Yes we can c'est du passé | Intégration, irritation, et culture dominante |
jeudi 4 novembre 2010 à 15:36 - permalien #737
Obama et son équipe sont des naïfs, poursuit le quotidien berlinois. Ils ont cru que les Républicains allaient les aider, coopérer. Au contraire ils l'ont observé, et se sont confortés en le jugeant plutôt « léger ». Il a deux ans pour montrer qu'il a aussi de la poigne dans le cadre de la cohabitation. Il peut encore gouverner et montrer pourquoi il milite. Mais s'il n'y arrive pas, il aura rompu la promesse de ce qu'il représentait, en tant que noir, en tant que clarificateur. Et le futur redeviendra le passé.
« Yes we can, » c'est de l'histoire passée. Il est oiseux de tergiverser pour savoir si la claque que vient d'enregistrer Obama est méritée ou pas, souligne le Frankfurter Allgemeine. Quant plus de 80% des électeurs se font de gros soucis pour l'économie, tandis que les 2/3 sont mécontents de la direction dans laquelle s'engage le développement de leur pays, ceux qui sont au pouvoir sont inévitablement sanctionnés. Aux USA comme en Europe. Tout le problème est de savoir maintenant si Obama est capable d'évoluer vers le centre, de se distancier de l'aile gauche décevante du parti démocrate et de nouer compromis avec les Républicains.
Les nouveaux hommes forts du congrès devront bien sûr jouer le jeu. Mais Obama peut il est vrai choisir plutôt l'affrontement, ce qui ne ferait qu'accroître la colère des électeurs.
En tout cas il faut s'attendre à ce que les Américains se replient encore plus sur eux même. L'économie avant tout. Leurs partenaires ne devront pas rester à attendre mais prendre à leur tour l'initiative.
*Le quatrième sommet sur l'intégration qui s'est tenu hier à la chancellerie rassemblait 120 personnes. Un succès selon la chancelière qui a présenté notamment un plan d'action pour renforcer l'apprentissage de la langue allemande par les immigrés, multiplier leur nombre dans la fonction publique et pour lutter contre eux qui refusent de s'intégrer, note le Frankfurter Rundschau. Mais nombre de participants tiraient un bilan très mitigé de cette rencontre. Beaucoup de verbiage et peu d'actes concrets. « Un sommet de l'irritation » pour Memet Kilic du « conseil fédéral des étrangers ». « Ne voir que les déficit de l'intégration conduit à la xénophobie et au racisme selon le secrétaire général du forum des cultures Kenan Kücük. Questionnée par des représentants d'organismes muti-culturels, la chancelière a précisé qu'elle avait insisté sur la faillite du « multiculturalisme » en tant qu'idéologie, qui considère que les cultures peuvent se côtoyer les unes à côté des autres sans effort d'intégration.
Pour se rattraper, voilà que la CDU ajoute l'étiquette « juive » à « culture dominante », « Leitkultur » pour faire contrepoids au « Multikulti » -les adeptes du multiculuralisme-, commente le Frankfurter Rundschau. Cela n'arrange rien. Le terme de Leitkultur a déjà une histoire agitée. La CDU l'a adopté au début des années 2000 et voulait en faire l'étiquette d'une d'une culture allemande ouverte, contraire au populisme national. Elle a déclenché une polémique acharnée. La dominance allemande ré-affichée évoquant à certain les mauvais souvenirs du troisième Reich. « La dignité de chacun est intangible assénait Paul Spiegel le président du synode juif en Allemagne, et pas seulement celle des habitants du centre de l'Europe. »
Ajouter « juive » à « culture chrétienne » est une façon de dévier les critiques. Qui oserait s'élever contre la culture « chrétienne et juive » dans le pays ou a eu lieu l'Holocauste. Angela Merkel avait admonesté le pape lorsqu'il ne condamnait pas assez fermement les négationnistes. Elle ne fait pas preuve de la même sensibilité lorsqu'un philosémitisme difficilement acquis est retourné par populisme contre les musulmans.
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