Erdogan relance le débat sur l'intégration en Allemagne | Bad Würtemberg, l'école temps fort de la campagne électorale |


La visite de Tayeb Erdogan pour inaugurer le Cebit de Hanovre en compagnie d'Angela Merkel, vise d'abord à soigner l'image de son pays. Les débats sur l'immigration en Allemagne masquent pour l'essentiel son ascension économique et technologique ces dernières années remarque le Süddeutsche Zeitung. Pourtant, la moitié des foyers ont aujourd'hui accès à Internet, contre un foyer sur dix seulement il y a cinq ans. Facebook compte 23 millions d'utilisateurs.
Mais il a saisi l'occasion pour s'adresser à la communauté turque, plus de dix milles personnes l'accueillant dimanche soir à la salle omnisport de Düsseldorf. Dans une ambiance de match de foot, selon Spiegel on line.
« On vous appelle travailleurs immigrés, étrangers ou Turcs-allemands, mais peu m'importe vous êtes mes compatriotes, mes frères et soeurs. Vous appartenez à l'Allemagne mais aussi à la grande Turquie », leur dira Erdogan. Ses paroles déclencheront les ovations. La salle scandant en réponse à l'orateur, « nous sommes fiers de toi ».
Erdogan est aussi en campagne électorale en vue des élections de cet été en Turquie, il est là pour conquérir des voix. Il demande à ses compatriotes de s'intégrer mais de refuser toute assimilation. Personne n'a le droit de nous retirer notre culture, notre identité . « Erdogan sait que ces mots sont une provocation à l'égard de l'Allemagne, ou aucun responsable politique ne demande aux Turcs de renier leurs racines ».
« Son discours pose de telles bornes à l'intégration qu'il ne renforce en rien le sentiment d'appartenance à l'Allemagne. Erdogan fait appel au sentiment national turc de ceux qui devraient se sentir chez eux en Allemagne, après quatre générations. »
« L'islamophobie est un crime contre les droits de l'Homme, équivalent au racisme à l'antisémitisme » a souligné également Erdogan, note le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le premier ministre turc a mis en relief l'apport de ses compatriotes au développement économique de l'Allemagne au cours du dernier demi siècle. Il leur a annoncé qu'ils pourront dorénavant voter d'Allemagne -dans les consulats- pour les élections dans leur pays d'origine. Auparavant ils devaient prendre l'avion pour aller faire leur devoir électoral. La Turquie va par ailleurs créer une "carte bleue", équivalente à une carte d'identité, qui sera délivrée aux Turcs qui ont adopté la nationalité allemande et ont dû rendre leur passeport d'origine comme l'exige la loi allemande. Une manière de contourner l'interdiction de la "double nationalité", de rigueur en République fédérale.
« Ibrahim et Sezai sont venus de Duisburg assister au rassemblement de Düsseldorf. Ils ont tous les deux 40 ans et sont en Allemagne depuis 31 et 20 ans, respectivement, raconte die Welt. Ils ont le drapeau turc autour des épaules et se réjouissent de l'ambiance. « C'est mieux que le Carnaval. » Tous les deux parlent couramment allemands et ont de bons jobs.
Ibrahim a acquis le passeport allemand et le regrette. « Ça ne sert à rien ». Son collègue Sezai pourrait également obtenir la nationalité allemande mais ne le souhaite pas. « Il faudrait que je paie 300 Euro par tête. Avec ma femme et mes deux enfants, cela ferait 1200 Euros ».
Erdogan s'adressant à ses compatriotes, son discours n'est pas traduit en Allemand.
« Pourquoi n'y-a-t-il pas de traduction », demande le journaliste de die Welt à un collègue turc -qui parle allemand. « L'intégration n'est pas une voie à sens unique, lui répond celui-ci ». « Cela signifie-t-il que je dois apprendre le turc ? » « Vous m'avez compris ! » Une question qui ne se pose pas pour Atila, 28 ans, né à Duisbourg. Son père était mineur, sa mère femme de ménage. Ils voulaient que les enfants « apprennent ». Lui et ses deux frères ont eu le bac, puis ont poursuivi leurs études à l'université.
Pourtant, l'Allemagne rencontre toujours d'énormes difficultés dans l'intégration des immigrés en comparaison avec les autres pays. Avant tout dans le domaine de la formation, de l'éducation et du séjour de longue durée des immigrants, souligne le Berliner Morgenpost (édition papier), citant une étude internationale qui sera présentée aujourd'hui à Bruxelles, la République fédérale est à peine au dessus de la moyenne de l'Union européenne. La République fédérale recueille 43 points sur 100. La France et la Pologne font encore plus mal, avec 29/100. Les enseignants devraient particulièrement se soucier des besoins des enfants originaires de l'immigration, et de leur accès aux études supérieures, souligne l'étude.

* La question scolaire pourrait jour un rôle décisif lors des élections du Land de Bad Würtemberg (Stuttgart), le 27 mars, note le Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition papier). Le SPD et les Verts, proposent la prolongation de la scolarité commune des élèves jusqu'à la dixième classe -équivalent de la troisième en France. Ils militent pour la création de collèges généraux (« Gemeinschaftschule », « Basisschule »). Ces établissements rassemblent tous les élèves. Ceux qui sont sélectionnés d'ordinaire dés la cinquième classe pour rejoindre le Gymnasium -lycée- qui prépare l'Abitur, le bac, et ceux qui seront dirigés vers les collèges professionnels, l'enseignement technique, leurs résultats étant jugés insuffisants pour leur ouvrir la porte du Lycée.
La question scolaire pourrait redonner du souffle au SPD et aux Verts dont les chances ne sont pas négligeables le 27 mars, face à la démocratie chrétienne, alors que la mobilisation contre le projet de gare futuriste du 21ème siècle à Stuttgart, puissante cet automne et favorable au Verts, a perdu de sa force. S'ils prenaient la tête du Land avec l'appui éventuel de « la Gauche » -die Linke, le SPD et les Verts pourraient s'entendre rapidement pour mettre en oeuvre une réforme scolaire que rejette la CDU.
« Il n'existe aucune preuve que le prolongement de la scolarité commune facilite la réussite scolaire, quelle que soit l'origine sociale des parents, rétorque la ministre de l'enseignement démocrate chrétienne du bad Würtemberg, Marion Schick, qui défend le système classique des trois établissements de niveau différents : lycée (Gymnasium), collège d'enseignement général (Realschule) et collège technique (Hauptschule).
Une affirmation que conteste avec virulence Sylvia Löhrman (Verts), ministre de l'enseignement de Rhénanie du nord-westphalie, qui souligne les effets de dé-motivation qu'entraîne leur rejets, pour les élèves victimes de la sélection précoce.
Le SPD et les Verts du Bad Würtemberg veulent laisser en dernier ressort aux communes le choix de la constitution ou non de collèges généraux, comme c'est la cas en Rhénanie du nord. La résistance contre le système traditionnel défendu par la CDU est latente en Bad-Würtemberg. En 2007 les proviseurs avaient mis en cause la politique scolaire du Land, réclamant la constitution de « collège généraux » en raison de la réduction du nombre des élèves dans les Hauptschule. Le gouvernement du Bad-Würtemberg a répondu à ces revendications en améliorant la qualité des établissements, sans remettre en cause leur séparation en trois niveaux différents.

Lire sur mon Berlin Blog, "les jeunes cerveaux turcs retournent au pays".


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