"Le pape déçoit les protestants"
samedi 24 septembre 2011 à 13:15 - permalien #989
Benoît XVI a rendu hommage au moine Luther et à sa foi profonde, note le Tagesspiegel. Puis il a infligé une claque aux protestants lors de la cérémonie en soulignant dans une intervention cassante qu'il n'y aurait pas de cadeau oecuménique de sa part » et qu'une telle attente repose sur une « mé-compréhension politique ».
Nikolaus Schneider, président de l'église protestante et Katrin Göring-Eckhardt, présidente du synode avait auparavant exprimé en termes « « prudents et amicaux leur attente et leur nostalgie d'un progrès dans le rapprochement des deux églises, évoquant un « « oecumène des dons » dans lequel les charismes des deux églises se compléteraient. Nikolaus Schneider avait plaidé pour que Luther soit considéré comme « une charnière » entre les deux religions et Göring-Eckardt salué le « cher frère pape Benoît ».
Aucun ne dira officiellement avoir été heurté par la réplique du pape. Mais l'évêque protestant de Berlin, Markus Drögue, soulignera par contre son « irritation », ajoutant que le pape n'a ouvert « aucune perspective d'avenir ». « Les protestants se sont séparés des catholiques pour de bonnes raisons il y a 500 ans, conclu le quotidien berlinois. « Donner l'impression qu'ils le regrettent et en souffrent aujourd'hui est faire preuve de peu de confiance en soi. Plus le protestantisme allemand rayonnera de lui même à l'avenir et plus il pourra attendre de respect du Vatican. » « Belles paroles et mains vides » commente le Tageszeitung berlinois, proche des Verts. Qui résume « la rencontre du pape avec les représentants de l'église protestante est historique, mais les résultats ne le seront pas. Les deux églises veulent se rapprocher mais ceux qui freinent se trouvent au Vatican. » « Le pape déçoit l'espérance d'un plus d'oecuménisme », titre le Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition papier). Au sortir de la cérémonie commune d'Erfurt, Volker Jung, président de l'église protestante de Hesse-Nassau, parle ouvertement de déception partagée par d'autres responsables religieux de l'EKD (fédération des églises protestantes allemande). Et encore n'ont-ils pas entendu ce qui vient de se passer à la conférence de presse. Le Cardinal Koch interroge Nikolaus Schneider abruptement sur ce que « pense l'église protestante des 1500 ans d'histoire de l'église dont elle s'est séparée ». Schneider est un homme raisonnable, mais on voit sur son visage qu'il reste un instant le souffle coupé. « Ce n'est pas notre vision des choses » répondra-t-il finalement. Ce sont ces gestes qui blessent les protestants.
Les images de Berlin et d'Erfurt, si anachronique qu'elles puissent sembler à certains sont cependant « la seule antidote contre le déchirement de la mémoire culturelle d'un continent entier, commente le quotidien de Francfort. Et contre l'amnésie en ce qui concerne l'avenir de l'Europe sur le plan spirituel, la foi, la raison et le droit. L'avenir réside seul dans cet héritage. » Quand Benoît XVI parle de l'écologie des hommes, d'une nature qu'il faut préserver et qu'il ne doit pas manipuler, c'est en pleine conscience de ce qu'il n'y a pas de sagesse et de salut en dehors de cela. « Il est d'autant plus tragique par conséquent que l'oécuménisme lui soit pratiquement indifférent. »
« Si proche et en même temps si loin » titre le Süddeutsche Zeitung (édition papier). « Benoît rencontre les protestants et s'obstine en même temps sur la prétention à la vérité de l'église catholique ». Le pape a dressé les Juifs et les Musulmans contre lui au cours des années passés, et tente maintenant d'arrondir les angles, résume par ailleurs le quotidien münichois.
Aucun des espoirs de pas concrets dans les relations éocuméniques entre les catholiques et les protestants n'a été rempli lors de cette visite du pape, réputée historique, dans la ville de la réforme, souligne die Welt. Benoît XVI n'a évoqué aucune avancée pastorale dans le domaine de l'eucharistie commune. Une déception visible déjà lors de la rencontre de la matinée des deux délégations des églises autour du pape et de Nikolaus Schneider. Et comme si l'opinion publique ne devait pas seulement lire cette absence de résultat sur les mines pétrifiées de participants protestants, Benoît a précisé dans sa prédication qu'il n'avait pas de cadeau oecuménique à offrir.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
:: Fil rss des commentaires de ce billet ::
Ajouter un commentaire