Un chef du PKK traduit en justice à Düsseldorf: résistant ou criminel?
Par Michel Verrier, dimanche 3 mai 2009 à 12:13 :: pol étrangère :: permalien #99
Mülsüm Y, ex-militant, explique que l'organisation kurde est devenue une « bande » impliquées dans les complots et les intrigues, préoccupée seulement d'argent. Considéré comme un renégat il est menacé de mort. Özlem Akan, quant à elle vit sous protection policière aujourd'hui. La jeune femme doit venir témoigner devant la cours. Elle et son ami Tayfur auraient rencontré le chef du PKK dans un café en août 2007. Il leur aurait fait comprendre que faute d'avorter, la jeune femme serait tuée. Effrayée elle se rendra alors dans une clinique, pour mettre fin à sa grossesse, à son quatrième mois.
Acar nie ces faits. Ils ne sont pourtant guère étonnants. Il existe bien une règle au PKK qui interdit les relations amoureuses et les enfants. Le frère d' Abdullah Öçalan l'inspirateur du PKK, Osman Öçalan en personne, ex-responsable de l'aile armée du parti a dû fuir afin de pouvoir vivre avec sa compagne et leurs enfants, dans un village en Irak. Menacé de mort il en a réchappé jusqu'ici. Plusieurs de ses compagnons n'ont pas eu cette chance. Keni Yilmaz, ancien dirigeant européen du PKK, esprit critique et brillant, est mort après avoir manifesté son indépendance à l'égard du parti d'Öçalan. Sa voiture avait été piégée par une bombe, à Suleymanie, en Irak.
Pour les troupes du PKK, dans lesquelles les jeunes femmes sont aussi nombreuses que les hommes comme le montre cette vidéo sur You Tube, le célibat est une règle de militantisme et de combat. Il permettrait entre autres d'imposer aux combattants le respect total de leurs soeurs d'armes. Andrea Wolf, ancienne sympathisant de la RAF qui rejoignit ensuite le PKK en 1993 dans les montagnes du Kurdistan ou elle sera tuée en 1998, écrivait dans son journal personnel: "j'apprécie pleinement l'interdiction des relations de couple. Je ne me suis jamais sentie si libre à l'égard des hommes, car la frontière à ne pas franchir est évidente. »
Acar, lui, a profité du premier jour de son procès pour camper son personnage. Il raconte le massacre de centaines de Kurdes alévis en 1978, dans les villages de sa région, par des turcs armés par le MHP, le parti néo-fasciste des loup-gris. Sous le regard de la police et de l'armée restées passives. Nombre des siens furent tués. Lui y perdra sa main droite. Emprisonné après avoir dénoncé l'implication de l'armée turque dans le massacre, il restera enfermé des années, soumis à la torture, au « supplice de castration » notamment. Libéré en 2001, malade, il trouvera refuge en Allemagne en tant que réfugié politique. Il ne cessera jamais en fait d'y poursuivre son combat. Özlem Akan, sa victime selon l'accusation, est issue elle d'une famille engagée dans la guérilla. Deux de ses frères sont morts au combat, avant qu'elle ne rompe avec la loi du PKK.
Le parti d'Abdullah Öçalan reste puissant en Allemagne. Il regroupe selon les chiffres des services de renseignement, 11000 membres pour 500000 Kurdes vivant en République fédérale soir 1 militant pour 45 Kurdes...au passage, c'est une proportion largement supérieure à celle des « Volkspartei » allemands, CDU ou SPD (!). Il n'est plus considéré comme une organisation terroriste, mais comme une organisation «criminelle », seulement. L'Allemagne est une base arrière pour les militants de l'organisation kurde qui l'accusent en même temps d'être -ou d'avoir été- une allié de l'oppression des Kurdes, en fournissant régulièrement en armes la Turquie, voir l'Irak du temps de Saddam Hussein.
Une vidéo du PKK contre la politique de l'Allemagne vis à vis des Kurdes.
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