La politique de Merkel c'est "Versailles sans la guerre" | Quelque chose ne va pas en Allemagne |
mardi 23 novembre 2010 à 12:30 - permalien #754
Épargner et punir sont ses maîtres mots. La Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne ont certes vécu au dessus de leurs moyens, mais la potion qui leur est appliquée ne leur permettra ni de rembourser leur dette, ni de stabiliser les banques et la zone euro. Les plans d'épargne imposés et les menace à l'égard des établissements créditeurs aboutiront à l'inverse. Appliqués à l'Allemagne de tels plans seraient impossibles à mettre en oeuvre et signifieraient la fin des allocations familiales, la dissolution de la Bundeswehr, le doublement des impôts et la fin des crédits fédéraux qui subventionnent l'état social...selon le quotidien économique.
72 millions de Grecs, Irlandais, Portugais, Espagnols, doivent aux banques européennes 1500 milliards d'euros, soit cinq fois le budget allemand. Si les 30 premiers groupes cotés à la bourse de Francfort prenaient cette dette à leur compte, ils devraient faire une croix sur leurs bénéfices pendant un demi-siècle ! Une telle politique d'épargne imposée ne rétablira pas les conditions de la croissance et du renforcement des économies des pays concernés -l'économie grecque est déjà étouffée. La politique allemande devrait contribuer au contraire à les revivifier.
Les pays du sud n'ont pas besoin de transferts, mais d'investissements et d'esprit d'entreprise. Les crédits du plan Marshall permirent ainsi de reconstruire l'Allemagne. « La politique de Merkel ne finira certes pas en guerre, mais elle conduit à l'insécurité, la confrontation, le mécontentement. Angela Merkel montre sa force contre les faibles, mais le chemin qu'elle propose ne renforce pas l'Europe. »
Lorsqu'il s'agit de l'euro la chancelière prévient avec insistance que : « la façon dont le problème de la stabilité de l'Euro sera résolu décidera de l'avenir de l'économie et de l'union monétaire, du futur de l'Union européenne en tant que telle et de notre avenir à nous aussi en Allemagne », note Spiegel on line. Devant les parlementaires de l'Union chrétienne elle a défendu lundi sa politique : l'aide à l'Irlande est urgente, mais elle doit être assortie de conditions précises. Les péchés du passé doivent être rachetés. La chancellerie précise cependant que l'Irlande n'est pas la Grèce. Face à la crise, chaque pays a besoin d'une réponse appropriée.
Berlin veut s 'épargner cette fois la campagne médiatique déclenchée lors de la crise grecque, lorsque les titres de la presse allemande, déclenchaient la fureur à l'étranger. Mais la chancelière et ses conseillers craignent en même temps la confirmation d'un sentiment anti-euro, voir l'apparition d'un parti anti-européen en Allemagne, souligne l'hebdomadaire. Merkel veut ainsi imposer aux banques et organismes créditeurs leur participation au sauvetage de l'Irlande -une politique qui n'a pas l'appui de ses partenaires et de la banque centrale européenne-, elle veut imposer également à Dublin un strict plan d'épargne.
Une hausse des impôts devrait en faire partie. « Le système fiscal attire les entreprises étrangères sur place, et lorsqu'il y a crise on fait appel aux pays européens qui souffrent de cette concurrence, souligne Michael Fuchs, porte parole des petites et moyennes entreprises au sein de la CDU. »
Merkel craint par ailleurs également les critiques de l'opposition.
Le président du SPD, Sigmar Gabriel, souligne ainsi que lorsque l'on détient le record des exportations, en profitant de la monnaie commune, on doit s'inquiéter de ce que la situation économique s'améliore dans les pays mal en points de la zone euro. Le SPD s'était abstenu pour cette raison de voter l'aide à la Grèce adoptée au Bundestag.
*Il y a quelque chose qui ne colle pas en Allemagne souligne le Tagesspiegel. L'Allemagne va plutôt bien dans un monde en crise. Les chiffres du chômage sont bons, la croissance aussi est en hausse, mais le sentiment d'injustice et d'insécurité aussi.
Un Allemand sur quatre craint pour son avenir, selon le dernier « rapport social 2010 » de l'association Volkssolidarität. La moitié des sondés environ ont peur de perdre leur emploi, ou leur standard social. D'autres sondages assurent certes à l'inverse qu'une majorité d'Allemands voient la situation économique avec optimisme, mais ils affichent également une perte de confiance croissante à l'égard des institutions politiques, le gouvernement, le parlement.
Selon une étude de la fédération des banques allemandes, 52% des sondés s'affirment satisfaits de la démocratie. Contre 62% en septembre 1009, avant les dernières élections fédérales. 48% estiment que l'économie sociale de marché confirme ses valeurs, 41% pensent le contraire. 73% des sondés estimaient au milieu des années quatre-vingt-dix que le système économique allemande était le bon.
Le renfort de la participation des citoyens à la politique est la solution la pus souvent avancée pour sortir de la crise de confiance actuelle, selon une étude de la fondation Bertelsmann.
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