'entre eux estimant que les réfugiés utilisent l'état social et 20 %, affichent un rejet affirmé des demandeurs d'asile. La division traverse en profondeur la population de la capitale saxonne et ses racines sont profondes. En attendant Pegida dégrade l'image de la Saxe, les touristes sont toujours moins nombreux, les cadres, ingénieurs et scientifiques, s'en inquiètent et sont réticents à venir s'installer à Dresde pourtant réputée comme la ville phare de l'ex RDA en ce qui concerne les nouvelles technologies, l'informatique. « Le dommage culturel et économique est déjà Massif pour l'état libre de Saxe, s'inquiète le ministre de l'économie du Land Martin Dulig (SPD), dont les propos sont rapportés par le Frankfurter Allgemeine Zeitung . » Le site est devenu moins attractif à l'étranger, ceci pour des années, prévient Oliver Holtmöller, économiste à l'institut de recherche économique de Halle.
La xénophobie, incite de moins en moins de migrants qualifiés à venir à Dresde ou à s'y installer. Avant de venir tenir une conférence ou de présenter leur candidature, les chercheurs étrangers s'inquiètent de savoir si Dresde est une ville sure, explique Liu Hao Tieng, directeur de l'institut Max-Planck de physique et chimie.