Rhénanie du nord-Westphalie, un scrutin périlleux pour Angela Merkel
Par Michel Verrier, vendredi 7 mai 2010 à 02:14 :: partis :: permalien #159
Consciente de l'enjeu du scrutin, Angela Merkel avait donc fait le pari de reléguer à l'après 9 mai toute décision concernant la contribution allemande aux crédits d'aide à Athènes. Mais la crise a été plus rapide qu'elle, et contraint le Bundestag à voter aujourd'hui, à son appel, ce financement que la majorité des Allemands rejettent.
Le coup pourrait être fatal pour la coalition des démocrates chrétiens et des libéraux qui gouverne le Land de NRW depuis 2005, emmenée par le ministre-président Jürgen Rüttgers (CDU). Depuis hier elle est donné perdante dans les derniers sondages.
Mais si la coalition de Jürgen Rüttgers est défaite, la politique de la chancelière sera de toute façon paralysée. L’Union chrétienne (CDU/CSU) et le FDP perdront en effet leur majorité au Bundesrat, la deuxième chambre du parlement à Berlin, ou sont représentés les gouvernement des 16 Länder. La CDU/CSU et le FDP y détiennent actuellement 37 des 69 sièges. 6 voix sont réservés au Land de NRW.
La CDU (35%) arrivait encore en tête devant le SPD (33,5%), dans les sondages mercredi. Jürgen Rüttgers pourrait donc dans ce cas survivre à la défaite de sa coalition avec le FDP. Il s'allierait alors soit avec les sociaux démocrates, en formant une grande coalition. Soit avec les Verts (11%) qui devanceraient les libéraux (8,5%), selon les sondages. Pour la CDU ce serait la troisième alliance de ce type à la tête d’un Land, après Hambourg et la Sarre. Les Verts y sont prêts. Ils affirment cependant vouloir gouverner en priorité avec le SPD. Une coalition rouge-verte, qui semblait toujours improbable selon les sondages mercredi, faute de majorité au Landtag, au parlement régional, avait gagné en crédibilité hier. Elle marquerait un spectaculaire retour des sociaux démocrates au pouvoir après 5 ans de disgrâce.
Si Jürgen Rüttgers s'alliait avec le SPD ou avec les Verts, le sacrifice des réformes clés du gouvernement d'Angela Merkel serait le prix payé par la CDU pour conserver le pouvoir à Düsseldorf. Les deux partis sont hostiles l'un comme l'autre à la réformes de la santé, à la réduction des impôts , à la remise en cause de la sortie de l'atome, qui n'auraient plus l'aval indispensable d'une majorité au Bundesrat à Berlin.
En NRW le SPD comme les Verts veulent imposer enfin une réforme scolaire avec laquelle Rüttgers serait contraint de composer, et à laquelle l'électorat de la CDU est traditionnellement hostile. La sélection précoce des élèves, dés la quatrième classe de l'école primaire serait abolie et la scolarité commune prolongée jusqu'à la sixième classe. Un collège commun rassemblerait ensuite les élèves de niveaux différents, mettant fin à la répartition des élèves dans les trois établissement par niveaux qui restent constitutifs du système allemand, et contestant la place du Lycée, l'établissement supérieur, réservé "aux meilleurs", et qui leur garantit l'accès au baccalauréat.
ce billet reprend pour l'essentiel un article publié ce jour dans la Croix.
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