Lena donne à l'Europe une autre image de l'Allemagne
lundi 31 mai 2010 à 00:48 - permalien #634
En se coiffant du drapeau allemand le soir de son triomphe à Oslo, la chanteuse qui mettait l'Allemagne à la première place de l'Eurovision depuis 1982, affichait son lien décontracté avec sa patrie. Et en Allemagne c'est toujours quelque peu révolutionnaire.
Fille unique, collégienne, pèlerine de Taizé, fan de musique, Lena a montré aussi à l'Europe une autre image de l'Allemagne.
Samedi soir à Oslo on ne parlait plus plan de sauvetage de l'euro, scepticisme à l'égard de la monnaie unique, caution pour des milliards et crainte de l'inflation. L'Allemagne a simplement fait un cadeau à l'Europe qui nous a récompensé. Elle a montré qu'elle n'a pas toujours les deux pieds collés au sol, elle sait danser aussi comme la chanson Satellite de Lena en apesanteur sur orbite.
L'Europe nous aime bien. Comment avons nous mérité ça s'interroge die Welt, soulignant le sentiment particulier qu'ont éprouvé les Allemands en entendant samedi soir les jurés de multiples pays annoncer : « 12 points pour l'Allemagne ». Lena - « la veinarde de l'Europe »- a débarqué sur scène au milieu des étalages kitsch et surfaits de ses concurrent(es), comme une étudiante qui venait de tomber du lit.
Simple dans sa robe noir, elle chante en Anglais avec un merveilleux accent, et semblait peut être plus proche, plus amicale, plus personnelle et naturelle que les autres. Les écrans n'ont pas montré les mimiques de Stefan Graab, celui qui a découvert Lena et l'a montée en spectacle de toute pièce. Ça vaut mieux.
« Nous en avons fait une mission nationale, et la victoire à l'eurovision est une performance nationale, car l'Allemagne a voté Lenna et l'Allemagne a choisi aussi le chant de la victoire, c'est le directeur des programmes de la première chaine allemande, ARD, qui résume sur le site du Spiegel on line, l'opération Lenna, montée par sa chaine en collaboration avec la chaine pro Sieben et Stefan Raab, le compositeur de Sattelite, la chanson qui a été couronnée à Oslo.
Après trente ans, nous avons enfin réussi a ramener en Allemagne le trophée de l'eurovision, souligne-t-il. »
La « nouvelle reine de l'Allemagne » a été accueillie à Hanovre sa ville natale par 30000 fans et le ministre président du Land de Basse Saxe, Christian Wullf : « Lena est grandiose, dit-il, et elle a réussi comme dans un rêve. C'est une ambassadrice extraordinaire pour l'Allemagne : sympathique, ouverte au monde, sure d'elle même, nonchalante, les pieds sur terre, et en même temps un petit peu loufoque».
« La victoire de Lena c'est un morceau d'avenir, selon Claudia Roth, présidente des verts, elle incarne la joie de vivre d'une jeune génération, européenne, qui transgresse les frontières et se retrouve ensemble.»
L'offensive de charme de Lena a frappé dans toute l'Europe et incarné un sentiment de communauté étonnant, en dehors de tout égocentrisme, de Riga à Barcelone, selon le Frankfurter Rundschau. Tandis que les sombres additions des agences de notations, émiettent le rêve européen, la jeune Europe se célèbre elle même, avec sa liberté de se déplacer ou bon lui semble, avec la Master-card et easy-jet. On peut bien dire que tout cela n'est qu'un show monté de toute pièce, qui démontre la tyrannie des médias.
Mais depuis samedi on sait que les Allemands ne sont pas les seuls à avoir été conquis par la Lenamania. Il y a seulement trois mois que la jeune lycéenne de Hanovre, 19 ans, a conquis l'Allemagne comme un tourbillon. Jeune, fraiche, insouciante. Pourquoi ce miracle s'est il produit s'interroge le Berliner Zeitung. Ici en Allemagne c'est évident, les couches moyennes -le « Mitte », le centre de la société-, ont enfin trouvé leur jeune voix.
Elle n'a pas une voix forte, de professionnelle, et elle ne s'en préoccupe pas. Sa naïveté, son inexpérience touche d'autant qu'elle est en même temps entêtée, ne s'en laisse pas compter et n'hésite pas a dire merde ouvertement. Elle est authentique, un critère aujourd'hui ou les gens en ont ras'l'bol de leurs ainés ces poupées interchangeables des divers casting-shows. Lena donne à nouveau le sentiment qu'il y a encore de l'avenir et qu'être jeune n'est pas automatiquement synonyme d'avenir désolant sans perspective.
Commentaires
1. Le lundi 31 mai 2010 à 17:40, par Charles
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