Berlin Blog

La loi adoptée en décembre, prolongeant l'activité des centrales nucléaires de 12 ans en moyenne, au delà de la date limite de 2022 fixée en 2002 par le plan de sortie de l'atome de l'ex chancelier Schröder, est déjà caduque. Après Fukushima, la défaite électorale encaissée le 27 mars dans le Land de Bad Würtemberg par le ministre démocrate-chrétien Stefan Mappus, partisan affirmé de l'atome, a fini de convaincre la chancelière qu'il fallait tourner la page du nucléaire.
Une « nouvelle loi » va être préparée par le gouvernement à vitesse record. Dés le 17, le Bundestag et le Bundesrat devraient l'avoir adoptée. Elle indiquera quelles centrales seront arrêtées définitivement, et combien de temps fonctionneront encore celles qui seront maintenues en activité.
L'échéance finale pourrait être 2020 comme l'exige le SPD, qui revendique également l'arrêt définitif des 9 centrales construites avant 1980 et « débranchées » au lendemain de Fukushima pour inventaire de sécurité.
Au sein de la CDU c’est l’heure de Norbert Röttgen, le ministre de l'environnement. Partisan de la sortie du nucléaire, minoritaire jusqu’ici, il n’était pas parvenu à faire triompher son point de vue lors de la préparation de la loi de prolongation de l'atome, chère à Merkel. Il mettait alors en garde contre les dangers de « rouvrir le grand conflit du nucléaire". La chancelière avait préféré écouter Mappus !
Les partisans de l’atome au sein de la démocratie chrétienne ont maintenant l’impression que la bataille est perdue. Il ne leur reste que l’argument du coût de l’énergie et de la hausse des tarifs pour les consommateurs et l’industrie, pour défendre leur point de vue. Rainer Brüderle, le ministre de l'industrie, estime à un ou deux milliards d'euros par an le coût de la sortie accélérée, dont les ménages feront les frais.
La commission éthique sur l’exploitation de l'atome et la commission sur la sécurité des réacteurs constituées au lendemain de la catastrophe de Fukushima auront-elles encore voix au chapître ?
Norbert Rötgen et Rainer Brüderle ont déjà convenu d’un plan en six points pour remplacer les centrales. Les énergies alternatives doivent être subventionnées, La construction de parcs d’éoliennes en mer bénéficiera d’un crédit de 5 milliards d’euros. Des centaines de kilomètres de nouveaux réseaux à haute tension, reliant les côtes du nord de l'Allemagne au Länder du sud et de l'ouest, devront être construits. Mais les opposants à leurs tracés dans les régions traversées, sur ce point, font de la résistance - voir ma revue de presse.