euro: Schäuble, Merkel et "la politique en zig-zag" de l'Allemagne


Les quotidiens se penchent à nouveau sur la politique européenne de la chancelière et de son ministre des finances, à la lumière de l'échec des négociations à Bruxelles et des critiques de l'opposition lors du débat budgétaire au Bundestag mercredi. "Si l'on continue ainsi cela conduira à la ruine d'Athènes, note le Süddeutsche Zeitung (édition papier)". Selon le quotidien de Münich les négociations des ministres européens concernant l'aide à la Grèce mardi à Bruxelles ont échoué pour deux raisons. Les pays de la zone euro et le FMI n'ont pas pu s'entendre tout d'abord sur l'échéance à accorder à Athènes, 2020 ou 2022. Schäuble et Lagarde se sont confrontés ensuite sur les moyens de financer la Grèce.
Lagarde a plaidé pour une réduction de la dette et au moins pour la réduction de ses intérêts à zéro ou presque. Schäuble ne voulait pas entendre parler de cette réduction des intérêts et plaidait au contraire pour un prêt de 10 milliards à Athènes, destiné au rachat de ses obligations par la Grèce. Elles ont perdu actuellement de 30 à 40 % de leur valeur sur le marché -une idée de Jörg Asmüssen, représentant de l'Allemagne à la direction de la BCE.
Mais nombre d'experts financiers estiment qu'un tel programme ne marchera pas. Et même la Finlande et les Pays-bas s'y opposent. Berlin avait posé le cadre des négociations en trois points : Athènes reste dans l'euro, remplit ses obligations, certaines mesures de sauvegardes sont exclues. Mais ces conditions ne tiennent pas compte de la réalité, hors réduction de la dette et de ses intérêts, il est impossible de sauver la Grèce. Même Schäuble a reconnu pourtant que celle-ci a rempli ses obligations.
"Berlin veut prêter encore plus d'argent à la Grèce" résume le Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour financer le rachat par Athènes de ses propres obligations. Steinbrück, le candidat chancelier du SPD a revendiqué lui au Bundestag de repousser le vote du budget, tant que la question de l'euro n'est pas résolue. L « heure de vérité » qu'il annonce a déjà sonné depuis longtemps en fait. Athènes ne restera pas membre de la zone euro sans aide financière massive. Athènes est encore loin de l'objectif d'une dette ne dépassant pas les 120 % du PIB et ce chiffre magique ne doit pas tromper, il est encore le double des 60 % recommandé par le traité de Maastricht pour la bonne santé de l'euro.
« L'annulation d'une part de la dette grecque sera inévitable. Mais les pays de l'euro-zone cherchent toutes les astuces pour éviter ce qui signifierait pour eux l'effacement d'une part de leurs créances sur la Grèce. Le jour viendra tôt ou tard ou le gouvernement Merkel ou son successeur sera confronté à cette réalité. Il ne suffira pas alors de répéter que le choix de ne pas laisser tomber la Grèce est politique. Si la majorité des européens n'en sont pas convaincus, il n'y aura pas de majorité afin de poursuivre cette politique. »
Il est trop facile de qualifier d'échec la lutte de la chancelière contre la crise de l'euro et de l'accuser de ne pas dire la vérité à ses concitoyens comme l'on fait Steinbrück et Trittin au Bundestag hier, commente le Süddeutsche Zeitung (édition papier). Ils n'ont présenté d'ailleurs aucune alternative et le SPD et les verts ont approuvé toutes les résolutions de la coalition concernant l'euro au parlement. » L'idée force de Merkel, d'échanger la solidarité contre la stabilité économique semble toujours le moindre mal, quels que soient ses conséquences. La sortie de la Grèce de l'euro serait beaucoup plus risquée, la collectivisation des dettes des états européens aussi. »
Steinbrück et Trittin ont cependant raison sur un point. « Merkel se retrouve une fois de plus contrainte d'abandonner une de ses exigences devenu intenable. La Grèce ne s'en sortira pas seulement avec des prêts, et aura besoin a fortiori d'une réduction de sa dette.
« Merkel renverrait bien ce constat à l'après élection de 2013, mais en fait ces corrections de sa propre politique sèment plus de contrariété dans les rangs de sa coalition que chez les électeurs. Ceux-ci conservent l'impression que sans elle tout serait encore pire. Sa cote de popularité ne s'explique pas autrement. »
« Les zigzag de Merkel en ce qui concerne l'euro sont d'ailleurs moins le fait de sa navigation à vue que d'une réalité changeant et d'erreur d'analyses parfois, il est vrai. » Merkel doit tenir compte de l'attente de ses électeurs, des marchés financiers, des Grecs, des Espagnols et des Italiens, et des grands pays membres du FMI en Asie et en Amérique du sud qui furent eux même contraints d'entreprendre de dures réformes.
Si l'on peut faire à la chancelière un reproche tout de même après sept ans de pouvoir, c'est celui de ne toujours pas avoir compris que la politique est plus que du management.
« Personne ne conteste que les salaires et retraites étaient trop élevés en Grèce, mais pourquoi Merkel n'a-t-elle pas fait pression également pour une hausse des impôts pour les riches ? Ou bien sur le contrôle des flux de capitaux, afin que les millionnaires ne déplacent pas leurs fonds au delà des frontières. Elle est contre une réduction de la dette, qui sera pourtant inévitable selon les experts.
Mais pourquoi ne pas en faire une incitation aux réformes à échéance de 2015 par exemple. Cela aiderait aussi son collègue Samaras. » De ce point de vue Merkel a raté l'occasion mercredi de dire la vérité aux gens, les Allemands comme les Grecs.


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