lundi 31 août 2009
Le super dimanche ne pouvait pas tourner plus mal pour Angela
Pour le parti "la Gauche", le succès de Lafontaine est une vrai aubaine, rapporte le Süddeutsche Zeitung. Il réalise un score explosif de 21%, pulvérisant tous les résultats déjà encaissés par "la Gauche" à l'ouest. A l'est, en Thuringe et en Saxe le parti de Lafontaine et Gyzi devance toujours largement le SPD.
Consolation pour la CDU, elle sauve la Saxe ou elle pourra même gouverner dorénavant avec le FDP qui fait un bon score dans les trois Länder, comme les Verts. "Les libéraux sont les vainqueurs de la soirée", selon die Welt, et doublent leurs résultats avec +4 % dans les trois Länder. La démocratie chrétienne reste certes le premier parti en Sarre et en Thuringe avec 34,5 % et 31%, devant le SPD et la Gauche. Les deux ministres présidents sortant, Althaus et Müller, qui ont perdu leur majorité absolue, s'estiment donc toujours habilités à négocier une nouvelle coalition pour gouverner les deux Land. Soit une grande coalition avec le SPD. Soit une coalition avec les Libéraux et les Verts (Jamaïca). Mais dans les deux cas l'alliance CDU/Libéraux qui est le projet d'Angela Merkel pour l'après élection du 27 septembre est mis sur la touche. Et la plupart des observateurs ne croient guère au maintien en place des deux ministres présidents défaits.
En Sarre et en Thuringe le SPD, la Gauche et les Verts ont en effet la majorité et pourraient prendre le pouvoir. L'accord ne sera pas facile, et les négociations pourraient même traîner en longueur, mais l'alliance rouge-rouge-vert prend une actualité nouvelle, et apparaît un peu plus encore comme une future alternative au duo CDU/FDP, même si les sociaux démocrates se refusent pour le moment à l'envisager au niveau fédéral pour les élections qui viennent. Les Verts sortent renforcés du scrutin de ce dimanche, et sont présents dorénavant dans les parlements des Länder de l'est de l'Allemagne. Leur accord sera indispensable pour la formation de majorité rouge-rouge-verte en Sarre et en Thuringe, souligne le Frankfurter Rundschau.
Dans les élections communales en Rhénanie Westphalie enfin (14 millions d'électeurs), la CDU -qui gouverne le Land- reste le premier parti en dépit de ses pertes avec 40% des suffrages environ et devance toujours le SPD (30%), note le Kölner Anzeiger, tandis que les Verts et le parti la Gauche progressent . Mais là aussi la CDU encaisse des pertes douloureuses, dont Cologne, qui sera dorénavant gouvernée par Jürgen Röters, un maire présenté par le SPD et les Verts.
L'ensemble de ces résultats bouleverse évidement le panorama à quatre semaines des élections fédérales, c'est "la fin d'une campagne endormante et ennuyeuse", selon le Berliner Morgenpost. La victoire d'Angela Merkel le 27 septembre paraissait acquise jusqu'ici selon les sondages qui pronostiquaient également une majorité de 50 % pour la CDU et les Libéraux. Le SPD et Steinmeier jubilaient donc hier soir, tandis qu'Angela n'est même pas apparu pour commenter les résultats du scrutin. Les sociaux démocrates pourtant n'ont pas de quoi pavoiser, leurs scores n'ont rien de mirifiques. 25% environ en Sarre ou ils perdent 5 points, 18,5% en Thuringe ou ils en gagnent 4 et 10% en Saxe ou ils sont stables. Pas de quoi triompher aux élections fédérales dans quatre semaines.
Mais la raison du mini-triomphe du SPD est évidente: avec les scores encaissés par la CDU et même avec les progrès du FDP -qui restent largement au dessous des résultats évoqués dans les sondages actuels- un futur gouvernement CDU/CSU/Libéraux n'a guère plus de chance de se constituer au lendemain du 27, qu'au lendemain des deux derniers votes, en 2002 et 2005, ou l'alliance démocrates-chrétiens libéraux était déjà le but de la CDU d'Angela Merkel.
Les solutions alternatives pourraient être alors: le renouvellement de la grande coalition; une alliance CDU/FDP/VErts ou SPD/Verts/FDP. Ces deux combinaisons seront aussi difficiles à négocier l'une que l'autre. Les verts ont dans les deux cas une position aussi décisive que le FDP. Merkel resterait chancelière dans deux cas sur trois (grande coalition, CDU/FDP/VErts). Le SPD resterait au pouvoir dans deux cas sur trois (grande coalition, SPD/Verts/FDP) et Steinmeier deviendrait même chancelier dans le dernier cas.
Entre l'alliance avec la CDU et l'alliance avec la Gauche, le parti héritier du SED d'Erich Honnecker, c'est l'heure du choix pour les Verts, souligne die Welt.
En cas de reconduction de la grande coalition et d'une majorité potentielle SPD/Verts/la Gauche au Bundestag -ce qui est d'ailleurs déjà le cas aujourd'hui- le SPD pourrait cette fois s'appuyer beaucoup plus sur cette majorité de rechange qu'il ne l'a fait ces quatre dernières années pour faire pression sur la démocratie chrétienne.