Berlin Blog

Sylvia Thimm, tenancière du café Doors à Prenzlauer Berg, l'ex Berlin est, a pris la tête de la résistance berlinoise contre l'interdiction de fumer en portant plainte devant la cours constitutionnelle de Karlsruhe contre la loi en vigueur à Berlin depuis le 1er janvier. Un texte qui condamne, selon elle, « les petits exploitants à la ruine ». La clientèle des petits bistrots de quartier, les habitués du bar, sont il est vrai pour l'essentiel des fans de la bière ou de la pipe-cigarette. Karlsruhe lui a en partie donné raison. La cours a condamné en juillet (ma revue de presse) l'inégalité de traitement instaurée entre les établissements qui ont la surface nécessaire à la création d'une pièce fumeur et ceux qui ne l'ont pas. Le gouvernement doit revoir avec les Länder toutes ces questions d'ici fin 2009. Mais en attendant la loi Berlinoise, est de fait suspendue.

A deux pas du Kuckucksei, au Phoenix Lounge les fumeurs sortent bien en griller une sur le trottoir. Comme au Gottlob, mon café préféré -pour parcourir les journaux quotidiens, on y trouve même le Monde. Dans les cafés qui font également brasserie-restaurants l'application de la loi est en effet plus stricte. Faire la cuisine a été déclaré incompatible avec les émanations de cigarettes. Les serveuses sont censés être prémunies contre les méfaits du tabac. Celles qui veulent en griller, sortent devant la porte du bar. Un bon coup d'air frais. Pour moi qui suit un ex-fumeur, c'est un plaisir d'avoir retrouvé une salle de café sans fumée, ni odeur, papier, nicotine.
Une fumeuse en ballade à Berlin


Encore faut-il que les contrôles soient stricts. Les règles changent d'un quartier à l'autre. A Berlin Kreuzberg, fief des Verts, l'interdiction est à peu près totalement respectée. Dans le quartier voisin, le populaire Neuköln, on fume à peu près comme avant. Au total « le bilan à Berlin est désolant », pour Johannes Spatz porte parole du forum pour l'interdiction de fumer.

Et cela risque de ne pas s'arranger en 2009. « L'initiative pour le goût » a déjà rassemblé plus de vingt mille signatures pour rétablir le libre choix de fumer dans les cafés et compte collecter les 170000 paraphes indispensables à l'organisation d'un reférendum d'initiative populaire, une votation, au printemps prochain. En attendant le café-musique Dio à Berlin Charlottenburg s'est transformé lui en « club de fumeurs ». L'entrée y est interdite sans la carte nécessaire. Mais vous pouvez toujours vous acheter 50 cent un visa journalier.

En Bavières ont compte jusqu'à 8000 « club de fumeurs ». C'est le détournement en règle de la loi bavaroise qui avait été promulguée en janvier dernier, et était la plus stricte de tous les Länder. Elle aurait d'ailleurs coûté à la démocratie chrétienne bavaroise sa majorité absolue aux dernières élections régionales, le 28 septembre dernier. Sanction des électeurs. Elle devrait du coup être revue prochainement. (Ce bilet reprend en partie un article écrit pour la Tribune de Genève, 24 heures)