Critiquer la chancelière ne séduit pas l'électorat CDU
Publié le samedi 27 février 2016, 15:39 - modifié le 08/03/16 - Gouvernement - Lien permanent
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Les responsables politiques, analystes et médias qui ne cessent d'épiloguer sur l'isolement d'Angela Merkel provoqué par sa politique des réfugiés risquent d'y perdre leur latin. Si les sondages se confirment lors des élections du 13 mars prochain dans les Länder du Bad Wurtemberg et de Rheinland Pfalz. Les candidats de la CDU, Guido Wolf et Julia Klöckner qui ont précisément pris leurs distance avec le libéralisme de la chancelière, réclament un changement de ligne de leur parti et une limitation de l'accueil des réfugiés ne voient pas leurs scores s'améliorer, au contraire.
En Bad Würtemberg (Stuttgart), le candidat de la CDU est actuellement au code à coude, voire dépassé par Winfried Kretschmann, le ministre président sortant des Verts qui soutient lui ouvertement la politique des réfugiés d'Angela Merkel. En Rheinland Pfalz (Mainz), la candidate du SPD, Malu Dreyer, ministre présidente sortante elle aussi est en train de rattraper Julia Klöckner.

Tout ceci équivaudra à « un tremblement de terre dans le paysage politique si le scrutin confirme ces pronostics selon le quotidien berlinois Tagesspiegel, qui note par ailleurs qu'en Saxe-Anhalt ou l'on votera également le 13 mars, c'est l'ascension vertigineuse dans les sondages de l'Afd, Alternative für Deutschland, hostile aux réfugiés, qui fait sensation.
La politique de Merkel ne serait-elle donc pas aussi catastrophique que cela pour les voix de ses électeurs? Est-ce même l'inverse. Qu'est-ce qui explique donc ces pronostics qui voient les responsables de la CDU mis en difficulté alors qu'ils prennent leur distance avec la politique des réfugiés de la chancelière censée déstabiliser l'électorat démocrate chrétien, et prônent des mesures strictes de limitation de l'accueil.
Guido Wolf le candidat démocrate-chrétien en Bad Wurtemberg -ou la CDU est le premier des partis depuis des décennies- a sous estimé sans doute l'effet du paradoxe dont ses électeurs sont les témoins: le candidat des Verts défend la politique de la chancelière que son propre parti critique au contraire.
Le cas est identique en Rheiland-Pfalz, plus la candidate démocrate-chrétienne affiche ses divergences avec la politique des réfugiés de Merkel -qui n'en tient aucun compte- et plus son score régresse dans les sondages.
L'éditorialiste du Tagesspiegel berlinois cite Helmut Kohl pour expliquer le phénomène, l'ex chancelier originaire d Rheinland Pfalz, disait que "les gens n'aiment pas ceux qui changent d'opinion particulièrement par vent contraire. Ce sont au contraire ceux qui restent fidèles à leur opinion qui en bénéficient." Les candidats de la CDU qui critiquent la chancelière et sa politique des réfugiés accentueraient du coup le repli d'une part des électeurs démocrates-chrétiens, vers l'Afd, encore plus à droite, suivant le principe mieux vaut l'original que la copie...Tandis que les démocrates-chrétiens qui soutiennent la chancelière et l'accueil des réfugiés se tournent en Bad Würtemberg vers le ministre président des Grünen qui lui défend la politique de Merkel.
Les candidats démocrates chrétiens perdent du coup des deux côtés. On verra le 13 si les votes confirment les pronostics !