Rail, route, les voyages à deux vitesses

Ils seraient déjà plus de 15  millions à avoir fait le choix du bus contre le train en 2014. Le double de 2013.  On peut voyager ainsi de Hambourg à Cologne pour 17 euros. Un tarif sans comparaison avec celui de la Deutsche Bahn. 14 % des Allemands ont déjà voyagé sur longue distance par car, 67 % sont prêt à le faire. La concurrence entre les transporteurs routiers est très rude. Le prix du kilomètre a chuté de de 14 % depuis 2013, à 8,6 cent. Certains ont déjà préféré déclarer forfait. Adac, le club automobile a retiré ses billes de la compagnie constituée avec la Deutsche Post, pour se recentrer sur ses activités traditionnelles (voir mon billet sur le "scandale" de l'Adac). Les deux partenaires détenaient seulement 8 % du marché routier en desservant 60 destinations.Postbus.jpg

La Deutsche Post qui poursuit seule l'aventure est loin derrière le numéro 1 « MeinFernbus » (45%) et « Flixbus » (24 %). Une autre compagnie « DeinBus », pionnier du transport par car, a également fait faillite en novembre. Fondée par des étudiants elle ne détenait que 2 % du marché -DeinBus vendait les tickets via internet les bus étant ensuite affrétés par des transporteurs routiers. Le réseau City2city, filiale du groupe britannique National Express avait déjà fermé boutique en octobre.

 « MeinFernbus », le transporteur en pointe annonce être sorti du rouge et atteindre le « zéro noir » (schwarze Null) c'est à dire l'équilibre cette année, son concurrent Flixbus prévoit de sortir du rouge l'an prochain.

Les grèves des conducteurs de train auraient contribué à renforcer le choix du transport par car. Les transporteurs routiers en tirent d'autant plus bénéfice que les prix des tickets augmentent en proportion de la demande en période de grève du rail. Le PDG de le société de location de voiture Sixt a baptisé le président du syndicat des conducteurs de trains, GDL, « mon meilleur collaborateur » rappelle le Süddeutsche Zeitung.

 La Deutsche Bahn aurait déjà perdu cette année 120 millions d'euros de trafic au profit de la concurrence routière. Les prix dumping pratiqués par les transporteurs routiers sont d'autant plus impitoyables pour le rail qu'il ne peut pas s'épargner le coût de ses propres infrastructures et doit y faire participer le voyageur. Alors que les Bus utilisent le réseau routier qui ne leur coûte pas un cent -en ce qui concerne la construction et l'entretien au moins. Les prix dumping et la concurrence féroce entre les réseaux routiers se répercutent quant à eux sur les salariés, les conducteurs de Bus en premier. Qu'en sera-t-il de l'entretien des véhicules et de la sécurité ? Le réseau routier accroîtra de toute façon inévitablement la pollution à l'heure ou la lutte contre le réchauffement climatique est plus que jamais prioritaire.

Le développement d'un réseau de transports à bas coûts pour le voyageur va de pair par ailleurs avec la croissance d'une société à deux vitesses ou les « travailleurs pauvres » n'ont pas ou plus les moyens de « se payer » le train.

Michel Verrier

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