Angela Merkel, "seule en Europe, seule à la maison"...
mardi 27 avril 2010 à 12:13 - permalien #607
Et pour la première fois la chancelière a évoqué une contribution qui ne se limitera pas à 2010 mais s’étendra sur trois ans, comme c’est l’usage avec le FMI.
«Le bluff n’a servi à rien. Les marchés ne se sont pas laisser dauber, commente le quotidien berlinois». Les pays membres de l’Union doivent rassembler leurs fonds dans leur propre intérêt, l’Allemagne en premier. Toute autre politique coûterait encore plus cher.
Il est facile de dire que la Grèce devrait sortir de la zone euro. mais cela déchirerait l’ensemble de la communauté qui utilise la monnaie commune et entraînerait des conséquences économiques et politiques néfastes pour tout le continent.
Et si la Grèce quittait la zone euro le coût serait énorme pour les banques allemandes qui possèdent des dizaines de milliards de créances sur l’état qui se retrouverait en faillite. Si les Grecs devaient en revenir au drachme, l’euro lui même serait bientôt «fini».
Pour nombre d’Allemands le Teuro -un jeu de mot sur teuer qui veut dire «cher» et euro- n’a certes jamais eu le charme du Dmark. Mais aucun pays n’a profité autant de la monnaie commune que l’Allemagne.
«Merkel pose ses conditions» à l’aide à la Grèce souligne également le Berliner Zeitung. Si Athènes «est prêt à accepter des mesures sévères sur plusieurs années et non seulement pendant un an, alors nous avons une bonne chance de sécuriser l’euro comme une monnaie stable pour nous tous». La chancelière a évoqué les négociations en cours avec le FMI, les représentants de l’Union et de la BCE . Si elles se concluent positivement en fin de semaine, l’aide à la Grèce serait prête en quelques jours.
Commentant «l’hypocrisie allemande à propos de l’euro» le quotidien souligne: il fut un temps ou les Allemands préféraient être européens avant tout. Maintenant tout se mesure à l’aune des intérêts de l’Allemagne. Le comportement des députés, des fonctionnaires et des ministres qui se permettent de faire passer les Grecs pour des paresseux stupides et futiles est écoeurant.
Et la tactique appliquée par la chancelière qui n’a fait qu’encourager les spéculateurs à faire s’envoler les taux d’intérêts pour les Grecs jusqu’à ce qu’ils conduisent à la faillite dénote une dose d’irresponsabilité difficilement imaginable à l’égard de l’Europe.
Les problèmes de l’union monétaire sont dus aussi au comportement de l’Allemagne de la dernière décennie. Le modèle de la classe. Sortons donc de l’euro, en rétablissant le Dmark il sera ré-évalué de 30% par rapport aux autres monnaies de la zone et mettra le «made in Germany» hors de prix, portant un coup fatal aux exportations et à l’emploi, à la croissance.
«L’Allemagne a joué foul pratiquement comme la Grèce. Les uns ont trop augmenté leurs salaires, tandis que les autres les comprimaient. Les tensions au sein de la zone euro qui en découlent ne pourront être réduites qu’en commun».
«Après de longues hésitations, l’Allemagne veut enfin mobiliser rapidement des milliards d’aide pour la Grèce, souligne le Frankfurter Rundschau, le montant devrait être disponible avant le 19 mai.» Le quotidien proche du SPD démonte au passage les «mythes à propos de la Grèce», selon lesquels, entre autres, «les salaires y seraient élevés», les Allemands» devraient payer pour la Grèce», alors que «les Grecs devraient d’abord équilibrer leur budget».
"Merkel plaide pour l’aide à la Grèce, Athènes contraint la chancelière de fer à jouer carte sur table", titre le Berliner Morgenpost.» La stratégie de la chancelière n’a pas marché. Elle avait négocié longuement l’aide à la Grèce à Bruxelles tout en assurant à Berlin que celle-ci ne viendrait jamais concrètement à l’ordre du jour. L’opposition fustige un double jeu dont les contribuables vont finalement payer l’addition. Le FDP n’est pas satisfait non plus.
Mais en fin de compte tous les groupes parlementaires soutiendront l’aide à Athènes. «Il est temps de couper les liens de la Grèce avec l’euro», commente le quotidien berlinois, s’opposant aux dernières affirmations d’Angela Merkel.
Les promesses de crédit à son égard sont contraires au traités en vigueur, ils vont encourager les autres pays chancelants de l’euro, le Portugal, l’Italie, l’Espagne à faire de même. L’UE a été trop laxiste depuis longtemps avec les critères d’adhésion. La Grèce n’était pas le seul candidat douteux au sein de la zone euro. L’adhésion de la Bulgarie, de la Roumanie à l'Union a été précipitée -pour ne pas parler de la Serbie et de la Turquie qui frappent à la porte. Ce laxisme a largement entamé la confiance des citoyens à l’égard de l’Union européenne. Il faut en finir avec cette politique si l’UE ne veut pas elle même être à l’origine de son échec.
«Le Bundestag est prêt à aider la Grèce», titre le Süddeutsche Zeitung. Les groupes parlementaires qui se sont réunis avec le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, sont prêt à approuver, en dépit des critiques, l’aide financière à la Grèce. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet et celui du FMI, Dominique Strauss-Kahn seront à Berlin mercredi pour faire le point avec le gouvernement et les groupes parlementaires.
«Seule en Europe, seule à la maison», commente le quotidien münichois qui fait le bilan de la politique de Merkel ces derniers mois. Son problème tient à ce que sa double stratégie à l’égard de Bruxelles et de ses concitoyens est pratiquemment incompréhensible. C’est pourquoi elle passe maintenant chez ses partenaires européens comme une «madame non", et chez elle comme celle qui tourne casaque.
Elle est persuadées quant à elle avoir rendu un grand service aux Allemands et à l’Europe. «C’est désagréable évidemment d’être toute seule en Europe. Mais en fait nous avons toujours joué un rôle particulier nous les Allemands en ce qui concerne la stabilité monétaire. Cela n’a pas été mauvais autrefois pour le D-mark, cela ne l’est pas non plus pour l’euro aujourd’hui."
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