AfD, à droite, sans bornes
Publié le jeudi 05 mai 2016, 01:52 - Xénophobie, Racisme - Lien permanent
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Les associations islamiques doivent y renoncer ouvertement. L'islam ne connaît pas selon lui la séparation entre le politique et le religieux. Les résolutions de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) ne visent, selon lui, aucun musulman en Allemagne en particulier, mais l'islam politique et les commandements de la charia rapporte le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Il justifie également l'interdiction des minarets et de l'appel du muezzin à la prière. Car ce sont des manifestation de la volonté dominatrice de l'islam. A l'égard des juifs, il souligne que leur existence en Allemagne sera protégée par l'Afd, mais justifie néanmoins l'interdiction de la viande cachère. L'abattage rituel, "contrairement à la circoncision", n'est pas un rite central de la religion juive, selon lui.
Gauland défend par ailleurs la perspective de rejoindre le Front national français de Marine le Pen au parlement européen. Un projet défendu par le député européen de l'AfD Marcus Pretzell, à la suite de son expulsion du groupe des conservateurs et des réformateurs (EKR). Gauland doute que le FN et sa président puisse être rangés sous l'étiquette de l'extrême droite et souligne qu'il s'agit avant tout d'amalgamer les forces qui veulent éviter la constitution d'un « super-état européen ».
L'AfD milite pour une nouvelle Allemagne, selon le politologue Karl-Rudolf Korte. « A l'ouest le parti est plutôt national-conservateur, à l'est en partie xénophobe. » L'AfD se présente comme un parti national allemand, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il rejette l'immigration et veut remettre en cause en partie la construction de l'Europe, comme l'union bancaire ou l'intégration de la Turquie à l'Union européenne.
« Nous ne devons pas répéter les erreurs des années soixante et soixante dix et chercher à combler le manque de main d'œuvre à l'étranger ». Un rejet de la vague d'immigration organisée des Gastarbeiter venus en majorité de Turquie renforcer la main d'oeuvre dont avait besoin l'économie allemande.
L'AfD a quelques difficultés à se distancer de l'extrême-droite. Sous l'impulsion de la présidente du parti, Frauke Petry, le parti a ainsi dû voter la dissolution de sa fédération de la Sarre, en raison de ses contacts avec les milieux extrémistes. Elle estime qu'il s'agit là d'un signal envoyé aux militants, prouvant que « chacun ne peut pas faire ce qui lui plaît ».

Mais la décision a été prise avec une très faible majorité : 51,9 % des délégués contre 48 %. Le chef du groupe parlementaire et droite nationale AfD en Thuringe, Björn Höcke, a regretté pour sa part la dissolution de la fédération sarroise. Un test qui démonte combien l'AfD est divisé sur ses liens avec l'extrême droite. Le succès d'une courte majorité de Frauke Petry n'a pas renforcé l'homogénéité du parti au contraire, estime le Süddeutsche Zeitung.
L'AfD débat maintenant de « jusqu'ou on peut aller à droite », dans la plupart des groupes parlementaires des Länder ou il est représenté. La présidente du parti apparaît ainsi modérée par rapport aux courants « völkisch », nationalistes de droite. De nombreux adhérents qui lui sont proches estiment même qu'elle l'est trop. Elle évoquait avant le congrès de Stuttgart la ligne rouge à ne pas franchir. Le parti devant choisir, selon elle, entre demeurer conservateur et libéral ou national-social, laissant planer une menace de démission dans ce cas.
Mais le congrès a démontré combien le courant de droite nationale est puissant alors que l'influence de Petry se réduit. C'est la conséquences des nombreuses occasions manquées de la présidente du parti de mettre des bornes à droite, face aux affirmations racistes à l'égard de l'Afriquede Björn Höcke porte parole de la droite nationale, très applaudi lors de son discours au congrès.
Pour l'AfD, note die Zeit, "la liberté de l'individu s'arrête là ou elle entre en conflit avec la volonté populaire allemande et sa culture". Le parti "Alternative pour l'Allemagne" représente une vision de la politique selon laquelle les majorités ont toujours raison, et les minorités doivent s'y plier. C'est là le véritable problème que pose ce parti, beaucoup plus que l'interdiction des minarets.
Que les choses puissent changer, ne fait pas partie du programme et de la vision du monde de l'AfD. Le « nous » populaire allemand et le « vous » des étrangers musulmans n'ont pas vocation à se mêler, cela constituerait un danger. « Qui est Allemand, le restera. Qui reste musulman sera toujours un adversaire. » « Une réforme des lumières au sein de l'Islam n'est pas réaliste et n'est pas souhaitable » d'ailleurs, selon le programme adopté au congrès.
La politique à l'égard des migrants et des demandeurs d'asile a été l'un des thèmes principaux du congrès souligne le quotidien berlinois Tageszeitung. Le parti veut limiter drastiquement l'immigration, renforcer les contrôles aux frontières, et durcir encore les conditions pour accéder à la nationalité allemande. Un amendement proposant 200000 expulsions au minimum par an a été rejeté comme « impraticable ». Un orateur plaidant pour les bienfaits de l'immigration s'est fait huer. Tandis qu'un autre proposait l'abolition du droit d'asile au débat, sans trouver cependant beaucoup d'écho.
Petry s'est séparée des adhérents du parti lors d'un show, se réjouissant de l'énorme attention médiatique dont a bénéficié le congrès. Elle a pu « lire ainsi que le parti était allemand national, ce qui n'est pas une si mauvaise étiquette pour un parti allemand a-t-elle conclu. »