33 ans après, le procès de Verena Becker, membre de la RAF, tourne à la polémique
jeudi 2 décembre 2010 à 16:36 - permalien #762
Le fils du procureur a fini par être persuadé qu'une main invisible protège Verena Becker. Lorsqu'il a repris l'enquête sur la mort de son père il a découvert que l'arme du crime avait été retrouvée chez elle et son compagnon Günter Sonneberg, sans qu'ils soient pour autant inculpé. Nombre de fautes graves ont été accumulées lors de l'instruction, de témoignages occultés. Le fils Buback est persuadé que c'est une femme qui a tiré sur son père et a fait citer une vingtaine de témoins qui auraient effectivement reconnu une silhouette féminine à l'arrière de la moto, là ou se tenait le tireur.
Le parquet profite des contradictions de certains d'entre eux pour jeter le discrédit sur les thèses de Buback en général, et les procureurs font comprendre qu'ils le tiennent pour un fabulateur, voire un menteur.
Le plaignant se retrouve ainsi accusé, et certains médias -dont le Spiegel ouvertement visé par le Berliner Zeitung- jugent que le procès tourne en rond pas sa faute, parce qu'il est aigri et veut démontrer l'impossible. Buback s'est persuadé au fil des années que les services secrets ont protégé Verena Becker parce qu'elle avait accepté de travailler pour eux, accepté d'être agent double au sein de la RAF. Il a été particulièrement choqué d'apprendre qu'aucun des coupables jugés et condamnés pour l'assassinat de son père, Christian Klar, Brigitte Monhaupt, Knut Folkers, n'est celui qui a appuyé sur la gachette.
« On peut comprendre son aigreur. Aucun des crimes de la Raf n'a été élucidé jusqu'à ce jour -alors que 97,6% des crimes le sont selon les statistiques officielles. Et si le fils Buback n'avait pas repris l'enquête lui même le procès de Verena Becker n'aurait pas lieu aujourd'hui. »
« Les témoins actuels que fait citer Buback pour savoir qui a tiré sur son père sont grotesques, » réplique der Spiegel -page en accès payant Elle prétend aujourd'hui avoir vu tous les détails des manoeuvres de la moto autour de la Mercedes de la victime, et des tirs répétés même là ou l'on a jamais retrouvé de douilles -aucun autre témoin n'a vu la moto faire les cercles qu'elle dépeint. Elle décrit une silhouette de femme à la place du tireur, qui avait cependant des cuisses « comme les hommes ». Michael Buback la félicite après sa déposition, vous avez été « superbe ».
Un autre témoin qui avait 11 ans à l'époque du crime, est là entre autres parce qu'il veut retrouver les personnes qui étaient sur place, afin de s'assurer qu'il n'a pas « imaginé » ce qu'il rapporte. Il prétend que le tireur était assis à rebours, dos à dos avec le conducteur de la moto. Une affirmation absurde rétorque la procureur Silke Ritzert qui souligne que « le tribunal est là pour faire le procès de Verena Becker et pas pour résoudre les problèmes psychiques du témoin ». Elle s'insurge de ce que l'on ait aucun respect de la vérité et interpelle Buback -qui se lève en l'apostrophant « vous voulez dire que je suis un menteur... ».
« Elle ne peut accepter les insinuations selon lesquelles le procureur fédéral aurait falsifié des preuves ».
Or Buback est persuadé lui que sombres machinations se seraient déroulés en coulisse sur le dos des familles des victimes. Le parquet aurait décidé que Becker était intouchable. Buback cherche dans le procès sa propre vérité et provoque ainsi un tragique conflit.
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