mercredi 13 février 2008

Le retour de Rütli, comment un collège sort de l'ornière

Le collège Rütli revient de loin. Il y a deux ans la rébellion des enseignants du collège faisait la une de la presse allemande. Dépassés par la violence quotidienne plusieurs d'entre eux renonçaient à faire cours. Dans un appel à l'aide adressé au ministre de l'éducation berlinois, ils suggéraient même de fermer Rütli. Le stress quotidien, était devenu insupportable.
En quelques jours, le collège envahi par les caméras devint le symbole de l'échec, de l'impasse de ces collèges élémentaires (Hauptschule) qui récupèrent les élèves jugés les moins capables au sortir du primaire, dans un quartier problème qui plus est. A Neuköln, la banlieue populaire de Berlin, les allées de HLM côtoient d'anciens bâtiments industriels, le Turc est la seconde langue officielle. Les familles sans ressources n'ont aucun espoirs de voir leurs enfants « en sortir ». Plus de 80%des élèves du collège Rütli sont d'origine immigrée, 34% d'origine arabe, 26% d'origine turc. Et aucun d'entre eux ne trouve de débouché après l'école.
En urgence, les autorités scolaires berlinoises firent appel à Helmut Hochschild, directeur d'un collège élémentaire de Reinickendorf, symbole de la réussite, pour tenter de remettre Rütli sur ses rails. Hochschild se considère à la fois comme « un éducateur, un travailleur social et un conseiller des familles ». Fin psychologue sous des airs de grande gueule, motard endurci débarquant à l'école en blouson de cuir, il sait imposer une autorité sans être autoritaire. Partisan des méthodes scandinaves, il a observé sur place « les classes ou l'on enseigne à deux professeurs, avec le soutien du psychologue et de l'aide familiale ». Son collège de Reinickendorf mélange auto-discipline, écoute et sollicitation des élèves, incitation à l'initiative et au travail d'équipe. Il dispose d'une « station d'aide d'urgence» ouverte en permanence, ou les élèves peuvent venir vider leur sac, devant un médiateur. Ils sont eux même formés à prévenir les affrontements, la violence, avec l'aide de la police locale. Les enseignants volontaires reçoivent un formation psychologique élementaire.
Après avoir fait le constat qu'une bonne part des enseignants de Rütli restait disponibles, le nouveau directeur décida donc de s'atteler à la tâche, en mettant en oeuvre le principe du « Miteinander », du travail « les uns avec les autres ». Les gêneurs dans les classes en sont exclus, temporairement ou non, jusqu'à ce qu'ils respectent ceux qui veulent apprendre et cessent de troubler les cours. "L'enseignement commence vraiment quant on règle ces problèmes". Le succès du collège de Reinickendorf repose sur l'apprentissage dés l'école de l'initiative, de la créativité et du travail en équipe, en dehors de l'enseignement classique. Plusieurs mini-sociétés, animées uniquement par les écoliers fabriquent des meubles, des vêtements, font fonctionner la cafétaria du collège, un atelier photo et un atelier ski. Ils gèrent et administrent eux même leurs minis sociétés, assurent les relations avec la clientèle, le service après vente.
La méthode a été transposée à Rütli. Après le montage d'un spectacle musical, public, pour « montrer qu'on tournait la page», les élèves ont choisi de mettre sur pied un atelier de confection, ils se sont chargés de trouver sa ligne et se sont notamment taillé une célébrité à Berlin, avec le « T-shirt Rutli ». « Les écoliers, écolières montrent ainsi ce qu'ils sont vraiment, assure une collégienne».
Ils racontent eux même l'histoire sur leur site Ruetli.biz

Un appel d'air qui a remis Rütli sur ses rails. Un redressement qui aurait été impossible sans les liens que le nouveau directeur a contribué à re-tisser avec l'environnement, le collège et le lycée voisins, les jardins d'enfants, les associations familiales, et les entrepreneur, artisans volontaires, designer ou créateurs, tous disposés à donner un coup de main, pour sortir Rütli de l'ornière. Le collège est devenu aujourd'hui un modèle à suivre. La municipalité envisage la création d'un campus, qui regrouperait les établissements scolaires voisins et permettrait les échanges, les aides réciproques le « Miteinander ».

