Trois terroristes nazis ont tué pendant dix ans, impunément
Par Michel Verrier, dimanche 13 novembre 2011 à 21:13 :: société :: permalien #268
Sombres, le regard arrogant, leurs trois visages s'affichent sur toutes les couvertures de la presse. Auteurs de crimes racistes en série, de meurtre et d'attendats restés inexpliqués qui ont fait une dizaine de morts et plusieurs dizaines de blessés depuis dix ans, trois nazis, deux jeunes hommes et une jeune femme, vivaient clandestinement depuis 13 ans à Zwickau, en Thuringe, dans l'ex RDA.
Repérés après une fuite rocambolesque en vélo, les deux hommes, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt 34 et 38 ans, se sont tiré une balle dans la tête dans leur camping-car blanc, après y avoir mis le feu. Beate Zschäpe leur complice a fait sauter leur repère à Zwickau -à 180 kms d'Eisenach-, avant de se rendre à la police (voir ma revue de presse). Un de leur complice, Holger G., 37 ans a été arrêté aujourd'hui. Le ministre de l'intérieur fédéral, Hans-Peter Friedrich, évoque pour la première fois un terrorisme d'extrême droite. La chancelière a fait connaître son inquiétude face à des structures clandestines que personne n'imaginait
Les enquêteurs ont découvert une collection d'armes dans les décombres de la maison discrète ou le trio vivait retiré, trois silhouettes toujours habillées de noir, toujours distantes selon leurs voisins. Un pistolet Ceska Typ 83 calibre 7,65 notamment, qui a servit de 2000 à 2006 à l'exécution de huits vendeurs de kebab turcs et d'un commerçant grec à Nüremberg, Münich, Rostock, Hambourg, Kassel et Dortmund. Des crimes en série attribués à l'époque par les autorités à des réglements de compte du "milieu".
Les trois nostalgiques d'Hitler -leur voiture était immatriculée AH-, pratiquaient des exécutions racistes, estimant que « les actes valent mieux que les paroles ». Les enquêteurs ont mis la main également sur l'arme qui servit au meurtre d'une jeune policière, Michèle Kiesewetter, abattue d'une balle dans la tête en 2007 à Heilbronn dans le Bad-Würtemberg. On n'avait jamais retrouvé trace des assassins. Le propre pistolet de la victime avait été conservé par les deux terroristes et gisait dans leur camping-car, entre leurs cadavres.
Sur un DVD découvert dans les décombres de leur domicile, le trio avait reproduit la photo de la bombe à clous utilisée lors de l'attentat de Cologne, en 2004, dans un quartier habité par de nombreuses familles d'origine turque. L'engin déposé par deux hommes sur une bicyclette, selon les caméras de surveillance, fit alors 22 blessés, dont plusieurs grièvement. On croirait lire un roman noir illustrant les dérives d'une jeunesse paumée à l'est de l'Allemagne après la réunificiation, renouant avec la peste brune, la nostalgie du IIIè Reich et promouvant le NPD, le parti néo-nazi dans les petites villes et les campagnes.
L'affaire choque d'autant plus l'Allemagne que les trois nétaient pas des inconnus pour les autorités policières et les services de renseignements. Ils avaient disparu en 1998, après la découverte de leur laboratoire à bombe, un garage appartenant à Beate Zschäpe qui recélait notamment 1,4 kilo de TNT. Le trio y avait préparé ses premiers attentats, ratés à l'époque, dont l'un devant le théatre de Jena. La police assurait avoir perdu depuis toute trace des trois terroristes qui s'étaient repliés discrètement à 84 kilomètres de là . Ils appartenaient à l'époque au groupe néo-nazi des « protecteurs de la patrie », étroitement surveillé par les services de renseignements, et dont l'un des chefs, André Kapke, était un informateur des services en question. Les soupçons s'expriment ouvertement aujourd'hui. Les trois furent-ils volontairement oubliés, voire protégés ? Le Bundestag devrait être saisi dans les jours qui viennent d'une affaire qui pose les pires questions qui soient. Le mi
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