samedi 9 février 2008

L'école, le niveau des élèves, la sélection, et la politique des moyens

La question de l'école, fait partie des questions clés du scrutin du 24 février prochain à Hambourg -comme ce fut la cas en Hesse. La réforme de la préparation de l'Abitur (bac), réduite de 9 à 8 ans, ne convient pas à une part importantes des parents d'élèves. Les programmes étant restés les mêmes, et le déroulement de la semaine scolaire identique, la contrainte pour les élèves est croissante. Les « meilleurs » s'y accoutument, les autres non.
Le maire de Hambourg, Ole von Beust, CDU, ne veut pas faire marche arrière et revenir aux 9 ans de scolarité. L'Allemagne applique aujourd'hui sur ce point des critères identiques à ceux de ses voisins. Il ne veut pas entendre parler non plus de la prolongation de la semaine scolaire au samedi, pour alléger les rythmes. Il est hors de question de mettre en cause le « sacro-saint », week-end allemand.
Mais si la préparation du bac s'est mise à la norme européenne, le système scolaire allemand reste lui particulier, et très sélectif. L'orientation des élèves dés la fin de du primaire -Grundschule- à l'âge de 9, 10, est jugée prématurée par nombre de pédagogues. La répartition des élèves les moins doués dans les Hauptschule (collège élementaire), des « moyens » dans les Realschule (enseignement général, puis formation), et de l »élite » dans les Gymnasium (lycée préparant le bac), est réputée être la sélection sociale la plus radicale qui existe en Europe. Ses critiques soulignent qu'elle n'assure pas un enseignement de qualité supérieur aux systèmes basés sur l'école commune -au moins jusqu'à 16 ans.
Quant aux spécialistes allemands ils sont eux même divisés.
*Dieter Lenzen, président de l'université libre de Berlin, milite pour un enseignement à deux niveaux dans la capitale. Les Gymnasium resteraient en place, les Hauptschule et les Realschule, étant réunie dans des collèges uniques, les Gemeinsschaftschule -il existe également à Berlin des Oberschule, qui concentrent en un seul établissement les trois niveaux scolaires, Haupt, RealSchule et Gymnasium.
Selon Dieter Lenz, nombre d'écoliers sont mal aiguillés à la sortie de la Grundschule, du primaire, parce que les enseignants n'ont pas la formation pédagogique nécessaires pour discerner leur capacité. 25% des élèves envoyés dans les Hauptschule auraient les capacités nécessaires pour fréquenter la Realschule, 3% le Gymnasium.
Le modèle finlandais du collège unique -pour les trois niveaux- qui fait référence dans le classement international de l'OCDE (Pisa) est inapplicable selon lui à Berlin: « en Finlande les conditions sont bien meilleures, il y a par exemple trois professeurs par classe ». Une remarque intéressante qui souligne que le niveau des élèves n'est pas le discriminant, que ce sont les moyens qui font la différence dans l'enseignement.
*Son collègue de l'université technique, Ulf Preuss-Lausitz, le contredit. Partisan de la généralisation des collèges uniques, il souligne qu'ils sont les seuls à offrir la possibilité de remettre en cause le lien entre l'origine sociale et le succès scolaire.

michel-verrier.com
prix franco-allemand du journalisme 2011, catégorie internet.

Spectacles, musiques, loisirs à Berlin

Tout ce qu'il faut savoir dans:

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Histoires
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Le pont Admiral, "Admiralbrücke", à Berlin Kreuzberg, le pied pour les piétons, les fleinards, la musique, les rencontres

Une super 2 cv découverte à Hambourg -la DS 19 a aussi ses adeptes, et la Renault R4 fut également une voiture-culte en 68 face à la Coccinelle, raconte die Zeit

L'ours, symbole de Berlin, vu par les sculpteurs de la planète, exposition sur les trottoirs de la ville

Einstein, un ours du souvenir, "on ne peut pas faire la paix par la force mais par la négociation".

Campagne électorale à Berlin Kreuzberg,
décolleté de Vera Lengsfeld (CDU) avec Angela: "nous avons plus à vous offrir"

Cliché moins connu: Halina Wawziniak, "die Linke", réplique qu"elle a c'qu'il faut dans le pantalon pour siéger au Bundestag"

Médecins et étudiants en colère devant la porte de Brandenbourg

Vestige du mur le long de l'exposition "Topographie des Terrors"

Le baiser "fraternel" Honnecker-Brejnev de Dimitri Vrubel re-peint sur les restes du mur de berlin

Bateau(petit) à Hambourg

Potsdam, "sans-souci", le palais du jardin de Frederic le grand ou Voltaire pris pension.

Le parc du château

L'homme sur l'eau (statue), Hambourg

Un "Beluga" avale un fuselage Airbus à Hambourg, pour l'emmener à Toulouse.

Manifestants anti-nucléaire sur les chars russes du monument du souvenir. Berlin 2009

Sortie du quart d'après midi, Volkswagen Wolfsburg.

Carrelage

Jardin à Remlingen, à deux pas du site de stockage des déchets nucléaires d'Asse II

Gendarmermarktplatz, Berlin, la plus belle place

Mur reconstitué et (fausses) croix pour ses victimes, checkpoint charlie






Par Michel Verrier journaliste à Berlin
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Les bons billets
à lire:

Berlin-Prenzlauer-Berg 2010, un premier mai anti-nazi (en photos) hué par les habitants du quartier,
le défilé des néos-nazis n'a pas pu finir son parcours
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der, die, das, la journal, le voiture, la soleil et le lune.
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Existe-t-il un racisme anti-allemand dans les collèges ou les jeunes immigrés sont la majorité?
Un "choc des cultures" contesté.



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Précarité, dumping salarial, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.


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Des jeunes turcs nés en Allemagne retournent "au pays".


Thilo Sarrazin est-il un imposteur?
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"L'Allemagne se liquide elle même", selon Thilo Sarrazin, record des ventes en librairie
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Le bombardement de Kunduz par la Bundeswehr en Afghanistan, poursuit le gouvernement.
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Les infiltrations minent le site de stockage nucléaire d'Asse.
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Les déserteurs du III Reich réhabilités.
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Margot Käßman, présidente de l'église protestante.
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La politique familiale ne décolle pas.
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